16 juillet 1054, le grand schisme d’Orient.
La séparation des Églises d'Orient et d'Occident, également appelée grand schisme d'Orient par les catholiques, schisme de Rome par les orthodoxes, et schisme de 1054 par les historiens, est l’éloignement progressif puis la rupture entre les Églises qui s’étaient, sous l'impulsion du Basileus Justinien (527-565), constituées en « Pentarchie » dans l’Empire romain d'Orient et ses États successeurs.
Les grandes querelles christologiques avaient déjà commencé à éloigner l'Église de Rome et les Églises d’Orient bien avant la rupture. Des facteurs politiques, comme l’invasion normande des possessions byzantines d’Italie, ou socioculturels, comme l’aspiration de la Papauté à dominer la scène politique, jouèrent au cours des siècles suivants un rôle au moins aussi important que les querelles théologiques, comme celle du Filioque.
Une première rupture survient le 16 juillet 1054 entre le patriarcat d'Occident (Papauté) et le patriarcat de Constantinople, lorsque le cardinal Humbert de Moyenmoutier déposa sur le maître-autel de Sainte-Sophie une bulle excommuniant le patriarche Michel Ier Cérulaire et ses proches collaborateurs, excommunication qui fut suivie de celle du cardinal et de ses assistants par le patriarche.
L’incident de juillet 1054 tombe presque aussitôt dans l’oubli. C’est essentiellement le détournement en 1204 de la quatrième croisade, le sac de Constantinople par les croisés et la constitution de patriarcats latins sur le territoire des patriarcats grecs qui consomment la rupture, forçant bon nombre d’évêques orthodoxes à l’exil et soumettant durablement des populations orthodoxes au pouvoir des seigneurs francs et de l’Église catholique romaine, dite latine. Ces événements déconsidèrent l’Église catholique romaine aux yeux des populations orthodoxes, mais aussi les Églises orthodoxes aux yeux des populations catholiques, dont les lettrés écrivirent par la suite l’histoire de manière à rejeter sur l’Orient seul la responsabilité du schisme.
Lorsque les apôtres répandirent le message du Christ, ils le firent avec la sensibilité propre à chacun d’eux, laquelle se refléta dans la doctrine des Églises qu’ils fondèrent. Des divisions se firent bientôt jour tant à l’intérieur des Églises qu’entre les apôtres eux-mêmes
À ces différences personnelles s’ajoutèrent rapidement celles propres au milieu qui recevait ce message. Les provinces orientales de l’Empire romain avaient le grec comme langue d’usage et avaient conservé la culture hellénistique, plus individualiste et portée vers la philosophie que la culture romaine des provinces occidentales, plus autoritaire et juridique. L’éducation y étant plus répandue qu’en Occident, laïcs autant qu’ecclésiastiques prenaient grand plaisir à la spéculation théologique. Lorsque les opinions devenaient trop partagées sur un point particulier, on faisait appel à une assemblée générale à laquelle tous les membres de l’Église étaient appelés à participer pour dégager ce qui serait considéré comme article de foi.
En cas d’échec, on parlait de « schisme » pour décrire la rupture entre diverses factions au sein d’une Église et d’« hérésie » pour décrire une doctrine considérée comme fausse.
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