Le pape Grégoire IX a déclaré la guerre aux chats au 13ème siècle.
novembre 17, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
Le pape Grégoire IX a déclaré la guerre aux chats au 13ème siècle.
Si les Egyptiens les célébraient pour leur beauté qu’ils tenaient pour quasi mystique (on a même retrouvé dans des tombeaux des momies de chats), les Européens furent bien près de les faire disparaître du continent, par voie de massacres successifs. La responsabilité en revient en grande partie à l’Eglise et à l’obscurantisme qu’elle entretint durant toute la période médiévale, en voyant dans le chat une incarnation diabolique. La pupille verticale de ses yeux milita peut-être en sa défaveur, puisque cette particularité se rencontre aussi chez la vipère – et l’on sait le rôle que la Bible attribua au serpent dans la Genèse ! Il n’empêche, l’attitude de la Chrétienté du Moyen-Age vis-à-vis de ces bêtes inoffensives relève de l’hystérie la plus irrationnelle, fondée sur la création de bouc-émissaire et la volonté politique de terroriser les fidèles.
C’est par une bulle du pape Grégoire IX, en 1233, que le chat fut déclaré « serviteur du Diable », probablement en raison de son appétit sexuel et de ses longues périodes de sommeil diurne : paresse et luxure, le mélange explosif au regard de la « morale » était tout trouvé ! A la même époque, il lui fut tout naturellement attribué un rôle de premier plan dans les actes prétendus de sorcellerie. Au début du XVe siècle, Innocent VII intensifia la persécution des chats, suivi, en 1484, par Innocent VIII qui imposa que les « sorcières » fussent livrées par l’Inquisition au bûcher avec leurs félins favoris – lesquels faisaient l’objet de très ubuesques procès ! Car, bien entendu, aux yeux de ces hommes d’Eglise, la femme et le chat constituaient deux cibles fâcheusement complémentaires, à diaboliser en priorité… Les chats noirs furent, plus que les autres, assimilés au Malin – à moins que leur robe ne comportât une tache blanche sur le poitrail, appelée « marque de Dieu », détail lourd de signification quant à l’alliance du fanatisme religieux et de la superstition. L’extermination par millions de ces animaux eut une conséquence inattendue selon beaucoup d’historiens : la grande épidémie de peste noire qui ravagea toute l’Europe dès la fin du XIVe siècle eut sans doute été moins importante et moins longue si l’on n’avait pas ainsi fait disparaître les prédateurs naturels du rat.
RELATED POSTS
View all