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22 octobre 1930, première séance publique de...

Écrit par :
Jean-Claude JUNIN

Date de parution :
22 octobre 2023

Lieu :
Un jour dans l'Histoire...

Photo principale de l'article
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22 octobre 1930, première séance publique de...

L'Âge d'or est un film français « anticlérical et antibourgeois » réalisé par Luis Buñuel, avec lequel Salvador Dalí collabora pour l'écriture du scénario, sorti le 28 novembre 1930 après une avant-première le 22 octobre. Pierre Prévert a joué un petit rôle dans ce film

Synopsis

Histoire de la communion totale mais éphémère de deux amants que séparent les conventions familiales et sociales et les interdits sexuels et religieux, le film est une succession d'épisodes allégoriques teintés d'humour noir, commençant par un documentaire sur les scorpions et s'achevant sur une transposition des Cent Vingt Journées de Sodome de Sade. Le scénario est le prétexte à des scènes blasphématoires dénonçant l'ordre bourgeois qui a provoqué la guerre : un aveugle maltraité, un chien écrasé, une vieille dame giflée au lieu d'être servie, un enfant tué par son père à coup de fusil dans l'indifférence générale, un évêque défenestré, un ostensoir déposé sur le trottoir et frôlé par des chevilles féminines qui « font le trottoir », un violon dont on joue à coup de pieds, le Christ sortant vêtu d'une robe immaculée d'une orgie.

L'Âge d'or est censuré dès sa sortie pour la violence du propos antipatriotique, antihumaniste et, surtout, antichrétien. Son ton pessimiste et lyrique en fait « peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste »

22 octobre 1930, première séance publique de...

L'Âge d'or est un film français « anticlérical et antibourgeois » réalisé par Luis Buñuel, avec lequel Salvador Dalí collabora pour l'écriture du scénario, sorti le 28 novembre 1930 après une avant-première le 22 octobre. Pierre Prévert a joué un petit rôle dans ce film

Synopsis

Histoire de la communion totale mais éphémère de deux amants que séparent les conventions familiales et sociales et les interdits sexuels et religieux, le film est une succession d'épisodes allégoriques teintés d'humour noir, commençant par un documentaire sur les scorpions et s'achevant sur une transposition des Cent Vingt Journées de Sodome de Sade. Le scénario est le prétexte à des scènes blasphématoires dénonçant l'ordre bourgeois qui a provoqué la guerre : un aveugle maltraité, un chien écrasé, une vieille dame giflée au lieu d'être servie, un enfant tué par son père à coup de fusil dans l'indifférence générale, un évêque défenestré, un ostensoir déposé sur le trottoir et frôlé par des chevilles féminines qui « font le trottoir », un violon dont on joue à coup de pieds, le Christ sortant vêtu d'une robe immaculée d'une orgie.

L'Âge d'or est censuré dès sa sortie pour la violence du propos antipatriotique, antihumaniste et, surtout, antichrétien. Son ton pessimiste et lyrique en fait « peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste »

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Un scandale...

Le film est une commande de Charles de Noailles, dont la femme Marie-Laure de Noailles, d'ascendance juive, est une des plus importantes fortunes de France. Soutenue par celle-ci qui se veut une amie des surréalistes, il y consacre plus d'un million de francs. La première a lieu à la mi-juillet 1930 dans leur hôtel particulier 11 place des États-Unis devant une trentaine d'invités choisis, intellectuels et amis qui, déroutés, font un accueil poli. La diffusion du film provocateur est en soi un acte artistique qui suscite une curiosité mondaine et que le producteur veut rendre public. La censure est achetée et la première séance publique a lieu le 22 octobre à onze heures trente au Panthéon Rive Gauche. Au buffet qui suit chez les Noailles, André Thirion, passablement agacé par ces aristocrates qui se piquent de révolution, fracasse dans un flot d'injures les verres contre les miroirs du salon sous le regard flegmatique que porte le fils de feu le prince de Poix sur la performance.

Le film est projeté de nouveau le 28 novembre 1930 au Studio 28. Le 3 décembre, quelques dizaines de militants d'extrême droite, de la Ligue des patriotes notamment, investissent le cinéma aux cris de « Mort aux juifs ! » et de « On va voir s'il y a encore des chrétiens en France ! », jettent de l'encre violette sur l'écran, lancent des fumigènes et des boules puantes, chassent les spectateurs à coups de canne. Les tableaux de Salvador Dalí, Max Ernst, Miró et Yves Tanguy, les photographies de Man Ray accrochés dans le hall sont lacérés à coups de couteau. Le Figaro, suivi par quelques journaux de droite comme L'Écho de Paris, ainsi que le conseiller municipal Gaston Le Provost de Launay, qui fait allusion au vicomte de Noailles sans le nommer, protestent également contre ce film et demandent son interdiction.

Le préfet de police Jean Chiappe demande à la Commission de censure d'intervenir pour supprimer certains passages, puis, comme les protestations continuent, prend un arrêté interdisant la projection à Paris et saisit à nouveau la Commission, qui interdit la diffusion du film. Le 12 décembre, le film est saisi. Il ne s'agit que de la copie de projection amputée des coupes imposées. Le négatif original a été caché et conservé par le vicomte de Noailles. Le 26 décembre une nouvelle réunion de la Commission de censure met hors de cause le producteur et recommande de n'incriminer que le propriétaire de la salle, Jean Mauclaire, qui ne sera pas inquiété. Le 2 janvier, les surréalistes diffusent un tract de quatre pages dénonçant la « police d'Hitler ». Une campagne « anti boches », « anti juifs » et « anti protestants » est ourdie contre le vicomte, sans effets sur sa personne. Des centaines d'articles passionnés, favorables ou haineux, paraissent dans la presse de Valparaíso à Moscou en passant par New York.

En 1937, une copie tronquée circule sous le titre Dans les eaux glacées du calcul égoïste. Le film figure en 1949 dans une sélection présentée au public par la Cinémathèque française des Cent chefs-d'œuvre du cinéma. Gaumont n'obtient la levée de l'interdiction de projeter qu'en 1981.

Un scandale...

Le film est une commande de Charles de Noailles, dont la femme Marie-Laure de Noailles, d'ascendance juive, est une des plus importantes fortunes de France. Soutenue par celle-ci qui se veut une amie des surréalistes, il y consacre plus d'un million de francs. La première a lieu à la mi-juillet 1930 dans leur hôtel particulier 11 place des États-Unis devant une trentaine d'invités choisis, intellectuels et amis qui, déroutés, font un accueil poli. La diffusion du film provocateur est en soi un acte artistique qui suscite une curiosité mondaine et que le producteur veut rendre public. La censure est achetée et la première séance publique a lieu le 22 octobre à onze heures trente au Panthéon Rive Gauche. Au buffet qui suit chez les Noailles, André Thirion, passablement agacé par ces aristocrates qui se piquent de révolution, fracasse dans un flot d'injures les verres contre les miroirs du salon sous le regard flegmatique que porte le fils de feu le prince de Poix sur la performance.

Le film est projeté de nouveau le 28 novembre 1930 au Studio 28. Le 3 décembre, quelques dizaines de militants d'extrême droite, de la Ligue des patriotes notamment, investissent le cinéma aux cris de « Mort aux juifs ! » et de « On va voir s'il y a encore des chrétiens en France ! », jettent de l'encre violette sur l'écran, lancent des fumigènes et des boules puantes, chassent les spectateurs à coups de canne. Les tableaux de Salvador Dalí, Max Ernst, Miró et Yves Tanguy, les photographies de Man Ray accrochés dans le hall sont lacérés à coups de couteau. Le Figaro, suivi par quelques journaux de droite comme L'Écho de Paris, ainsi que le conseiller municipal Gaston Le Provost de Launay, qui fait allusion au vicomte de Noailles sans le nommer, protestent également contre ce film et demandent son interdiction.

Le préfet de police Jean Chiappe demande à la Commission de censure d'intervenir pour supprimer certains passages, puis, comme les protestations continuent, prend un arrêté interdisant la projection à Paris et saisit à nouveau la Commission, qui interdit la diffusion du film. Le 12 décembre, le film est saisi. Il ne s'agit que de la copie de projection amputée des coupes imposées. Le négatif original a été caché et conservé par le vicomte de Noailles. Le 26 décembre une nouvelle réunion de la Commission de censure met hors de cause le producteur et recommande de n'incriminer que le propriétaire de la salle, Jean Mauclaire, qui ne sera pas inquiété. Le 2 janvier, les surréalistes diffusent un tract de quatre pages dénonçant la « police d'Hitler ». Une campagne « anti boches », « anti juifs » et « anti protestants » est ourdie contre le vicomte, sans effets sur sa personne. Des centaines d'articles passionnés, favorables ou haineux, paraissent dans la presse de Valparaíso à Moscou en passant par New York.

En 1937, une copie tronquée circule sous le titre Dans les eaux glacées du calcul égoïste. Le film figure en 1949 dans une sélection présentée au public par la Cinémathèque française des Cent chefs-d'œuvre du cinéma. Gaumont n'obtient la levée de l'interdiction de projeter qu'en 1981.

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Cinéma

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