Il est considéré comme la première manifestation du déclin de l’empire de Chine, incapable de résister à l'Occident. Ce déclin entraîne la Chine, soumise à l'impérialisme tant occidental que nippon, dans une longue période d’instabilité et d'affaiblissement croissant de sa souveraineté.
Les Chinois connaissent déjà l’opium comme analgésique, mais à partir du XVIIe siècle, ils l’utilisent comme drogue ou stimulant. L’opium provient d’Inde, et les Portugais sont les premiers à leur en vendre.
Les Britanniques se lancent dans ce commerce lucratif qui se développe : en 1729, environ 200 caisses d’opium entrent chaque année en Chine ; à la fin du XVIIIe siècle, le chiffre dépasse les 4 000 unités, et en 1838, plus de 40 000 caisses sont vendues par les Américains et les Britanniques.
Les Britanniques exigent d’être payés en lingots d'argent, récupérant ainsi le précieux métal précédemment cédé dans le commerce du thé. La balance commerciale entre la Chine et l'Empire britannique s'inverse rapidement et spectaculairement en faveur des Britanniques. La corruption des fonctionnaires chinois contrôlant le trafic de drogue en Chine devient préoccupante en même temps que la drogue provoque des ravages dans la population. L'Empereur décide alors de réagir en s’en prenant aux intérêts britanniques.
En 1798, le gouvernement du Premier ministre britannique William Pitt envoie une ambassade à Pékin pour négocier un accord sur les échanges commerciaux, sur la base de cette situation nouvelle. L’empereur, refusant de se laisser « forcer la main » à cause de l’opium, préfère fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens.
La cour décide de prohiber l’opium. En 1729, un premier édit, proclamé par l’empereur Yong Zheng (1723–1736), promulgue l’interdiction du trafic d’opium, le considérant dorénavant comme un produit de contrebande.
Cependant le trafic continue, et en 1796, un nouvel édit, proclamé par l’empereur Jiaqing (1796–1821), confirme l’interdiction du trafic de l’opium, sous peine de mort. Cette fois, des sanctions contre les opiomanes sont également prises.
Rien ne semble pouvoir arrêter ce commerce très lucratif : en 1813, une caisse d’opium indien se vend 2 400 roupies, alors que le prix de revient n’est que de 240 roupies. En 1821, un nouveau décret chinois annonce que le commerce n’est plus possible à Huangpu. Le marché se déplace à Lingding, où il se développe de 1821 à 1839. La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) décide alors de contourner l’interdiction et augmente ses ventes illégales d’opium en Chine ; elles passent de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 en 1838. Le commerce des Britanniques en Chine devient enfin excédentaire. En 1835, il y a 2 millions de fumeurs d’opium en Chine.
En mars 1839, Lin Zexu arrive à Canton et établit la liste de toutes les fumeries d’opium, de leurs tenanciers et des vendeurs.
Il confisque tous les stocks d’opium de la ville : il ordonne à leurs propriétaires de venir remettre la drogue en échange de thé. Tous les propriétaires étant étrangers, ils doivent aussi renoncer par écrit au commerce avec les Chinois.
Le surintendant du commerce britannique devra alors coopérer avec Lin. En avril 1839, Lin fait parvenir à la reine du Royaume-Uni, Victoria, un message pour lui dire que la consommation d’opium est interdite en Chine et lui demande d’en faire cesser le trafic.
Le 3 juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 20 291 caisses contenant 1 188 tonnes. Lin édicte un règlement imposant la fouille des bateaux étrangers entrant dans les eaux territoriales chinoises. L’opinion publique se montre favorable à cette interdiction.
Au nom de la défense du commerce, Lord Melbourne, le Premier ministre de la reine Victoria, convainc le Parlement britannique d’envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première guerre de l’opium.
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