Le bal des Folles

Le bal des Folles

Entre voyeurisme et thérapie

Élevée en 1656, sur les terrains autrefois occupés par le Petit Arsenal, où l'on fabriquait la poudre pour les munitions et avant de devenir l'hôpital que l’on connaît aujourd'hui, la Pitié Salpêtrière a été une prison, puis un asile réservé aux femmes accusées "d'hystérie". La plupart y étaient internées contre leur gré par leurs proches.

Le service de neurologie était alors supervisé par le professeur Charcot à partir des années 1866. Afin de guérir la folie supposée de ces femmes, plusieurs traitements étaient testés sur elles : séances d'hypnose, puissantes douches froides, coups d'électricité…

La Salpêtrière, du temps du Dr Charcot, auréolé d'un prestige qui vaut autant à la teneur encore mystérieuse de ses travaux qu'à la prestance de l'homme, toute en élégance et en autorité, est un monde à part, où des femmes entrent sous la contrainte, parfois ressortent, souvent jamais ; enfermées, exposées lors des séances publiques, mises à l'écart d'une société qui ne saurait les voir. Soignées peut-être. Déniées à coup sûr de leurs droits, privées de leur avenir et en même temps, pour certaines, protégées d'une vie trop violente.

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d'un côté les idiotes et les épileptiques ; de l'autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l'une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Ce sera là que les bourgeois courent, comme s’ils se rendaient au cirque, se faire peur devant les crises d’épilepsie de certaines patientes… Crises provoquées par Charcot lui-même… devant un public béat par ses miracles.

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