Bénédiction de voitures & voyageurs
février 12, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
Bénédiction de voitures & voyageurs
A Saint-Jacques.
C’est à l’initiative de Tjeerd Bangma, président de l’association « Capot et Café Crème » et de Daniel Fiore, Peymeinadois et journaliste pour « La vie de l’auto » que cinq clubs de collectionneurs de véhicules anciens se sont donné rendez-vous place Frédéric Mistral à Saint-Jacques pour recevoir la bénédiction du père François-Régis Jamain.
Après, pour certains, avoir assisté à la messe chantée, les collectionneurs se sont retrouvés près de leur voiture, pour accueillir le père François-Régis Jamain et faire bénir leurs voitures et médailles de Saint-Christophe (patron des voyageurs)
Il est toujours difficile de fixer le commencement d'un fait ou d'une tradition, cependant l’automobile peut être officiellement bénie, comme d’autres moyens de transport avant elle : navires, chemins de fer. La bénédiction de véhicule (benedictio vehiculi seu currus) publiée dans les éditions du Rituel romain de 1913, puis de 1925, ne faisait que reprendre celle utilisée depuis un demi-siècle pour le matériel ferroviaire roulant. Il n’est pas facile d’apprécier le développement de cette pratique de la bénédiction collective d’automobiles, qu’il faudrait pouvoir recenser dans le temps et dans l’espace. Le signal fut peut-être donné par l’usage de bénir les ambulances automobiles dans le diocèse de Lucques, en Italie, attesté dès 1908 (Nouvelle Revue théologique, 1909, t. xi, p. 615..) Elle semble avoir connu une certaine vogue dans les années 1930 et 1940, avant de décliner, du moins en Europe et de revenir en force depuis quelques années.
Mais Qu’est-ce qu’on bénit ?
Bénédiction des automobilistes ou de leurs engins à moteur ? Bonne question ! Réponse : les deux !
· Dieu bénit la personne de l’automobiliste.
· Dieu bénit aussi les objets, en l’occurrence les voitures, qui sont au service des hommes.
C’est pourquoi nous accolons les deux désinences, voitures & voyageurs, à la bénédiction.
« Que la voiture, a ajouté le père, soit un simple outil au service de son travail et pour le plaisir des loisirs. »
Tradition et … modernité !
Les bénédictions de lieux ou d’objets font partie de la famille des religiosités populaires au même titre que les pèlerinages.
Les Chemins de Saint Jacques de Compostelle de plus en plus fréquentés ont fait des émules… Le très médiatisé Père Guy Gilbert bénit les motards à la saint Christophe ; pareillement, l’un de ses confrères bretons en réunit des milliers chaque année !
On pouvait lire dans le quotidien La Croix , le 1er juillet 2001 : « Les bénédictions reviennent en force ; réaffirmation d’une certaine foi populaire, elles peuvent se révéler actions priantes et même transfigurantes. »
De tout temps, la bénédiction d’un objet alla de pair avec le patronage accordé par un saint personnage à l’activité liée, ou au risque inhérent. On chercha donc un protecteur céleste pour les automobilistes. Aux yeux des théologiens, la Bible offrait deux possibilités :
Le prophète Elie, avec son « char de feu » emmené par des « chevaux de feu », offrait certes une image spectaculaire, qui avait d’ailleurs été souvent évoquée au XIXe siècle dans les gares de chemin de fer. Elie cependant, parlaient peu à l’imaginaire populaire et l’usage s’introduisit, attesté dès 1908, de mettre dans les automobiles une médaille de saint Christophe. Ce personnage à l’existence incertaine, disparu du calendrier romain depuis 1970, était vénéré depuis le Ve siècle en Asie Mineure puis, de là, en Occident. Saint Christophe était traditionnellement associé à la protection contre les orages, les tempêtes, les accidents de voyage. Par extension de prérogative protectrice, l’usage populaire finit par s’imposer…
Saint-Christophe-le-Jajolet
Le renouveau du culte de saint Christophe, peut être fixé à l'année 1899, quand Mgr l'évêque de Séez donna son approbation, le 25 juillet, jour de la fête de saint Christophe, à la restauration d'une confrérie dans la paroisse de Saint-Christophe-le-Jajolet* dont l'origine remontait au XIème siècle.
L'article 2 des statuts de l'oeuvre disait : "La confrérie a pour but de raviver une dévotion autrefois très populaire en mettant sous la protection spéciale de saint Christophe tous les voyageurs et autres exposés sportifs".
Saint Christophe reconnu Patron des automobilistes
Le 8 février 1912 Sa Sainteté le Pape Saint Pie X érigeait cette association en archiconfrérie pour l'univers entier. En 20 ans elle compta plus de 200000 membres !
Cette reconnaissance officielle de l'archiconfrérie par le Pape est d'une grande importance, car cela consacre saint Christophe comme patron des voyageurs et automobilistes, même si saint Christophe n'a porté l'Enfant-Jésus sur ses épaules que dans la légende. Puisque le Christ a dit saint Pierre : ce que tu auras lié sur la terre sera lié au Ciel et inversement, Saint Christophe est aussi auprès de Dieu le patron des voyageurs, quel que soit le mode de transport utilisé. C'est donc avec raison que le train de l'armée française reconnaît saint Christophe comme son protecteur.
*Cette confrérie est toujours vivante, la procession et bénédiction des véhicules ont toujours lieu et aucun moyen de transport n'est exclu : poussette, trottinette, etc… Le site de l'archiconfrérie : https://archiconfreriesaintchristophe.jimdo.com
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