Dans un territoire circonscrit par des matériaux agressifs, les contradictions ne peuvent se régler sans heurts ; une arène où, à la fin, ce sont toujours les mêmes qui doivent s’avouer vaincus. Clivage racial, clivage de classe, tout ici s’oppose dans un affrontement où l’un des protagonistes supplie, et l’autre humilie. Monde binaire, alternance de lumière naturelle, aveuglante, et d’obscurité, précarité contre abondance, ville et désert, bricolage et sophistication, milices opposées aux coyotes, comme si cette partie du monde ne fonctionnait qu’en termes schématiques ! Il faut pourtant en convenir, les soirs de pleine lune, dans l’alternance du jour et de la nuit, se joue le combat entre deux forces, entre deux pulsions, celles de la vie et de la mort, de l’amour et de la haine. La ligne de démarcation indique clairement le territoire du maître et le territoire du faible.
Côté États-Unis, le mur est le point de départ d’une psychose généralisée, un déni de réalité partagé par une communauté angoissée. Fermer la frontière, c’est « protéger le peuple contre le crime » et investir le mur d’un caractère sacré.
L’ouvrage se veut « impénétrable, beau et solide » (Donald Trump), prévu sur 3 200 kilomètres, borne les confins de la civilisation contre ces modernes « barbares ».