Tom WOOD, photographe irlandais,
juillet 4, 2022 | by Nathalie NELIS
Tom WOOD, photographe irlandais,
Expose à Mougins
Par Nathalie Nelis.
L’Irlandais Tom Wood, né en 1951 accepte une commande du DPA (Les Archives de la Photographie Documentaire britannique) qui a pour objet de documenter divers aspects de la société dans le nord-ouest de l’Angleterre : habitat, travail, loisir. Elle ne doit durer que 6 semaines mais elle s’étendra sur 3 ans, de 1993 à 1996. L’exposition, présentée par le centre de la Photographie de Mougins, propose une sélection de séries de photographies en couleur et noir et blanc couvrant toute cette période et présentées par thème.
Tom Wood a tout d’abord étudié les beaux-arts à l’école polytechnique de Leicester. Mais fasciné par le cinéma d’avant-garde, il choisit la photographie et s’installe près de Liverpool. C’est armé de son Leica qu’il arpente les rues de la ville, les chantiers navals du Merseyside. Il fréquente les night-clubs, les pubs, les marchés et les stades de football. Loin du photographe frénétique qui recherche « le » cliché réussit parmi des centaines de photos prises, Tom Wood, est un travailleur acharné. A partir des centaines et milliers de photos, adepte de la chimie, de la chambre noire, de la technique la plus simple à la plus complexe, il produit une œuvre élaborée, esthétique, dont on perçoit l’œil exercé de l’artiste peintre et la fascination qu’exerce sur lui le cinéma.
Nous plongeons dans la vie de cette classe ouvrière galloise, promis à un chômage sans espoir et à un avenir incertain, au moment même où le processus de désindustrialisation est engagé. L’artiste pose un regard sans pathos sur ce drame social. Grâce à sa gentillesse, il établit un rapport simple et spontané avec ces hommes, femmes et enfants qui se prêtent au jeu, en posant sans chichi, le regard grave dirigé vers l’objectif. Il réussit le tour de passe-passe de photographier ces ouvriers tout juste licenciés autour d’une dernière « pint » de bière, comme un témoignage factuel.
Grâce à son côté avenant, Tom Wood établit un rapport simple et spontané avec ces hommes, femmes et enfants qui se prêtent au jeu, en posant sans chichi, le regard grave dirigé vers l’objectif.
Cette terre qui a connu de grands poètes, l’avènement de la pop musique avec les Beatles, connaît l’essor de la consommation d’acide et d’Ectasie.
A l’aveugle, il prend les corps lourds de fatigue et de boissons, enlacés dans un slow, lumières éteintes, brutalement révélés par le flash. Les filles sont apprêtées pour la sortie du « samedi soir », soir de la semaine plein d’espoir de légèreté, d’amour, d’un ailleurs joyeux.
A la sortie du night-club, des jeunes filles assises sur le capot des voitures rappellent des plans de séquence de film de cette époque.
Au-delà du témoignage social, Tom Wood porte une attention toute particulière à la composition, à la manière du peintre : le bâton de rouge à lèvre, au centre du cliché, les verres de bière sur la table en bois vernie du pub.
Que ce soit par le jeu des lignes, des contrastes, du traitement des couleurs, ou de la composition des objets et des personnages, il ne laisse rien au hasard. Il s’en dégage une grande beauté et plus exceptionnel encore, une puissance révélatrice étonnante. Chaque photographie est comme une histoire. Plus on la contemple, plus se révèle un morceau de vie individuelle, une facette de cette société ouvrière en marche vers un changement radical, inéluctable. Le non-dit, ou plutôt le non-montré nous explose au visage et c’est bouleversé que l’on quitte l’exposition.
Exposition à voir sans tarder, Tom Wood au Centre de la Photographie de Mougins, jusqu’au 16 octobre 2022, 43 rue de l’Église ; Tél : 04 22 21 52 12 @centrephotographiemougins
Tom WOOD exposera également Aux Rencontres de la Photographie d’Arles 2022.
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