19 novembre 1703 : La légende du Masque de fer
novembre 19, 2019 | by Jean-Claude JUNIN
Quelques mois après la mort du cardinal de Mazarin, on envoya dans le plus grand secret, au château de l’île Sainte-Marguerite, dans la mer de Provence, un prisonnier inconnu, d’une taille au-dessus de l’ordinaire, jeune et de la figure la plus belle et la plus noble. Ce prisonnier, dans la route, portait un masque, dont la mentonnière avait des ressorts d’acier, qui lui laissaient la liberté de manger avec le masque sur son visage. On avait ordre de le tuer s’il se découvrait. Il resta dans l’île jusqu’à ce qu’un officier de confiance, nommé Saint-Mars, gouverneur de Pignerol, ayant été fait gouverneur de la Bastille, l’an 1690, l’alla prendre à l’île Sainte-Marguerite, et le conduisit à la Bastille, toujours masqué.
Un vieux médecin de la Bastille, qui avait souvent traité cet homme singulier dans ses maladies, a dit qu’il n’avait jamais vu son visage, quoiqu’il eût souvent examiné sa langue et le reste de son corps. Il était admirablement bien fait, disait ce médecin ; sa peau était un peu brune ; il intéressait par le seul son de sa voix, ne se plaignant jamais de son état, et ne laissant point entrevoir ce qu’il pouvait être.
Cet inconnu mourut en 1703, et fut enterré la nuit, à la paroisse de saint Paul. Ce qui redouble l’étonnement, c’est que lorsque l’on envoya dans l’île Sainte-Marguerite, il ne disparut dans l’Europe aucun homme considérable. Reste à savoir qui était ce prisonnier toujours masqué, auquel on avait donné un nom italien, car on l’appela toujours Marchiali. D’après le Journal de du Jonca, il paraît certain qu’après la mort de ce prisonnier, il y eut ordre de brûler tout ce qui avait été à son usage, comme linge, habits, matelas, couvertures, et qu’on poussa même les précautions jusqu’à défaire les carreaux de sa chambre, dans la crainte qu’il n’eût caché quelque billet ou fait quelque marque qui eût pu aider à faire découvrir qui il était…
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