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11 février 1302, Ausculta, fili,

Écrit par :
Jean-Claude JUNIN

Date de parution :
11 février 2024

Lieu :
Un jour dans l'Histoire...

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Ausculta, fili, Les prémices de la loi de 1905 ?

11 février 1302, Ausculta, fili (Écoute, ô mon fils, les avis d'un tendre père… )

Ausculta, fili (en latin, Écoute, mon fils) est l'incipit et donc le titre donné à une bulle fameuse adressée par le pape Boniface VIII au roi Philippe IV le Bel (5 décembre 1301). Ausculta fili rappelle la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel et convoque pour le mois de novembre 1302 un concile à Rome, où le roi de France peut se présenter.

Philippe IV le Bel, roi de France, était en conflit ouvert avec le pape. Tirant argument de son pouvoir royal, il conférait des bénéfices, et nommait les évêques aux sièges épiscopaux, sans reconnaître au pape une quelconque autorité, et déplaçait de leurs sièges les évêques qui s'opposaient à lui et prétendaient rester fidèles à Rome. Le roi, ayant besoin d'argent pour les guerres, pour remplir son trésor épuisé, voulut imposer des contributions extraordinaires au clergé. Le pape protesta, et déclara dans la bulle Clericis laicos que le roi ne pouvait lever aucun impôt sur le bien de l'Église sans son autorisation. Philippe le Bel avait d'autre part emprisonné Bernard Saisset, évêque de Pamiers. Le 24 février 1296, le pape avait promulgué une bulle excommuniant ipso facto tous ceux qui exigeaient du clergé des subsides extraordinaires. Pour riposter, Philippe le Bel interdit toute sortie d'or et d'argent hors des frontières, privant ainsi la Cour de Rome de ses revenus français. C'est alors que Boniface VIII écrivit au roi la bulle qui commence ainsi : « Écoute, ô mon fils, les avis d'un tendre père… ».

La bulle développait le principe de l'autorité souveraine du pape, et posait une théorie générale, offensante et hautaine : « Nous sommes fatigué de t'avertir de te corriger, et de mieux gouverner ton royaume ; comme l'aspic qui n'entend rien, tu as fermé les oreilles » ; puis elle reprochait à Philippe la saisie des biens ecclésiastiques et l'altération des monnaies. Le pape terminait en annonçant au roi qu'il convoquait à Rome tous les représentants de l'Église de France, ajoutant : « Tu pourras t'y trouver toi-même, ou tes envoyés, (...) nous ne laisserons pas de procéder en ton absence ainsi que nous le jugerons à propos. »

Ausculta, fili, Les prémices de la loi de 1905 ?

11 février 1302, Ausculta, fili (Écoute, ô mon fils, les avis d'un tendre père… )

Ausculta, fili (en latin, Écoute, mon fils) est l'incipit et donc le titre donné à une bulle fameuse adressée par le pape Boniface VIII au roi Philippe IV le Bel (5 décembre 1301). Ausculta fili rappelle la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel et convoque pour le mois de novembre 1302 un concile à Rome, où le roi de France peut se présenter.

Philippe IV le Bel, roi de France, était en conflit ouvert avec le pape. Tirant argument de son pouvoir royal, il conférait des bénéfices, et nommait les évêques aux sièges épiscopaux, sans reconnaître au pape une quelconque autorité, et déplaçait de leurs sièges les évêques qui s'opposaient à lui et prétendaient rester fidèles à Rome. Le roi, ayant besoin d'argent pour les guerres, pour remplir son trésor épuisé, voulut imposer des contributions extraordinaires au clergé. Le pape protesta, et déclara dans la bulle Clericis laicos que le roi ne pouvait lever aucun impôt sur le bien de l'Église sans son autorisation. Philippe le Bel avait d'autre part emprisonné Bernard Saisset, évêque de Pamiers. Le 24 février 1296, le pape avait promulgué une bulle excommuniant ipso facto tous ceux qui exigeaient du clergé des subsides extraordinaires. Pour riposter, Philippe le Bel interdit toute sortie d'or et d'argent hors des frontières, privant ainsi la Cour de Rome de ses revenus français. C'est alors que Boniface VIII écrivit au roi la bulle qui commence ainsi : « Écoute, ô mon fils, les avis d'un tendre père… ».

La bulle développait le principe de l'autorité souveraine du pape, et posait une théorie générale, offensante et hautaine : « Nous sommes fatigué de t'avertir de te corriger, et de mieux gouverner ton royaume ; comme l'aspic qui n'entend rien, tu as fermé les oreilles » ; puis elle reprochait à Philippe la saisie des biens ecclésiastiques et l'altération des monnaies. Le pape terminait en annonçant au roi qu'il convoquait à Rome tous les représentants de l'Église de France, ajoutant : « Tu pourras t'y trouver toi-même, ou tes envoyés, (...) nous ne laisserons pas de procéder en ton absence ainsi que nous le jugerons à propos. »

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Cette bulle irrita violemment Philippe. Certains chroniqueurs affirment qu'elle fut brûlée publiquement à Paris, le dimanche 11 février 1302, en sa présence, devant les nobles, et qu'il fit annoncer cette exécution à coup de trompe. Le comte d'Artois lui-même aurait arraché cette bulle au légat du pape et l'aurait déchirée devant lui.

Le 10 avril 1302 le roi réunit pour la première fois les états généraux à Notre-Dame de Paris, les députés du tiers état à côté de ceux du clergé et de la noblesse. Les prétentions du pouvoir spirituel y furent condamnées définitivement.

En même temps, Philippe adressait à Boniface VIII une réponse dont voici le début : « Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, à Boniface, soi-disant pape, peu ou point de salut. Que ta très grande fatuité sache que nous ne sommes soumis à personne pour le temporel… » Le roi exposait ensuite ses idées, contraires à celles du pape, et concluait par « Ceux qui croient autrement, nous les réputons fous et déments. »

La bulle papale ne fut donc pas acceptée par le roi, elle fut suivie de la fameuse bulle Unam sanctam.

 

Source : Jules Michelet, Histoire de France

Cette bulle irrita violemment Philippe. Certains chroniqueurs affirment qu'elle fut brûlée publiquement à Paris, le dimanche 11 février 1302, en sa présence, devant les nobles, et qu'il fit annoncer cette exécution à coup de trompe. Le comte d'Artois lui-même aurait arraché cette bulle au légat du pape et l'aurait déchirée devant lui.

Le 10 avril 1302 le roi réunit pour la première fois les états généraux à Notre-Dame de Paris, les députés du tiers état à côté de ceux du clergé et de la noblesse. Les prétentions du pouvoir spirituel y furent condamnées définitivement.

En même temps, Philippe adressait à Boniface VIII une réponse dont voici le début : « Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, à Boniface, soi-disant pape, peu ou point de salut. Que ta très grande fatuité sache que nous ne sommes soumis à personne pour le temporel… » Le roi exposait ensuite ses idées, contraires à celles du pape, et concluait par « Ceux qui croient autrement, nous les réputons fous et déments. »

La bulle papale ne fut donc pas acceptée par le roi, elle fut suivie de la fameuse bulle Unam sanctam.

 

Source : Jules Michelet, Histoire de France

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