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Publication clandestine du Silence de la mer

février 13, 2020 | by Jean-Claude JUNIN

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20 février 1942, Publication clandestine du Silence de la mer aux Éditions de Minuit


Le récit, une nouvelle destinée à l’origine à une publication dans la revue communiste La Pensée Libre (revue fondée par des intellectuels résistants communistes, dont Jacques Decour et Georges Politzer), est signé Vercors. Vercors, du nom du maquisard Jean Bruller (1902-1991), graveur et dessinateur.


Le Silence de la mer, imprimé clandestinement à 350 exemplaires dans un atelier du boulevard de l’Hôpital, à Paris, est la première publication des Éditions de Minuit, cofondées par Jean Bruller et Pierre de Lescure en octobre 1941. L’ouvrage, dont l’idée est venue à Vercors après la lecture de Jardins et routes de l’officier et écrivain allemand Ernst Jünger, est dédié à la mémoire de Saint-Pol Roux, « poète assassiné » le 18 octobre 1940.


Le livre parvient à Londres et le général De Gaulle en ordonne une réédition sur le champ aux fins de large diffusion. C'est une de celles-ci qui passera dans les mains du cinéaste Jean-Pierre Melville qui l'adaptera quelques années plus tard pour le cinéma.


Le livre est notamment publié à Londres, en version intégrale ainsi qu’en feuilleton dans le journal des Français en exil, La Marseillaise. Le récit est également publié en Algérie, au Sénégal, en Australie, en Suisse, à Québec, à Beyrouth… et même à New York sous le titre Les Silences, le traducteur « ne pouvant consulter l’original ni l’auteur ». Bruller le découvre même dans son jardin sous forme de « minuscule brochure en papier bible » parachuté par la R.A.F.


La vaste diffusion clandestine-officielle du livre lui assure un succès immédiat. Un livre est rarement l'objet d'un culte tel que l'a été le Silence de la mer, pour des raisons plus patriotiques et conjoncturelles que littéraires.

Cependant, nombre de lecteurs remarquèrent un décalage entre le récit et les réalités de la situation française : pour ceux qui ne supportaient pas le joug allemand, le temps du silence était passé, l'heure de la lutte avait sonné.


C’est ainsi qu’Arthur Koestler, dans la Tribune de Londres en novembre 1943, désapprouve le personnage de l’officier allemand, car comment un homme aurait-il pu s’aveugler aussi longtemps sur les intentions de son pays ? Mais si le personnage est véritable, pourquoi opposer un silence farouche à un antinazi ? En Algérie, les communistes soupçonnent l’auteur d’être un collaborateur à cause de la mise en scène de cet Allemand trop sympathique. De même, l’écrivain soviétique Ilya Ehrenbourg, admiré par Vercors, croit qu'il s'agissait sûrement d'une « œuvre de provocation écrite certainement par un nazi pour servir l'action d'intoxication menée par la Gestapo ». Les Français résistants à Londres, eux, croyaient qu'il avait été écrit par André Gide.

          …« Je vous souhaite une bonne nuit. »…

 

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