26 mai 1877, naissance d’Isadora Duncan
mai 26, 2025 | by Jean-Claude JUNIN

Isadora Duncan, née le 26 (ou le 27 mai 1877) à San Francisco, et morte le 14 septembre 1927 à Nice, est une danseuse américaine qui révolutionna la pratique de la danse par un retour au modèle des figures antiques grecques. Par sa grande liberté d’expression, qui privilégiait la spontanéité, le naturel, elle apporta les premières bases de la danse moderne européenne, à l’origine de la danse contemporaine. Influencée par son frère Raymond Duncan sur un retour à l’hellénisme et le culte du corps, elle a voulu redonner toute sa place à la beauté, à l’harmonie du corps, osant s’exhiber presque nue, dissimulée seulement par quelques voiles. Par ailleurs, son travail chorégraphique accorde une place particulière à la spiritualité.
Fondatrice de plusieurs écoles de danse aux États-Unis et en Europe, en Russie notamment — où la conduisait son idéal révolutionnaire — elle y épousa en 1922 le poète Sergueï Essenine, dans une union qui ne dura que peu de temps.
En 1895, elle devient membre de la compagnie de théâtre Augustin Daly à New York mais est rapidement déçue par cet art. En 1899, elle décide d’aller en Europe, d’abord à Londres puis, un an plus tard, à Paris. Là, en deux ans, elle obtient le succès et la notoriété. En effet, aidée par Loïe Fuller qui avait déjà acquis beaucoup de succès et qui l’accueille dans sa compagnie en 1902, Isadora Duncan se fait remarquer dans les salons artistiques de Londres, Paris, Berlin et Munich.
À Paris, l’effervescence de la vie de bohème de Montparnasse ne lui convient pas. Elle s’installe à l’hôtel de Biron, rue de Varenne, où elle fonde une académie de danse de 1905 à 1908. Elle y est voisine d’Auguste Rodin, « son ami et son maître » selon son récit Ma vie publiée en 1927 ; elle l’avait connu à l’exposition du pavillon de l’Alma en 1900. En 1909, elle emménage dans deux grands appartements, 5 rue Danton, où le rez-de-chaussée lui sert de logement tandis que le premier étage fait office d’école de danse. Pieds nus, vêtue d’écharpes clinquantes et de fausses tuniques grecques, elle crée un style primitif basé sur l’improvisation chorégraphique pour aller à l’encontre des styles rigides de l’époque. Elle est particulièrement inspirée par la mythologie grecque. Elle rejette les pas de ballet traditionnel pour mettre en valeur l’improvisation, l’émotion et la forme humaine. Isadora Duncan pense que le ballet classique, avec ses règles strictes et ses codifications, est « laid et contre nature ». Un nombre très important de personnes se rallient à sa philosophie, ce qui lui permet d’ouvrir une école et d’y enseigner.
Son importante influence inspire de nombreux artistes et auteurs dans leurs créations de sculptures, bijoux, poésies, romans, photographies, aquarelles et peintures, à l’exemple du personnage d’Élise Angel du roman de John Cowper Powys Comme je l’entends, danseuse librement inspirée d’Isadora Duncan et qui, dans le roman, représente l’amante (libre) du héros principal, Richard Storm, en contraste avec son autre amour, légitime et possessif, Nelly.
Lorsque le théâtre des Champs-Élysées est construit en 1913, son portrait est gravé par Antoine Bourdelle dans les bas-reliefs situés au-dessus de l’entrée, et peint par Maurice Denis sur la fresque murale de l’auditorium représentant les neuf Muses. À cette époque, elle s’installe à Meudon Bellevue et y fonde son école de danse.
En 1922, afin de montrer son adhésion à l’expérience sociale et politique de la nouvelle Union soviétique, elle décide de s’installer à Moscou. Sa notoriété internationale apporte une attention plus que bienvenue sur le ferment culturel et artistique du nouveau régime. Elle rencontre et épouse en mai 1922 le poète Sergueï Essénine. Leur relation tumultueuse, qui l’épuise, et la dureté des conditions de vie sous le régime des Soviets, après la révolution, l’amènent à retourner à l’Ouest en 1924.
Toute sa carrière durant, Isadora Duncan détesta les aspects commerciaux des performances publiques ; elle voyait les tournées, les contrats, et autres aspects pratiques de son métier comme autant de distractions de sa vraie mission : la création de la beauté et l’éducation des jeunes. Pédagogue extrêmement douée, totalement non conventionnelle, elle fut la fondatrice de trois écoles dédiées à la transmission de sa philosophie à des groupes de jeunes filles — sa tentative d’y inclure des garçons se révéla un véritable échec. La première à Grunewald, en Allemagne, donna naissance à son groupe le plus célèbre d’élèves : les Isadorables, qui prirent son nom et dansèrent avec elle, mais aussi de façon tout à fait indépendante. La deuxième école eut une courte existence avant la Première Guerre mondiale, dans un château situé en dehors de Paris ; quant à la troisième école, elle fit partie des tumultueuses expériences menées par Isadora à Moscou pendant la Révolution russe.
L’enseignement mené par Isadora Duncan ainsi que ses élèves lui apportèrent fierté et angoisse. Sa sœur Elizabeth prit en charge l’école allemande et l’adapta à la philosophie germanique de son mari allemand. Les Isadorables furent alors des danseuses à double face imprégnées de l’énergie chorégraphique d’Isadora mais opposées à elle par leur constante volonté de danser dans un but commercial. L’une d’entre elles, Lisa Duncan, était constamment punie pour avoir dansé dans des boîtes de nuit. Et la plus connue du groupe, Irma Duncan, qui resta en Union soviétique après le départ d’Isadora et s’occupa de faire marcher l’école de Moscou, ne cessait de provoquer la colère d’Isadora en autorisant les élèves à danser de façon trop publique et trop commerciale à son goût.
Isadora Duncan meurt tragiquement le 14 septembre 1927 à Nice : le long foulard de soie qu’elle porte se prend dans les rayons de la roue de l’Amilcar GS de son garagiste Benoît Falchetto. Elle est brutalement éjectée du véhicule et meurt sur le coup dans sa chute sur la chaussée. Elle a été incinérée et ses cendres reposent à Paris au columbarium du cimetière du Père-Lachaise auprès de celles de ses enfants (case 6796).
Isadora Duncan tire sa première idée de la danse du rythme des vagues de l’océan Pacifique. Elle est l’une des premières à réagir à la contrainte imposée au corps par le tutu ou par les pointes. Elle danse pieds nus, voire totalement nue, et à l’extérieur. Elle est également l’une des premières à s’affranchir de la musique et à trouver sa propre musicalité interne.
D’après Serge Lifar, la danse nouvelle, invoquée par Isadora, est une prière et ses mouvements doivent diriger leurs ondes vers le ciel en communiquant au rythme éternel de l’univers.
Pour elle, il s’agit en effet surtout d’un renouveau spirituel, personnel et collectif. Elle déclare être venue en Europe pour amener une renaissance de la religion au moyen de la danse, pour révéler la beauté et la sainteté du corps humain par l’expression de ses mouvements, et non pour distraire après-dîner des bourgeois gavés : Danser, c’est prier. Elle pense d’ailleurs construire un temple de la danse, en plus d’une école, lorsqu’elle rencontre Alexandre Scriabine, en 1912. Et elle se produit à Vienne, Berlin et Munich en 1905, accompagnée de dix jeunes chanteurs placés sous la direction d’un séminariste byzantin
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