Le marquis d’Humières, pose la première pierre de la Citadelle de Lille
juin 17, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
17 juin 1668, Le marquis d'Humières, pose la première pierre de la Citadelle de Lille
La citadelle de Lille est un ouvrage militaire bâti au XVIIe siècle pour la défense de Lille et dans le cadre du pré carré. Baptisée par Vauban lui-même la « reine des citadelles », l'ouvrage militaire est remarquable par ses dimensions, la qualité de son architecture et son état de conservation actuel.
La citadelle a été classée monument historique en totalité par arrêté du 5 septembre 2012 après que différentes composantes ont été classées en 1914, 1921 et 1934.
Cette « reine des citadelles » est la matrice de la plupart des citadelles conçues par Vauban. Établie sur la frontière de la Flandre, elle faisait partie d'une double ligne de places fortes entre Gravelines, Dunkerque et Maubeuge-Rocroi. Elle délimitait le fameux Pré carré, conçu par Vauban, comportant 28 villes fortifiées. Depuis Lille, Vauban a supervisé l'édification des nombreuses citadelles et canaux du Nord, lesquels ont structuré la frontière qui sépare toujours la France de la Belgique.
Lille est prise aux Espagnols par les troupes françaises au mois d’août 1667 et Louis XIV ordonne aussitôt la construction d'une forteresse. Le chevalier de Clerville et Vauban proposent des plans. Ceux de Vauban sont retenus par le roi en octobre 1667 et les travaux de terrassement commencent dès décembre 1667. Le marquis d'Humières, gouverneur de Flandre, pose la première pierre le 17 juin 1668. Vauban fait appel au maître-maçon lillois Simon Vollant, ingénieur et architecte des armées du roi, qui dirige les travaux et a notamment l'idée de créer un canal partant de la Haute-Deûle aux environs d'Esquermes et menant sur place les pierres des carrières proches du faubourg des Malades, ce qui permet de baisser le prix du transport de la pierre. En 1671, la citadelle est opérationnelle tandis que Vauban continue de façonner la ville en faisant naître, à proximité, un nouveau quartier autour de la rue Royale. La conception de la citadelle part d'une idée simple mais efficace : pas un de ses murs ne peut être approché par l'ennemi sans que celui-ci ne se trouve sous le feu d'un mur voisin. Elle est achevée en 1673 et a nécessité jusqu’à deux mille hommes qui travailleront à la mise en œuvre des 60 millions de briques, 3,3 millions de parpaings et 60 000 pieds de grès.
Le lieu de construction de la citadelle est choisi à l'ouest de la ville sur des terrains marécageux au confluent des rivières de la Deûle et du Bucquet. Ce choix privilégie l'utilisation des marais, de l'eau et de la boue comme moyen défensif naturel afin de rendre les conditions de siège les plus difficiles possibles pour l'ennemi qui ne peut l'assiéger que par la ville, l'obligeant à prendre la ville d'abord. Grâce à un système d'écluses fortifiées et de portes d'eau commandées à partir de Douai, les alentours de la citadelle pouvaient être inondés en 48 heures sur une hauteur de 55 cm et sur une superficie de 1 700 hectares. Une large esplanade interdite à la construction lie la citadelle aux autres quartiers de la ville, mettant l'assiégeant à découvert.
Au centre de la citadelle, les bâtiments s'organisent autour de la place d'armes de forme pentagonale, destinée au rassemblement et aux exercices.
L'ensemble des bâtiments présente un mélange entre le « style lillois » (influencé par l'héritage des Pays-Bas espagnols) et le goût classique français ; façade intérieure de la porte Royale, pavillons pour le gouverneur et les officiers, église, ateliers, moulins (alimentés grâce à un aqueduc), boulangeries, hôtelleries, et casemates contre les projectiles. La chapelle, au fronton à volutes baroques, couverte d'une voûte de bois, est le premier édifice de style jésuite construit dans les Flandres.
Vauban innove en décidant que la garnison ne loge plus chez l'habitant. Autour de la place d'armes, il aménage des casernes qui forment un double rang destiné au logement des troupes, douze bâtiments de style lillois. Chaque édifice se termine par un pavillon carré qui était réservé au logement des officiers, les combles servant à abriter les domestiques.
L’arsenal, bâtiment en triple corps de logis dans lequel s'ouvre une porte encadrée de deux colonnes toscanes, est séparé de la cour centrale par un mur de briques. Les murs sont décorés de motifs royaux et du lion des Flandres.
C’est alors une véritable petite ville flamande du XVIIe siècle ; la population à l'abri des remparts représentait trois milliers de soldats plus les serviteurs, le gouverneur et des ouvriers
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