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L’impératrice Eugénie et le parfum de la violette

avril 3, 2024 | by Jean-Claude JUNIN

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L'impératrice Eugénie et le parfum de la violette


Le 29 février 1879, à Southampton. Un bateau s'apprête à appareiller. Sur le pont, un jeune officier de 23 ans, ému mais souriant, fait des signes à une femme vêtue de noir. Ce sera la dernière vision qu'il aura de sa mère. Ces deux-là ne se reverront plus…


Le jeune homme aux yeux bleus est le prince impérial Louis, fils de Napoléon III. La dame en noir, c'est l'impératrice Eugénie, exilée en Angleterre depuis la chute du Second Empire, et veuve depuis six ans. Le prince impérial a obtenu du gouvernement britannique, alors en guerre contre les Zoulous, l'autorisation de s'engager dans la Royal Horse Artillery. C'est donc sous l'uniforme anglais qu'il va se battre en Afrique du Sud.


Le 1er juin, il part en mission dans la brousse avec une dizaine d'hommes. Soudain, une horde de Zoulous surgit en hurlant et attaque le petit campement. Le prince Louis, armé de son revolver, tient tête désespérément pendant quelques minutes. Mais un javelot l'atteint au ventre ; un autre lui crève l'œil droit. Il s'effondre. Les Zoulous s'acharnent alors sur le mourant ; on retrouvera son cadavre transpercé de 17 coups de sagaie…


Le lendemain, une colonie anglaise va chercher le corps du prince impérial et le ramène à Durban où il est placé sur un bateau en partance pour l'Angleterre…

L'impératrice Eugénie et le parfum de la violette

En apprenant la mort de son fils, l'impératrice Eugénie, nous disent les témoins, " poussa un cri horrible, puis s'effondra, comme hébétée ".


En avril 1880, elle décide de se rendre en Afrique du Sud pour passer le jour anniversaire de la mort de son fils à l'endroit même où les Zoulous l'on tué. Retrouver la tombe paraît mission impossible. On pense à renoncer…


C'est alors qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire. L'impératrice Eugénie se relève soudain comme si elle était touchée par une inspiration subite. Les Anglais la regardent. Elle parait bouleversée :


– C'est par ici ! crie-t-elle.


Et, s'emparant d'une hachette, elle s'enfonce dans la forêt suivie de ses compagnons éberlués.


Marchant droit devant elle, tranchant des lianes, trébuchant à chaque pas elle se dirige sans hésiter vers un point mystérieux. Pendant des heures, ne s'arrêtant pas une seconde, comme poussée par une force surnaturelle, cette femme de 54 ans qui n'a aucune habitude des exercices physiques, marche ainsi sans manifester la moindre fatigue.


Tout à coup, ses compagnons l'entendent pousser un cri de triomphe :


– C'est ici !

L'impératrice Eugénie et le parfum de la violette

Incrédules, ils s'approchent et voient qu'effectivement Eugénie a trouvé, à demi caché dans les broussailles, le tas de pierres amoncelées en forme de pyramide. L'impératrice est tombée à genou et pleure.


Sir Evelyn Wood vient près d'elle :


– Comment avez-vous pu deviner, madame, que ces pierres se trouvaient là ?


Eugénie explique alors qu'au moment où, désespérée, elle allait suivre ses compagnons et rentrer à Dundee, elle a soudain senti un extraordinaire parfum de violette.


– Ce parfum, dit-elle, m'entourait, m'assaillait même avec une telle violence que j'ai cru défaillir. Or, vous l'ignorez sans doute, mon fils avait une véritable passion pour ce parfum. Il en usait à profusion pour ses soins de toilette. Alors, il m'a semblé que c'était un signe. Et j'ai suivi aveuglément cette senteur sans douter un instant qu'elle me mènerait à l'endroit où Louis était tombé… Et vous voyez, j'ai eu raison. C'était bien un signe…


Les Anglais la considèrent avec stupéfaction.


– Maintenant, ajoute-t-elle, soyez gentils. Laissez-moi seule…


Sir Evelyn Wood et ses compagnons se retirent à une centaine de mètre et établissent un campement, tandis que l'impératrice demeure toute la nuit seule, à genoux et en pleurs, auprès de la pyramide de pierre devant laquelle elle a allumé des bougies en guise de cierges.


Selon la rumeur, au petit matin, il se passe un fait étrange : bien qu'il n'y ait pas le moindre souffle de vent, l'impératrice voit tout à coup la flamme des bougies se coucher comme si quelqu'un voulait les éteindre. Très émue, elle demande :


– Est-ce toi qui es là ?… Tu veux que je me retire ?…


Alors, les flammes s'éteignent brusquement.


Et Eugénie s'en va en tremblant rejoindre ses compagnons.


 


Extrait et adaptation de " Histoire Magiques de l'Histoire de France " de Guy Breton et Louis Pauwels

L'impératrice Eugénie et le parfum de la violette

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