13 décembre 1758, naufrage du duke william
décembre 13, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
13 décembre 1758, naufrage du duke william
Et du violet qui emmenaient les acadiens en exil
Nous savons qu’il y a eu trois transports, emmenant les Acadiens en exil en France, qui périrent. L’un d’eux était le Duke William qui convoyait 300 Acadiens, l’autre le Violet, avec 400 Acadiens.
Après la chute de Louisbourg en juillet 1758. Un certain nombre de transports allait emmener en exil les Acadiens de « L’Île Royale », aujourd’hui Cap Breton, pendant que d’autres allaient emmener ceux de « L’Île St Jean », l’actuelle Île du Prince Edouard, le Duke Wiiliam et le Violet étant deux de ces vaisseaux. Le Capitaine Nichols, qui commandait le Duke William, objecta devant les autorités qu’il était impossible pour son vaisseau, étant donné sa condition, « d’arriver sain et sauf dans la Vieille France en cette saison de l’année. » Néanmoins, il fut contraint de recevoir les Acadiens à bord et de procéder au transport.
Ils quittèrent l’île en novembre. Dû à un vent contraire, la flotte dut rester dans le Détroit de Canso jusqu’au 25 novembre, jusqu’à ce que, grâce à un fort coup de vent du Nord-ouest, ils purent enfin naviguer. Ils n’étaient en mer que depuis trois jours, lorsqu’une tempête se mit à souffler en pleine nuit, avec du grésil et de la pluie, la mer se gonflant « à hauteur de montagne. » La tempête dura quelques jours. C’est alors que la flotte fut dispersée.
Après avoir été séparés pendant quelques semaines, le Duke William et le Violet furent réunis le 10 décembre. Le Capitaine Sugget, du Violet dit au Capitaine Nichols que son vaisseau était dans un terrible état, qu’il avait pris une grande quantité d’eau, que les pompes étaient encrassées et qu’il avait bien peur qu’il coulerait avant le matin. Il y eut alors un gros coup de vent qui continua d’enfler. Le Duke William prépara ses pompes en cas de besoin.
À 4 heures le matin suivant, le Duke William reçut une terrible bourrasque de la mer en furie. De fil en aiguille, le vaisseau commença à prendre l’eau. Quand on s’aperçut que l’eau s’infiltrait très rapidement, le capitaine réveilla tous les Acadiens, les informa du danger et les mirent au travail avec les pompes. Au petit matin, ils remarquèrent que le Violet, qui n’était pas loin, était dans une si misérable condition qu’il devenait évident qu’il ne pourrait survivre. « Vint alors une violente bourrasque d’une dizaine de minutes, lorsque le temps s’éclaircit, ils s’aperçurent à leur grande et profonde consternation, que le pauvre malheureux Violet, avec près de 400 âmes à bord, avait sombré par le fond. »
Quant au Duke William, tout le monde travaillait frénétiquement à le sauver.
Toutes les écoutilles furent ouvertes, et comme l’eau s’infiltrait rapidement dans la cale, ils emplirent des tonneaux pour les hisser par-dessus bord pendant que les pompes étaient continuellement au travail. Toutes les méthodes qui semblaient utiles furent tentées. Indifférent à leurs efforts, le bateau continua à s’emplir d’eau, présageant le naufrage à tout moment.
À environ 6 heures au matin du quatrième jour, Ils réalisèrent finalement que plus rien ne pouvait être fait pour sauver le bateau. À bord en compagnie des Acadiens, il y avait le Père Girard, leur pasteur. Le capitaine lui demanda d’informer ses ouailles du misérable destin qui les attendait. Il les harangua pendant une bonne demi-heure, leur disant de se préparer à rencontrer leur Juge Éternel, et leur donna finalement l’absolution générale.
À deux reprises ils virent des bateaux au loin, bien qu’ils étaient assez près pour remarquer le Duke William. Le Capitaine Nichols hissa dans un premier temps l’enseigne Anglaise et par la suite l’enseigne Hollandaise. On fit aussi tirer du canon en continu. Mais à deux reprises ces bateaux, qui auraient pu les sauver, se contentèrent de passer leur chemin ; comme on était à l’époque de la Guerre de Sept Ans, ces bateaux n’osaient probablement pas approcher le Duke William, qui était un vaisseau plutôt imposant.
Deux bateaux de sauvetage furent mis à l’eau, dans lesquels embarquèrent le capitaine et son équipage, laissant les pauvres Acadiens à leur destinée sans merci. « Voyant le prêtre étendre ses bras par-dessus les bastingages en grande émotion, avec toutes les appréhensions de la mort imminente pointant à travers sa contenance, le capitaine lui demanda s’il désirait tenter sa chance avec lui. Il a répondu, « oui. » Après avoir donné une dernière bénédiction à ses paroissiens sur le point de mourir, « il releva ses robes sacerdotales et embarqua sur le bateau. » On ne demande à personne d’être un héros. Néanmoins, le Père Girard fut blâmé pour avoir refusé de partager le destin de son peuple. Le Capitaine Pile, commentant cette tragédie, dit : L’argument avancé par le prêtre pour quitter les Français était qu’il espérait sauver les âmes d’autres hérétiques, en parlant des Anglais, et les emmener vers Dieu avec lui. »
Les deux bateaux de sauvetage, avec 27 personnes dans un et 9 personnes dans l’autre incluant le Capitaine Nichols et le Père Girard, après une suite d’angoisse et de désarrois, finirent par atteindre la côte sud-ouest de l’Angleterre, près de Falmouth.
Source : Musée des Acadiens des Pubnicos
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