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A la découverte de Thorenc
Une station climatique réputée au XIXème siècle
Thorenc en tant que station climatique ne date que du début du siècle. Mais ce lieu a une très vieille histoire. La route passe, en effet, entre deux buttes d'importance inégale : à l'est le château des quatre Tours surplombe la vallée, à l'ouest ont été construites les dépendances dont une partie a été restaurée avec goût.
Des découvertes archéologiques ont permis de constater que Thorenc a été habité dès l'époque la plus reculée ; des haches en silex ont été retrouvées en abondance, de même que des colliers et des ossements humains. De nombreuses enceintes murées couronnent les sommets plus élevés et défendent le passage des cols avec une étonnante stratégie, traces de l'occupation celto-ligure romaine et sarrazine. Les Castellaras de Thorenc et d'Andon, les Oppida de Taurigna, Font-Freye d'Andon, Baoü de l'Aïgo, Barre Claousse témoignent encore de la résistance que la tribu gauloise Adunicates opposa aux légions romaines et, plus tard, aux invasions sarrazines.
Possession de la famille d'Andon, dès 1038, Le Castellaras de Thorenc était une enceinte fortifiée abritant village, château, et chapelle. En 1200, le Castellaras appartenait aux Seigneurs d'Amirat, puis aux Consuls de Grasse, aux Castellane, à Romée de Villeneuve pour être cédé au Comte de Savoie à la fin du 14ème siècle. Il est détruit par une bande de pillards à la fin du 15èm siècle. Le château des Quatre-Tours, ancien manoir fortifié, remanié à plusieurs reprises, appartenait à la famille des Villeneuve du 12ème au 18ème siècle où il fut vendu à Messire de Fanton d'Andon, dont les descendants en sont encore propriétaires. Connu dès 1251, Canaux fait également partie d'Andon.
On ignore si les Templiers vinrent réellement installer une commanderie sur le rocher inexpugnable du Castellaras. Leur présence est avérée dès le 20 mai 1201 à Grasse, mais aucune confirmation sur une éventuelle présence sur Thorenc.
La voie romaine de CImiez à Riez passait non loin du Castrum de Thorenguo ; quelques bornes milliaires avec inscriptions bien conservées en jalonnent encore le parcours, de même que quelques tombeaux et sarcophages. Plus tard, les Templiers posséderont un château-fort, Saint Pierre Serro, au-dessus de La Ferrière. C'est là que subsistent les ultimes vestiges du séjour des Religieux Militaires dans cette région.
Une station climatique réputée au XIXème siècle :
Dans les années 1890 se crée la mode du séjour à Thorenc comme station climatique se servant de la thérapeutique par l'hygiène. A cette époque, la Côte d'Azur se développe sous l’influence d’un tourisme très aristocratique, français, russe, anglais…
C'est à cette période que Mr Maurice Esmonet vint à Grasse à la recherche d'un climat plus favorable avec sa femme gravement malade.
Parti en excursion pour la vallée des Thorencs, il fut émerveillé des qualités particulières et des propriétés climatériques qu'elle présentait, de la pureté, de la sécheresse et de la légèreté de l'air qu'on y respirait et surtout de la faible amplitude thermique (seulement 12°) que l'on pouvait attribuer à l'influence de la mer. Il constata ainsi que sa jeune épouse, souffrante, y avait retrouvé une éclatante santé lors d’un séjour de quelques semaines seulement.
C'est ce qui donna l'idée à M.Esmonet de créer la Station de Thorenc qui, à quelques kilomètres de Cannes, de Grasse et de Nice, sera une station d'altitude incomparable. Cette idée séduit Jean Luce, un banquier de Grasse qui finance le projet: ils font bâtir une station proposant " la cure d'altitude, la seule qui, aux charmes du repos, joigne les effets physiologiques qui renouvellent l'organisme ".
Guy de Maupassant séjournera à Thorenc pendant l'été 1885. À la suite de ce séjour, il publia une nouvelle dont l'action se déroule dans la station climatique, intitulée "Sur les Chats" (chapitre III – Gil-Blas du mardi 9 février 1886).
La station de Thorenc prend véritablement son essor en 1896 et devient alors à la Belle Epoque la résidence estivale et hivernale favorite des touristes dans le pays grassois. Thorenc nommée «La Suisse Provençale» a eu au début du XXème siècle de grands hôtels, un Casino, un hippodrome, des tennis, une piste de patins à glace … drainant une richissime clientèle cosmopolite d’où cette architecture d’influence anglo-russe qui se retrouve dans quelques résidences. Son air bénéfique a vu aussi l’implantation d’un sanatorium dans l’ancien Château du Bas-Thorenc acheté par le Clergé de France pour y accueillir des centaines de religieux malades, ouvert en 1928 (après rachat du domaine de 20 hectares en 1926). Il fut Racheté par le Centre Hospitalier de Grasse, en 1968, ce bâtiment devient alors la maison de retraite de l'hôpital. La bibliothèque s’est alors accrue d’ouvrages de divertissement, romans policiers, livres de poche, textes romanesques, tout en conservant le fonds religieux initial. Le bâtiment a été abandonné en 1978, et depuis la station s'enfonce peu à peu dans l'oubli…
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