5 mars 1886 : l’anarchiste Charles Gallo jette une bombe dans la Bourse de Paris
Abandonné par sa mère à sa naissance à Palais, dans le Morbihan, Charles Gallo, devenu clerc d’huissier à force de persévérance, a cru que la fausse monnaie le ferait échapper à sa condition. Condamné à cinq ans de réclusion, il est sorti de prison plus déterminé que jamais. En jetant une bouteille d’acide du haut des galeries surplombant la corbeille à la Bourse de Paris, il espérait tuer, dira-t-il aux assises, le plus de gens possible. Alertés par l’odeur, pris de panique, les coulissiers et les employés de banque s’étaient dispersés sans être atteints par les coups de feu tirés par Gallo.
Au cours des interrogatoires, il confesse avoir voulu non pas épouvanter les députés, mais tuer le plus grand nombre possible de ces « très peu respectables agioteurs » qui se trouvaient dans le bâtiment. Il avoue également penser à faire sauter la chambre de commerce de Nancy, avant d’y renoncer, jugeant le danger encouru disproportionné en regard des effets possibles. Il avait aussi abandonné l’idée de déposer une bombe lors du congrès de Versailles en 1884 afin de frapper les députés et les sénateurs réunis pour voter une révision partielle de la Constitution.
À l’issue d’un procès qui le condamne à vingt ans de travaux forcés, il proclame, une fois sorti de la cour d’assises : « Vive la révolution sociale ! Vive l’anarchie ! [...] Vive la dynamite ! » Déporté en Nouvelle-Calédonie, condamné à mort après s’être révolté contre un garde-chiourme (peine commuée), il n’était plus en 1902, selon le dernier témoignage conservé, qu’un « cadavre vivant ».