La minute de culture générale
Cinq garçons en canoë
Devoir de mémoire…
Jeunes Douaisiens réfugiés à Fort Mahon (Somme) près de Boulogne-sur-Mer, Jean-Paul (1924-2013) et Pierre Lavoix (1922-1981) refusent la défaite. Animés par « la haine des boches », élevés dans le culte de leur grand-père et de leur père, combattants en 1870 et en 1914, motivés par l’appel du général de Gaulle et l’écho des premiers combats des FFL, ils décident de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Ils sont accompagnés de trois amis : Christian (né en 1924) et Guy Richard (né en 1926), du Vézinet, et Reynold Lefebvre (1925-1945), de Saint-Denis. Ils prévoient une traversée en canoë d’une durée d’environ dix heures.
Le soir du 16 septembre 1941, après le passage de la patrouille allemande, ils mettent à l’eau deux canoës en bois équipés de provisions et de voiles et rejoignent le large. Ballottés par la mer, obligés d’écoper l’eau avec une casserole, ils échappent, dans le creux d’une vague, à une vedette allemande. Hissant les voiles, longeant la côte vers le Nord jusqu’au cap Gris-Nez, ils traversent ainsi la Manche.
Le lendemain vers midi, ils renoncent à leur voile et pagaient jusqu’à la côte anglaise proche qu’ils aperçoivent. Mais un vent contraire et une mer déchaînée les obligent à lutter durant des heures. Un Spitfire les aperçoit dans la soirée du 17 septembre et une vedette maritime tente de les secourir sans succès.
Plus tard dans la nuit, épuisés, ils abordent une terre et s’endorment au pied de falaises. À leur réveil, les garçons aperçoivent un port tout proche ; ils y sont accueillis chaleureusement.
Au commissariat, les cinq jeunes hommes sont bien reçus. "Nous passons la journée à être interrogés et admirablement soignés, vêtus d'immense habits de policiers anglais, deux costumes auraient suffi pour nous cinq", écrit Jean-Paul Lavoix. Le lendemain, le car de police les conduit à Londres où ils sont reçus par le général de Gaulle en personne. Une incroyable récompense pour eux. "Celui à qui tous les Français devaient tous leurs espoirs nous reçoit dans son bureau de Carlton Garden. Il nous parle de la France, des Français libres, nous interroge sur notre voyage. Nous étions bien payés de nos peines", puis par Winston Churchill à Downing Street relatent les frères Lavoix dans leur récit paru dans France Libre Nord en 1946
Pierre Lavoix s’engage dans les Forces navales françaises libres. Les quatre autres intègrent l’école des Cadets de la France Libre.
Promu sous-lieutenant et affecté à la 1re division française libre (1re DFL), Reynold Lefebvre meurt, à 20 ans, dans un bombardement près d’Obernai (Bas-Rhin) le 17 janvier 1945.
De gauche à droite, Reynold Lefebvre, Jean-Paul Lavoix, Christian et Guy Richard après avoir intégré l'école des cadets de la France Libre. •
© Association du souvenir des cadets de la France libre
RELATED POSTS
View all