Et le cœur fume encore
Au théâtre de Grasse
Que la France ait un problème avec la mémoire de la Guerre d’Algérie ne fait pas débat. Cette guerre si longtemps refoulée explique en partie les fractures sociales et politiques de la France d’aujourd’hui. Avec ses sept comédiens, la jeune metteuse en scène Margaux Eskenazi signe un spectacle absolument remarquable sur le sujet, bâti sur des témoignages recueillis par chacun auprès de sa famille et de ses proches. Sur scène, s’entremêlent récits de militants du FLN et de leurs descendants, paroles d’enfants de Harkis, de petits-enfants de Pieds-noirs, de Juifs algériens, d’appelés du contingent et de militaires de métier, dont certains ont rejoint l’O.A.S. Passant sans cesse de l’intime au politique, du témoignage au jeu, du réel à la fiction, ils font entendre les paroles de ceux qui se sont tus si longtemps. En résulte un spectacle salutaire, intelligent et joyeux, qui réveille l’espoir d’un avenir enfin réconcilié avec le passé.
