22 mai 1809, La bataille d’Essling – May 22, 1809, The Battle of Essling
mai 22, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
Parfois appelée bataille d'Aspern-Essling ou bataille d'Aspern, est une bataille qui mit aux prises les troupes françaises et autrichiennes, dans la banlieue de Vienne, du 20 au 22 mai 1809. Considérée par les Autrichiens comme une victoire et par les Français comme un échec provisoire, elle se solda par la perte d'environ 45 000 soldats (morts, blessés, prisonniers) des deux armées, et en particulier, du côté français, par celle du maréchal Lannes, mort le 31 mai des suites des blessures reçues le 22.
En 1809, l'Autriche, voyant Napoléon embourbé dans l'interminable guerre d'Espagne et sentant son alliance avec la Russie fragile, pense utiliser le meilleur moment pour effacer l'humiliation d'Austerlitz et le dur traité de Presbourg qui s'ensuivit. Alors que l'Autriche passe à l'attaque en Bavière, Napoléon parvient à rassembler en Allemagne une armée très importante, toutefois moins aguerrie que ses unités de vétérans en Espagne.
Alors que Napoléon occupe Vienne le 13 mai, l'archiduc, après avoir détruit les ponts sur le Danube, regroupe son armée à cinq kilomètres au nord-est de la capitale, à proximité de Bisamberg, une hauteur sur la rive gauche du fleuve. Les Français doivent traverser le Danube. Deux possibilités sont retenues : l'île de Schwarze Lackenau en amont de Vienne, et l'île Lobau en aval. Mais à la suite d'une manœuvre manquée du général Saint-Hilaire au matin du 13 mai, les bataillons chargés de s'emparer de Schwarzelaken sont détruits, et les Français se retournent vers Lobau, désormais la meilleure possibilité de passer le fleuve.
Sometimes called the Battle of Aspern-Essling or Battle of Aspern, is a battle between French and Austrian troops, in the suburbs of Vienna, from May 20 to 22, 1809. Considered by the Austrians as a victory and by the French as a temporary failure, it resulted in the loss of approximately 45,000 soldiers (dead, wounded, prisoners) of the two armies, and in particular, on the French side, by that of Marshal Lannes, who died on May 31 as a result of the wounds received on the 22nd.
In 1809, Austria, seeing Napoleon mired in the interminable war in Spain and feeling its alliance with Russia fragile, thought to use the best moment to erase the humiliation of Austerlitz and the harsh Treaty of Pressburg that followed.
While Austria goes on the attack in Bavaria, Napoleon manages to gather in Germany a very important army, however less battle-hardened than his units of veterans in Spain. While Napoleon occupied Vienna on May 13, the Archduke, after having destroyed the bridges over the Danube, regroups his army five kilometers northeast of the capital, near Bisamberg, a height on the left bank of the river. The French must cross the Danube. Two possibilities are retained: the island of Schwarze Lackenau upstream of Vienna, and the island Lobau downstream. But following a failed maneuver by General Saint-Hilaire on the morning of May 13, the battalions responsible for seizing Schwarzelaken were destroyed, and the French turned towards Lobau, now the best possibility of crossing the river.
Côté autrichien, Hiller, Bellegarde et Hohenzollern doivent converger sur Aspern, puis attaquer Essling. La cavalerie autrichienne est au centre, prête à riposter contre toute attaque de la cavalerie française à la tête des colonnes. Le 21 les ponts sont devenus de plus en plus instables, à cause de la violence du courant, du flot des soldats qui traversent sans interruption toute la journée et pendant la nuit, de la crue du fleuve et des objets flottants de toutes sortes qu'envoient les Autrichiens depuis l'amont. Ces ponts seront la clef des batailles d'Essling et de Wagram.
À l'aube du 22, la bataille reprend. Masséna dégage Aspern de l'ennemi, mais en même temps Rosenberg donne l'assaut à Essling. Lannes, qui résiste toujours désespérément, reçoit les renforts de la division de Saint-Hilaire, et repousse Rosenberg. Dans Aspern, Masséna est à son tour repoussé par une contre-attaque de Hiller et de Bellegarde.
On the Austrian side, Hiller, Bellegarde and Hohenzollern must converge on Aspern, then attack Essling. The Austrian cavalry is in the center, ready to retaliate against any attack by the French cavalry at the head of the columns. On the 21st the bridges became more and more unstable, because of the violence of the current, the flow of soldiers who crossed without interruption all day and during the night, the flooding of the river and floating objects of all kinds that send the Austrians from upstream. These bridges will be the key to the battles of Essling and Wagram.
At dawn on the 22nd, the battle resumed. Masséna releases Aspern from the enemy, but at the same time Rosenberg storms Essling. Lannes, who was still resisting desperately, received reinforcements from Saint-Hilaire's division, and pushed Rosenberg back. In Aspern, Masséna was in turn pushed back by a counter-attack from Hiller and Bellegarde.
Le pont allant de la rive droite sur Lobau est rompu ; la réparation va demander un ou deux jours. Napoléon comprend que la bataille ne peut être gagnée. Tout le corps de Davout et les autres troupes restantes, presque trente mille hommes vont rester bloqués, inutiles, sur l'autre rive ; les munitions et le ravitaillement vont vite être épuisés ; l'empereur ne pourra pas alimenter sa percée ; pire, il va s'exposer dangereusement en persistant. Il donne donc l'ordre aux maréchaux d'arrêter l'attaque, puis de se replier, corps par corps et en rendant coup pour coup jusqu'à la tête de pont de la rive gauche.
Les Autrichiens profitent de cette opportunité inespérée. Le commandant en chef Charles, voyant le flottement dans la ligne française, fait donner sa réserve. Lançant l'attaque sur la division Saint-Hilaire, qui protège le recul de l'infanterie, la cavalerie autrichienne l'accable ; Saint-Hilaire est tué, et Lannes doit prendre le commandement pour ramener la division sans la perdre totalement. Il n'est alors que neuf heures du matin : repoussés une première fois d'Aspern, les Autrichiens se lancent sur Essling et s'empare d'une grande partie du village. Reportant son effort vers le centre français, les troupes autrichiennes sont toutefois repoussées par les efforts conjugués de Lannes et de Bessières. L'infanterie de la Jeune Garde, menée par Mouton et Rapp, fond sur Essling et repousse les troupes ennemies.
The bridge from the right bank to Lobau is broken; the repair will take a day or two. Napoleon understands that the battle cannot be won. All of Davout's corps and other remaining troops, nearly thirty thousand men, will remain stranded, useless, on the other bank; ammunition and supplies will quickly run out; the Emperor will not be able to fuel his breakthrough; worse, he will expose himself dangerously by persisting. He therefore ordered the marshals to stop the attack, then to fall back, body by body and returning blow for blow to the bridgehead on the left bank.
The Austrians are taking advantage of this unexpected opportunity. Commander-in-Chief Charles, seeing the wavering in the French line, called in his reserve. Launching the attack on the Saint-Hilaire division, which was protecting the retreating infantry, the Austrian cavalry overwhelmed it; Saint-Hilaire is killed, and Lannes must take command to bring the division back without losing it completely. It was then only nine o'clock in the morning: pushed back for the first time from Aspern, the Austrians launched themselves on Essling and seized a large part of the village. Postponing its effort towards the French center, the Austrian troops are however repelled by the combined efforts of Lannes and Bessières. The infantry of the Young Guard, led by Mouton and Rapp, descend on Essling and push back the enemy troops.
Les pertes sont lourdes du côté des Français : un maréchal, trois généraux, 120 officiers et 5 507 soldats ont été tués. 13 généraux, 616 officiers et 17 940 soldats sont blessés. 14 officiers et 2 474 soldats sont faits prisonniers.
Du côté des Autrichiens, l'archiduc Charles déclare que ses pertes sont de 4 200 morts et 16 000 blessés.
Napoléon perd un de ses meilleurs officiers et ami : le maréchal Jean Lannes, qui meurt des suites de ses blessures. Napoléon abandonne le commandement quelque temps pour visiter et pleurer son ami qu'il sait perdu. Quelle perte pour la France et pour moi ! C'est également le premier maréchal de l'Empire à mourir au combat.
Le maréchal Masséna reçut le titre de prince d'Essling pour le travail qu'il accomplit durant toute la bataille. Du côté autrichien, l'officier de chasseurs dont les efforts avait permis de rompre les ponts français reçut la décoration de Marie-Thérèse, réservée à ceux qui faisaient "plus que leur devoir".
Selon le général Thoumas, seule la rupture des ponts a permis à l'archiduc Charles de remporter un semblant de victoire…
The losses are heavy on the side of the French: a marshal, three generals, 120 officers and 5,507 soldiers were killed. 13 generals, 616 officers and 17,940 soldiers are injured. 14 officers and 2,474 soldiers are taken prisoner. On the Austrian side, Archduke Charles declared his losses to be 4,200 dead and 16,000 wounded.
Napoleon loses one of his best officers and friend: Marshal Jean Lannes, who dies of his wounds. Napoleon gave up command for some time to visit and mourn his friend whom he knew was lost. What a loss for France and for me! He is also the first Marshal of the Empire to die in battle.
Marshal Masséna received the title of Prince of Essling for the work he accomplished throughout the battle. On the Austrian side, the chasseurs officer whose efforts had made it possible to break the French bridges received the decoration of Marie-Thérèse, reserved for those who did "more than their duty".
According to General Thoumas, only the breaking of the bridges enabled the Archduke Charles to achieve a semblance of victory…
Illustrations :
La Bataille d'Essling par Fernand Cormon
L'archiduc Charles à la bataille d'Essling
L'infanterie française dans les rues d'Essling.
Napoléon rendant visite aux blessés de Lobau, peinture de Charles Meynier.
La mort du maréchal Lannes par Paul-Émile Boutigny.
Artwork: The Battle of Essling by Fernand Cormon
Archduke Charles at the Battle of Essling
French infantry in the streets of Essling.
Napoleon Visiting the Wounded at Lobau, painting by Charles Meynier.
The Death of Marshal Lannes by Paul-Émile Boutigny.
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