25 mai 1720, la peste débarque à Marseille – May 25, 1720, the plague lands in Marseilles
mai 25, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
25 mai 1720, la peste débarque à Marseille…
Le Grand Saint Antoine est le navire qui apporta la peste à Marseille en 1720, épidémie qui se propagea à toute la Provence, le Languedoc et le Comtat Venaissin, faisant entre 90 000 et 120 000 victimes en Provence sur une population de 400 000 habitants environ.
Le Grand Saint Antoine était une flûte, un voilier trois-mâts carré, de fabrication hollandaise, partie de Marseille le 22 juillet 1719 pour la Syrie où sévissait alors la peste. Sa cargaison au retour, d’une valeur de 100 000 écus et composée essentiellement d’étoffes précieuses, était porteuse de la bactérie Yersinia pestis de la peste. Le 3 avril 1720, un passager turc embarqué à Tripoli meurt. Sur le chemin du retour, le vaisseau perd successivement sept matelots et le chirurgien de bord. Le capitaine Jean-Baptiste Chataud retourna à Chypre, où il prit une patente de santé. Un huitième matelot tombe malade peu avant l’arrivée à Livourne, en Italie.
La négligence supposée des médecins italiens, qui laissent repartir le navire, jointe à la hâte de Chataud pour livrer avant le début de la foire de Beaucaire, n’arrange rien à l’affaire : le capitaine amarre son voilier près de Marseille, au Brusc, et fait discrètement prévenir les armateurs du navire.
May 25, 1720, the plague lands in Marseilles… The Grand Saint Antoine is the ship that brought the plague to Marseille in 1720, an epidemic that spread throughout Provence, Languedoc and Comtat Venaissin, claiming between 90,000 and 120,000 victims in Provence out of a population of approximately 400,000 inhabitants.
The Grand Saint Antoine was a flute, a square three-masted sailboat, of Dutch manufacture, which left Marseille on July 22, 1719 for Syria where the plague was then raging. His return cargo, worth 100,000 ecus and consisting mainly of precious fabrics, carried the plague bacterium Yersinia pestis. On April 3, 1720, a Turkish passenger embarked in Tripoli died. On the way back, the vessel successively lost seven sailors and the ship's surgeon. Captain Jean-Baptiste Chataud returned to Cyprus, where he took out a health certificate. An eighth sailor fell ill shortly before arriving in Livorno, Italy.
The supposed negligence of the Italian doctors, who let the ship leave, added to the haste of Chataud to deliver before the start of the Beaucaire fair, does not help matters: the captain moors his sailboat near Marseilles, at Brusc , and discreetly informed the owners of the ship.
Les propriétaires font alors jouer leurs relations et intervenir les échevins de Marseille pour éviter la grande quarantaine (celle durant quarante jours). Tout le monde considère que la peste est « une histoire du passé » et l’affaire est prise avec détachement : les autorités marseillaises demandent simplement au capitaine de repartir à Livourne chercher une « patente nette », certificat attestant que tout va bien à bord. Les autorités de Livourne, qui n’ont pas envie de s’encombrer du navire, ne font pas de difficultés pour délivrer ledit certificat.
C’est ainsi que le Grand-Saint-Antoine parvint à Marseille le 25 mai. Il mouilla à l'île de Pomègues jusqu’au 4 juin ; et il fut alors autorisé à se rapprocher des infirmeries d’Arenc (quartier de Marseille) pour y débarquer passagers et marchandises en vue d’une petite quarantaine, puis après le développement de la peste, il fut finalement placé en quarantaine à l’île Jarre le 27 juin 1720.
L’ordre donné, le 28 juillet, par le Régent Philippe d’Orléans de brûler le navire et sa cargaison ne fut exécuté que les 25 et 26 septembre 1720 et la peste eut le temps de s’étendre en Provence et Languedoc. Elle ne fut totalement éradiquée qu’en janvier 1723, avec un bilan effroyable d'environ 100 000 morts sur les 400 000 habitants que comptait la Provence à cette époque.
The owners then use their relations and intervene the aldermen of Marseille to avoid the great quarantine (the one lasting forty days). Everyone considers that the plague is "a story of the past" and the matter is taken with detachment: the Marseille authorities simply ask the captain to return to Livorno to seek a "clear patent", a certificate attesting that all is well on board. The authorities of Livorno, who do not want to encumber themselves with the ship, do not make any difficulty in issuing the said certificate.
This is how the Grand-Saint-Antoine reached Marseilles on May 25. He anchored at the island of Pomègues until June 4; and he was then authorized to approach the infirmaries of Arenc (district of Marseille) to disembark passengers and goods there for a small quarantine, then after the development of the plague, he was finally placed in quarantine on the island Jarred on June 27, 1720.
The order given on July 28 by the Regent Philippe d'Orléans to burn the ship and its cargo was only carried out on September 25 and 26, 1720 and the plague had time to spread in Provence and Languedoc. It was not completely eradicated until January 1723, with an appalling death toll of around 100,000 out of the 400,000 inhabitants of Provence at that time.
En 2016, les résultats d'une étude de l'Institut Max-Planck révèle que cette épidémie de peste était une résurgence de la grande peste noire ayant dévasté l’Europe au XIVe siècle et non une forme moderne. Le bacille yersinia pestis venu par le Grand Saint Antoine et à l’origine de l’épidémie de peste qui a ravagé la Provence, ne venait pas d'Asie, comme on le croyait jusqu'alors, mais descendait directement du responsable de la première pandémie ayant ravagé l'Europe au XIVe siècle. Il est donc resté latent pendant quatre siècles avant de redevenir actif
Une association de plongée sous-marine, l’A.R.H.A., a retrouvé l’épave calcinée du navire en 1978, enfouie entre 10 et 18 mètres de profondeur, au nord de l'Île Jarre (archipel de Marseilleveyre). Les vestiges archéologiques alors remontés sont aujourd’hui exposés au musée de l’hôpital Caroline sur l’île de Ratonneau. L’ancre du Grand-Saint-Antoine, repêchée, a été conservée depuis 1982 dans de l'eau de mer à l'Institut national de plongée professionnelle. Restaurée en 2012, elle pèse près d'une tonne, avec une verge de 3,80 mètres et des pattes de 2,50 mètres. Elle est installée à l'entrée du musée d'histoire de Marseille.
In 2016, the results of a study by the Max-Planck Institute revealed that this plague epidemic was a resurgence of the Great Black Death that devastated Europe in the 14th century and not a modern form. The bacillus yersinia pestis came by the Grand Saint Antoine and at the origin of the plague epidemic which ravaged Provence, did not come from Asia, as it was believed until then, but descended directly from the person responsible for the first pandemic that ravaged Europe in the 14th century. It therefore remained latent for four centuries before becoming active again.
A scuba diving association, A.R.H.A., found the charred wreck of the ship in 1978, buried between 10 and 18 meters deep, north of Jarre Island (Marseilleveyre archipelago). The archaeological remains then reassembled are now on display at the Caroline Hospital Museum on the island of Ratonneau. The anchor of the Grand-Saint-Antoine, fished out, has been kept since 1982 in seawater at the National Institute of Professional Diving. Restored in 2012, it weighs nearly a ton, with a yard of 3.80 meters and legs of 2.50 meters. It is installed at the entrance to the Marseille History Museum.
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