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Georges Méliès.
Le plus grand des pionniers du cinéma.
Avec celui de Louis Lumière, le nom de Méliès est le plus grand de tous ceux des pionniers du cinéma.
En 1895, il est roi de la prestidigitation et directeur du théâtre Robert-Houdin : tour à tour Satan et Cagliostro, il fait couler les pièces d’or des oreilles des spectateurs et transforme les lapins en tourterelles.
Son ami Antoine Lumière, qui tient boutique passage de l’Opéra, le convie un soir au Grand Café pour lui présenter une invention de ses fils. Et c’est la fameuse représentation où l’on vit un train arriver en gare… et entrer dans l’histoire.
Méliès est enthousiasmé, veut acheter à tout prix l’appareil merveilleux dix mille, quinze mille, vingt mille francs.
Auguste et Louis Lumière sont inflexibles :
– « Notre invention n’est pas à vendre. Pour vous, elle serait la ruine. Du reste, elle ne peut être exploitée que comme une curiosité scientifique et bien peu de temps sans doute. Elle n’a aucun caractère commercial ».
Méliès, diable d’homme, ne l’entend pas ainsi. A quoi servirait-il d’être mécanicien, industriel, dessinateur ? Il perfectionne un appareil d’Edison acheté à Londres et, cinq mois plus tard, des « pièces cinématographiques » figurent à l’affiche du théâtre Robert-Houdin.
Successivement, il découvre le truquage, utilise la lumière artificielle. 1897 verra construire, à Montreuil-sous-Bois, le premier studio de prises de vues du monde, aujourd’hui, un pauvre hangar qui abrite quelques gravats…
Fondateur de la chambre syndicale du film, Méliès réalise des centaines d’opérettes, de drames, de féeries. Il évoque tour à tour Robinson Crusoé et Le Juif errant ; digne continuateur de Jules Verne, il imagine Le Voyage à travers l’Impossible.
La guerre, la débâcle… Au hasard d’une conversation, on apprend sa détresse : Méliès vend des jouets et des bonbons dans une boutique de la gare Montparnasse ! Des cinéastes, des journalistes s’indignent de tant d’injustice. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Cruauté du destin, le premier il entre à la Maison de retraite du Cinéma, au château d’Orly. Il y trouvera l’oubli.
Méliès meurt à soixante-dix-sept ans le 21 janvier 1938.
(Article d’André Robert, Le Figaro, édition du 23/01/1938)
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