Insolite
Il faut que vous le sachiez…
Aujourd’hui nous célébrons la disparition du Général de Gaulle, pour qui j’ai la plus grande admiration, mais saviez vous qu’indirectement c’est lui qui donnera son nom au journal satirique « Charlie Hebdo » ?
En effet, dans le concert de louanges qui accompagne la mort de l'homme du 18 juin, l'hebdomadaire satirique « Hara Kiri, journal bête et méchant » détonne en titrant : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Une allusion à un terrible fait divers survenu quelques jours plus tôt : l'incendie d'un dancing de l'Isère (le 5-7*) qui fit 146 morts.
Scandale ! L'hebdomadaire est aussitôt censuré par le ministre de l'Intérieur (Raymond Marcellin), qui l'interdit à « l'exposition et la vente aux mineur ». L'équipe relance aussitôt le journal avec un titre en clin d'œil à « Charlie Brown », héros des Peanuts, mais aussi au prénom du général : « Charlie Hebdo » est né…
* Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1970, 146 personnes ont péri dans l'incendie du "5-7", une discothèque -ou un dancing comme on l'appelle plutôt à l'époque- située à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), ouvert depuis mars 1970 et devenu à la mode en quelques mois. Il faut dire que le lieu n'avait rien à voir avec les bals des parents, des groupes s'y produisaient -comme ce soir-là les Storms, venus du Golf Drouot à Paris- dans un décor de caverne reconstitué en papier mâché et polystyrène expansé. Le tout dans un coin tranquille de Chartreuse, non loin de Voiron et à portée de voiture de Grenoble et Chambéry. On vient même de Lyon pour aller danser au 5-7. Une boîte à la mode, mais dangereuse ! Le 1er novembre vers 1h30, un incendie, parti semble-t-il d'un court-circuit mais ça n'a jamais été confirmé, embrase la salle en dix minutes à peine. Les quelques 180 personnes présentes sont piégées à l'intérieur par des issues de secours bloquées pour éviter les resquilleurs et un tourniquet d'entrée chargé de réguler le flux des clients dans un sens mais qui interdit toute fuite massive. Les victimes sont mortes asphyxiées par les vapeurs de plastique fondu et brûlées. Quand les pompiers arrivent, alertés par un des responsables de l'établissement dépourvu de téléphone, il est bien trop tard…
146 garçons et filles âgés de 14 à 27 ans, venus de toute la région, parfois en car, sont morts. L'impressionnante chapelle ardente dressée dans le gymnase de Saint-Laurent-du-Pont marquera toute une génération. Neuf de ces victimes n'ont jamais pu être identifiées. Depuis 1976, un mémorial a été érigé sur les lieux à Saint-Laurent-du-Pont. La mort du général De Gaulle, huit jours après, éclipsera quelque peu le drame, ce qui permettra au journal satirique Hara-Kiri, ancêtre de Charlie Hebdo, d'ironiser en titrant "Bal tragique à Colombey – 1 mort".
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