Nataliia Bielova, lauréate du prix Lovelace-Babbage 2025

Nataliia Bielova, lauréate du prix Lovelace-Babbage 2025 : quand la science éclaire le monde invisible du traçage en ligne

L’Académie des sciences a dévoilé le nom de la lauréate du prix Lovelace-Babbage 2025, décerné en partenariat avec la Société Informatique de France.
Cette distinction prestigieuse revient cette année à Nataliia Bielova, directrice de recherche à Inria, au centre Inria d’Université Côte d’Azur, pour ses travaux novateurs sur le traçage en ligne et l’efficacité des bannières de consentement aux cookies.

Une chercheuse au carrefour du droit, du design et du numérique

Les recherches de Nataliia Bielova se situent à la croisée des sciences du numérique, du droit européen et du design d’interfaces.
Son approche transdisciplinaire analyse comment les sites web recueillent et exploitent nos données personnelles – souvent à notre insu – et comment les utilisateurs réagissent face aux fameuses bannières de cookies.

Elle met en évidence l’existence d’un écart majeur entre la réglementation européenne (notamment le RGPD) et la réalité des pratiques de traçage.
Ses travaux montrent que de nombreux sites recourent à des tactiques de manipulation, appelées « dark patterns », conçues pour orienter le choix de l’utilisateur et obtenir un consentement biaisé.

« Les tactiques de manipulation, connues sous le nom de dark patterns, sont couramment utilisées dans cette zone grise réglementaire, et il a été démontré qu’elles influencent la prise de décision des utilisateurs et peuvent violer les exigences du GDPR », explique Nataliia Bielova.

Traçage, cookies et transparence : un enjeu de société

L’intérêt des recherches de la scientifique dépasse largement le cadre académique.
Dans un monde où chaque clic, chaque recherche et chaque like sont analysés, comprendre les mécanismes du traçage numérique est devenu essentiel pour défendre la vie privée des citoyens européens.

En étudiant l’efficacité réelle des bannières de consentement, Nataliia Bielova cherche à proposer des modèles plus éthiques et plus transparents, conciliant les intérêts économiques des entreprises avec les droits fondamentaux des utilisateurs.

Ces travaux, publiés notamment dans la revue Harvard Journal of Law & Technology, ont déjà valu à la chercheuse le Prix CNIL-Inria 2025, partagé avec Cristiana Santos (Université d’Utrecht, Pays-Bas) et Colin M. Gray (Université d’Indiana Bloomington, États-Unis).
Leur étude comparée, intitulée “Two Worlds Apart: Closing the Gap Between Regulating EU Consent and User Studies”, a démontré comment les intentions réglementaires et la réalité technique s’écartent encore trop souvent.

Un prix au nom de deux pionniers du numérique

Le prix Lovelace-Babbage porte le nom de deux figures fondatrices de l’informatique :

• Ada Lovelace, qui écrivit le tout premier programme informatique au XIXᵉ siècle,
• et Charles Babbage, concepteur de la machine analytique, ancêtre de l’ordinateur.

Il récompense chaque année des chercheurs dont les travaux font progresser notre compréhension des technologies au cœur du numérique, qu’ils soient fondamentaux ou appliqués.
Le parcours de Nataliia Bielova illustre parfaitement cet esprit d’innovation éclairée par la rigueur scientifique.

Vers une éthique du numérique

Les recherches menées au sein du centre Inria d’Université Côte d’Azur rappellent combien la transparence, la protection des données et la responsabilité numérique sont aujourd’hui au cœur du débat sociétal.
À travers ses études, Nataliia Bielova contribue à façonner une Europe du numérique plus respectueuse des individus, où l’innovation ne se fait pas au détriment de la liberté.

Si Ada Lovelace voyait nos cookies d’aujourd’hui, elle en écrirait peut-être le code… mais sûrement sans accepter la bannière !

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