
Par Eric Etrillard
Mythes et légendes dans nos jardins
Si le chêne évoque la sagesse et la justice, le cyprès, le lien avec le ciel, d’autres arbres ont des réputations plus sombres, dues à nombre de superstitions et légendes.
Le noyer
Juglans regia de la famille des juglandacées.
Noms communs : noyer, goguier, calottier, noguier, ecalonnier.
Cet arbre a une silhouette massive, souvent plus large que haute. Il peut atteindre quinze à vingt mètres de hauteur et vivre plus de cent ans.
Considéré par certains comme un arbre maudit, il a toujours suscité de nombreuses interrogations et controverses. La légende du noyer maléfique trouve ses racines dans le folklore populaire de plusieurs pays européens.
Dans l’antiquité, l’arbre était associé à la divinité et à l’immortalité. Arbre symbolique, il tient une place importante dans de nombreuses cultures. Cependant, cela a fini par se transformer en superstition : planter cet arbre pourrait porter malheur. Dans certaines régions, le noyer est même considéré comme l’arbre du Diable, car il aurait été planté par Satan lui-même. Quant aux sorcières, elles auraient aussi un lien particulier avec cet arbre, au pied duquel elles se réuniraient pour accomplir leurs rites et lancer leurs malédictions Le noyer est aussi associé à la mort, en raison de la présence de la juglone qui est un système de défense naturelle pour lutter contre les autres plantes.
En effet, sous cet arbre, la végétation est toujours clairsemée.
D’après certaines croyances, dormir ou s’asseoir sous un noyer, pourrait provoquer la mort ou la maladie. Il est aussi recommandé de ne pas sculpter des statues de la Vierge avec son bois.
En Provence, on a coutume de planter devant les mas, bastides et cabanons, un ou plusieurs arbres à feuilles caduques, tels que platanes, tilleuls, mûriers blancs et autres acacias, mais jamais de noyer.

Le sureau
Sambucus nigra de la famille des caprifoliacées
Noms communs : sureau noir, l’arbre aux sorcières, l’arbre aux fées.
Selon la légende, son bois était idéal pour tailler une baguette magique car étant creux, il était censé être habité par des esprits. Cela impliquait de ne jamais le faire entrer dans la maison et surtout de ne jamais le brûler, en en faisant du petit bois pour allumer la cheminée.
Le prunellier
Prunus spinosa de la famille des rosacées
Noms communs : prunier sauvage, épine noire, épinette, buisson noir, fourdinier et fourdraine.
Cet arbuste tient une place prépondérante dans les pratiques magiques et les superstitions. Il aurait été utilisé en sorcellerie, pour planter ses épines dans des figurines en cire ou pour confectionner des balais de sorcière. Il aurait aussi servi à chasser le diable en accrochant ses branches aux quatre coins de la maison ou au-dessus de la porte d’entrée.
Le noisetier
Corylus avellana de la famille des bétulacées
Noms communs : coudrier et corylus
Jadis, le noisetier était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche. Il était utilisé pour des incantations par les druides. Il a aussi été employé par les sourciers et les chercheurs d’or. Selon la légende, les sorcières pouvaient l’utiliser pour confectionner leurs balais.

L’arbre de Judée
Cercis siliquastrum de la famille des fabacées
Noms communs : gainier silicastre, arbre de Jérusalem
Selon la légende, Judas se serait pendu à cet arbre après avoir trahi Jésus-Christ.
L’origine de cette histoire est peut-être due à la forme de ses feuilles rondes et plates comme des monnaies ou aux gousses noires qui pendent des rameaux, en automne. Mais c’est surtout, qu’après la pendaison de Judas, l’arbre s’est mis à fleurir. Sa floraison se faisant autour de Pâques, les fidèles y virent un signe miraculeux.

Le balai de sorcière
C’est le nom de la maladie qui affecte nombre de plantes ligneuses mais surtout les arbres. Elle se manifeste par la formation d’une abondante ramification agglomérée en boules denses ou informes, le plus souvent stériles et composée de feuilles sous-développées.

Cette maladie est provoquée par des champignons, bactéries, plantes parasites ou plus rarement des insectes. Ils ont pour point commun de provoquer chez leur hôte, le développement incontrôlé de bourgeons.
Ces formations ressemblent à des balais de fabrication traditionnelle composée d’un manche et de branches. L’origine de l’expression « balais de sorcière » est probablement liée à des légendes dans les cultures qui associent les sorcières aux dégâts sur des plantes cultivées ( aléas climatiques et attaques de ravageurs.)
Selon la légende, les sorcières utilisaient comme montures, des manches à balais. A leur retour du Sabbat, assemblée se déroulant dans un lieu retiré et sombre, et surprises par le jour ou fatiguées, elles se seraient reposées dans un arbre et y auraient abandonné leurs balais.
Une autre hypothèse évoque leur retour d’une réunion d’où elles reviennent ivres. Heurtant un arbre, leur balai y reste fixé.
Cette branche malade conserve, aujourd’hui encore le nom de « balai de sorcière. »
In fine, qu’ils soient ou non, environnés de légendes, les arbres sont avant tout des êtres vivants qu’il nous faut respecter.
Éric Etrillard
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