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26 novembre 1781, François de Bouillé enlève l’île de Saint-Eustache aux Anglais

Écrit par :
Jean-Claude JUNIN

Date de parution :
26 novembre 2023

Lieu :
Un jour dans l'Histoire...

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26 novembre 1781, François de Bouillé enlève l’île de Saint-Eustache aux Anglais

Observant la marche des Anglais qui en février précédent s’étaient emparé non sans déprédations de l’île hollandaise de Saint-Eustache, François de Bouillé, gouverneur de la Martinique, fait secrètement voile avec quelques centaines d’hommes vers la possession anglaise et y parvient dix jours plus tard à la nuit tombée...
Le 3 février 1781, l’île avait été surprise par treize vaisseaux et quatre mille hommes de troupes aux ordres du général anglais Vaughan ; un butin immense était tombé entre les mains des Anglais qui s’y livrèrent à une déprédation donnant lieu, en Angleterre, à de longs procès et à de nombreuses récriminations. L’amiral Rodney qui commandait la flotte fut accusé de détournement à son profit, et il fut reconnu que les Anglais des îles voisines y vendaient leurs marchandises aux ennemis en guerre avec l’Angleterre.

Celle-ci ne devait cependant pas jouir du fruit de sa conquête. Car François de Bouillé gouverneur de la Martinique et gouverneur des colonies françaises des îles du Vent depuis 1777, avait pris en juin 1781 le commandement de la flotte française du comte de Grasse lors de la prise de l’île anglaise de Tobago dans le cadre de la guerre d’indépendance des États-Unis conçut, de ce moment, le projet d’arracher l’île aux mains des Anglais. En novembre 1781, il sortit mystérieusement et s’embarqua avec environ trois-cent cinquante hommes du régiment Walch, d’Auxerrois et de Royal Contois, commandés par Dillon, colonel du régiment de son nom. Le marquis de Bouillé avait fait courir le bruit qu’il allait au-devant de notre armée navale. Mouillées sur la rade de Fort-Royal, trois frégates : la Médée, l’Amazone et la Galathée, la corvette l’Aigle et quatre goélettes armées qui portaient ses troupes reçurent le gouverneur de la Martinique et toute sa suite, et mirent immédiatement à la voile le 15 novembre 1781. Ce ne fut qu’alors que les officiers de terre et de mer, apprirent qu’ils allaient à la conquête de Saint-Eustache. Après mille contrariétés qu’opposèrent au marquis de Bouillé les vents et les courants, il arriva devant cette île dans la nuit du 26 novembre : les chaloupes furent mises à la mer ; mais des lames furieuses, qui battaient une plage escarpée, menaçaient de les briser si elles tentaient d’accoster. Les bâtiments légers et la corvette devaient en effet mouiller, cependant que les frégates devaient rester sous voiles, à porter d’envoyer des troupes à terre.

26 novembre 1781, François de Bouillé enlève l’île de Saint-Eustache aux Anglais

Observant la marche des Anglais qui en février précédent s’étaient emparé non sans déprédations de l’île hollandaise de Saint-Eustache, François de Bouillé, gouverneur de la Martinique, fait secrètement voile avec quelques centaines d’hommes vers la possession anglaise et y parvient dix jours plus tard à la nuit tombée...
Le 3 février 1781, l’île avait été surprise par treize vaisseaux et quatre mille hommes de troupes aux ordres du général anglais Vaughan ; un butin immense était tombé entre les mains des Anglais qui s’y livrèrent à une déprédation donnant lieu, en Angleterre, à de longs procès et à de nombreuses récriminations. L’amiral Rodney qui commandait la flotte fut accusé de détournement à son profit, et il fut reconnu que les Anglais des îles voisines y vendaient leurs marchandises aux ennemis en guerre avec l’Angleterre.

Celle-ci ne devait cependant pas jouir du fruit de sa conquête. Car François de Bouillé gouverneur de la Martinique et gouverneur des colonies françaises des îles du Vent depuis 1777, avait pris en juin 1781 le commandement de la flotte française du comte de Grasse lors de la prise de l’île anglaise de Tobago dans le cadre de la guerre d’indépendance des États-Unis conçut, de ce moment, le projet d’arracher l’île aux mains des Anglais. En novembre 1781, il sortit mystérieusement et s’embarqua avec environ trois-cent cinquante hommes du régiment Walch, d’Auxerrois et de Royal Contois, commandés par Dillon, colonel du régiment de son nom. Le marquis de Bouillé avait fait courir le bruit qu’il allait au-devant de notre armée navale. Mouillées sur la rade de Fort-Royal, trois frégates : la Médée, l’Amazone et la Galathée, la corvette l’Aigle et quatre goélettes armées qui portaient ses troupes reçurent le gouverneur de la Martinique et toute sa suite, et mirent immédiatement à la voile le 15 novembre 1781. Ce ne fut qu’alors que les officiers de terre et de mer, apprirent qu’ils allaient à la conquête de Saint-Eustache. Après mille contrariétés qu’opposèrent au marquis de Bouillé les vents et les courants, il arriva devant cette île dans la nuit du 26 novembre : les chaloupes furent mises à la mer ; mais des lames furieuses, qui battaient une plage escarpée, menaçaient de les briser si elles tentaient d’accoster. Les bâtiments légers et la corvette devaient en effet mouiller, cependant que les frégates devaient rester sous voiles, à porter d’envoyer des troupes à terre.

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Le seul bateau où était le comte de Dillon put effectuer un débarquement de cinquante chasseurs. Un raz-de-marée inattendu, qui régnait sur cette côte, fit perdre les chaloupes qui furent brisées sur les roches dont elle était couverte. Le canot dans lequel le marquis de Bouillé vint à terre, fut renversé ; mais on parvint à en tirer les troupes. On découvrit enfin un lieu de débarquement moins dangereux, et on y mit à terre une partie des troupes.

Les frégates avaient été en dérive une heure avant le jour ; la plupart des canots et chaloupes brisés sur la plage ne laissaient aucun espoir de réunir le reste des troupes. Le général français, privé de tout moyen de retraite, n’avait de ressource que celle de vaincre un ennemi dont les forces étaient presque doubles des siennes. Les soldats étant pleins d’ardeur et de courage, il se décida à attaquer.

 Il était quatre heures et demie du matin ; les Français étaient éloignés de près de deux lieues du fort et des casernes, lorsqu’ils se mirent en marche au pas redoublé. À la tête des soldats, le marquis de Bouillé gravit, au milieu des ténèbres et d’un terrain hérissé de difficultés, le roc qui les séparait de la forteresse. Il donna ordre au comte de Dillon d’aller, avec les Irlandais, droit aux casernes, d’envoyer un détachement pour prendre le gouverneur dans sa maison ; au chevalier de Fresne d’escalader le fort avec une centaine de chasseurs s’il ne pouvait en forcer les portes ; et au vicomte de Damas de soutenir son attaque avec le reste des troupes.

À l’aube du jour, vers six heures, le comte de Dillon parvint aux casernes et rencontra une compagnie d’Anglais faisant l’exercice et qui, trompée par l’uniforme rouge du régiment de Dillon, les prit pour des compatriotes et les laissa approcher. Mais s’apercevant bientôt de son erreur, elle prit la fuite et se précipita du côté de la forteresse dont elle leva le pont-levis. Les Français s’attachèrent à ses pas et de Fresne parvint à s’emparer du pont-levis. Les fuyards jetèrent l’épouvante dans la forteresse, et les Anglais se croyant surpris par une armée nombreuse se rendirent à trois cent cinquante Français. Le gouverneur anglais Cockburn avait été fait prisonnier par O’Connor, officier irlandais.

Le seul bateau où était le comte de Dillon put effectuer un débarquement de cinquante chasseurs. Un raz-de-marée inattendu, qui régnait sur cette côte, fit perdre les chaloupes qui furent brisées sur les roches dont elle était couverte. Le canot dans lequel le marquis de Bouillé vint à terre, fut renversé ; mais on parvint à en tirer les troupes. On découvrit enfin un lieu de débarquement moins dangereux, et on y mit à terre une partie des troupes.

Les frégates avaient été en dérive une heure avant le jour ; la plupart des canots et chaloupes brisés sur la plage ne laissaient aucun espoir de réunir le reste des troupes. Le général français, privé de tout moyen de retraite, n’avait de ressource que celle de vaincre un ennemi dont les forces étaient presque doubles des siennes. Les soldats étant pleins d’ardeur et de courage, il se décida à attaquer.

 Il était quatre heures et demie du matin ; les Français étaient éloignés de près de deux lieues du fort et des casernes, lorsqu’ils se mirent en marche au pas redoublé. À la tête des soldats, le marquis de Bouillé gravit, au milieu des ténèbres et d’un terrain hérissé de difficultés, le roc qui les séparait de la forteresse. Il donna ordre au comte de Dillon d’aller, avec les Irlandais, droit aux casernes, d’envoyer un détachement pour prendre le gouverneur dans sa maison ; au chevalier de Fresne d’escalader le fort avec une centaine de chasseurs s’il ne pouvait en forcer les portes ; et au vicomte de Damas de soutenir son attaque avec le reste des troupes.

À l’aube du jour, vers six heures, le comte de Dillon parvint aux casernes et rencontra une compagnie d’Anglais faisant l’exercice et qui, trompée par l’uniforme rouge du régiment de Dillon, les prit pour des compatriotes et les laissa approcher. Mais s’apercevant bientôt de son erreur, elle prit la fuite et se précipita du côté de la forteresse dont elle leva le pont-levis. Les Français s’attachèrent à ses pas et de Fresne parvint à s’emparer du pont-levis. Les fuyards jetèrent l’épouvante dans la forteresse, et les Anglais se croyant surpris par une armée nombreuse se rendirent à trois cent cinquante Français. Le gouverneur anglais Cockburn avait été fait prisonnier par O’Connor, officier irlandais.

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Tandis que les Anglais s’étaient comportés envers les Hollandais, comme des flibustiers et des déprédateurs et méritaient qu’un sort semblable les frappât, les Français les traitèrent en vainqueurs généreux. Parmi le reste du butin fait sur les Hollandais et dont on exigea la restitution, se trouva un million en espèces caché chez le gouverneur anglais Cockburn, qu’il avait levé sur les habitants. Ce gouverneur fut accusé en Angleterre d’avoir livré la colonie. On apprit quelques temps après que des navires qu’ils avaient expédiés pour l’Angleterre, chargés des dépouilles de Saint-Eustache et escortés par le commodore Hotham, étaient tombés entre les mains de la Motte Picquet et que vendus en masse au commerce de Bordeaux, ils avaient produit huit millions.

Lorsque les Martiniquais, qui ignoraient d’abord où s’était dirigé leur gouverneur et qui avaient pensé qu’il se portait au-devant de l’escadre du comte de Grasse, attendu de l’Amérique, apprirent ce nouvel exploit accompli avec tant d’audace et de célérité, ils firent éclater leur joie, et la petite flotte conquérante fut reçue au milieu d’acclamations de triomphe. Le marquis de Bouillé rentra à Fort-Royal avec près de 800 prisonniers, sans compter les femmes et les enfants. Il y trouva l’armée du comte de Grasse qui avait terminé sa glorieuse campagne de l’Amérique septentrionale.

Tandis que les Anglais s’étaient comportés envers les Hollandais, comme des flibustiers et des déprédateurs et méritaient qu’un sort semblable les frappât, les Français les traitèrent en vainqueurs généreux. Parmi le reste du butin fait sur les Hollandais et dont on exigea la restitution, se trouva un million en espèces caché chez le gouverneur anglais Cockburn, qu’il avait levé sur les habitants. Ce gouverneur fut accusé en Angleterre d’avoir livré la colonie. On apprit quelques temps après que des navires qu’ils avaient expédiés pour l’Angleterre, chargés des dépouilles de Saint-Eustache et escortés par le commodore Hotham, étaient tombés entre les mains de la Motte Picquet et que vendus en masse au commerce de Bordeaux, ils avaient produit huit millions.

Lorsque les Martiniquais, qui ignoraient d’abord où s’était dirigé leur gouverneur et qui avaient pensé qu’il se portait au-devant de l’escadre du comte de Grasse, attendu de l’Amérique, apprirent ce nouvel exploit accompli avec tant d’audace et de célérité, ils firent éclater leur joie, et la petite flotte conquérante fut reçue au milieu d’acclamations de triomphe. Le marquis de Bouillé rentra à Fort-Royal avec près de 800 prisonniers, sans compter les femmes et les enfants. Il y trouva l’armée du comte de Grasse qui avait terminé sa glorieuse campagne de l’Amérique septentrionale.

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Illustrations :

La prise de Saint-Eustache par les Anglais en février 1781. Gravure de Johann Baptist Bergmüller (1781)

François-Claude-Amour, marquis de Bouillé. Peinture de l’École française datée du 14 novembre 1800

Estampe satirique anglaise dirigée contre lord Cockburn, gouverneur, et la garnison de l'île de Saint Eustache surpris et faits prisonniers par le marquis de Bouillé, gouverneur général des Îles du Vent, le 26 novembre 1781

Surprise de Saint-Eustache le 26 novembre 1781. Dessin de Clément-Pierre Marillier (1740-1808)

Source :

D’après « Histoire de la Martinique depuis la colonisation jusqu’en 1815 » (par Sidney Daney) Tome 4 paru en 1846 et « Nouveau dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables, et des combats maritimes les plus fameux de tous les peuples du monde, anciens et modernes, jusqu’à nos jours » (Tome 2) paru en 1808

Illustrations :

La prise de Saint-Eustache par les Anglais en février 1781. Gravure de Johann Baptist Bergmüller (1781)

François-Claude-Amour, marquis de Bouillé. Peinture de l’École française datée du 14 novembre 1800

Estampe satirique anglaise dirigée contre lord Cockburn, gouverneur, et la garnison de l'île de Saint Eustache surpris et faits prisonniers par le marquis de Bouillé, gouverneur général des Îles du Vent, le 26 novembre 1781

Surprise de Saint-Eustache le 26 novembre 1781. Dessin de Clément-Pierre Marillier (1740-1808)

Source :

D’après « Histoire de la Martinique depuis la colonisation jusqu’en 1815 » (par Sidney Daney) Tome 4 paru en 1846 et « Nouveau dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables, et des combats maritimes les plus fameux de tous les peuples du monde, anciens et modernes, jusqu’à nos jours » (Tome 2) paru en 1808

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