2 août : Porajmos, journée européenne de commémoration du génocide des Roms ;
Elle est reconnue officiellement depuis 2015 par le Parlement européen. Sa date fait écho à la « Zigeunernacht » (la Nuit des Tsiganes, en français) : la nuit du 2 au 3 août 1944, les nazis ont décidé la liquidation du camp des Roms d'Auschwitz-Birkenau, assassinant près de 3 000 personnes…
Les termes « Porajmos » (littéralement « dévorer ») génocide tsigane ou encore holocauste rom, désignent les persécutions envers les Roms pendant la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne nazie, dans les territoires qu'elle occupe et chez ses alliés. Leurs proportions furent telles que la majorité des historiens les considèrent comme constitutives d'un processus génocidaire. Les Roms sont démographiquement la seconde population européenne victime d'une extermination familiale et raciale (après les Juifs d'Europe).
En raison du nomadisme qui concerne beaucoup d'entre eux, et qui les marginalise dans une société sédentaire, les Roms ont été surveillés de près et fichés par la majeure partie des États européens, et ce dès la fin du XIXe siècle, ce qui a facilité les actions violentes menées contre eux.
Il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, des historiens estiment que le nombre des victimes se situe entre 195 800 et 240 150 personnes. Mais ce nombre devrait se situer entre 300 et 500 000, augmentant à mesure que des archives et des fosses sont découvertes, bon nombre des victimes n'ont pas été comptées et ne pourront probablement pas l'être.
Les victimes du Porajmos ont été longtemps oubliées des historiens, et confondues avec les asociaux. En Europe, la reconnaissance de ce génocide est tardive. Le chancelier allemand Helmut Schmidt le reconnaît formellement en 1982.
De 1933 à 1936 les Roms sont internés dans les camps de concentration de Dachau et de Buchenwald pour « insociabilité ».
Avant même l'arrivée au pouvoir des nazis, les Roms sont surveillés par les autorités. Dès leur arrivée au pouvoir (1933) les nazis s'intéressent de près aux Roms. Pour eux, il s'agit de définir une « race » tsigane afin de l'éliminer de la société allemande au nom de la pureté raciale, avec toutefois une difficulté dans l'application de la théorie « aryenne », c'est que les Roms sont censés être eux aussi d'origine indo-européenne. En 1936, ils chargent un tsiganologue (converti au nazisme en 1933), le Dr Robert Ritter, de recenser tous les Roms d'Allemagne. Robert Ritter s'établit à Munich où il a déjà 19 000 dossiers. Pour les compléter il a besoin des dossiers du plus éminent tsiganologue généalogiste d'Allemagne, le Dr Sigmund Wolff de Magdebourg. Or, ce dernier n'est pas nazi et refuse de communiquer ses dossiers, jusqu'au jour où tout lui est confisqué par le ministère de l'Intérieur du Reich sur injonction du Dr Gercke, qui transfère au Dr Ritter toute la saisie. En 1937, le Dr Ritter est rattaché au ministère de l'hygiène raciale de Berlin. En février 1941, le Dr Ritter compte 20 000 Tsiganes ou métis, au printemps 1942 il arrive à 30 000. Il distingue sur des critères ethno-physiques les « purs tziganes » et les « métissés ». Les experts raciaux du Reich pensent que les Roms forment une des dernières populations indo-européennes, mais ils affirment qu'ils ont été corrompus par le métissage et qu'ils menacent la société allemande qui doit éviter tout mélange. Selon une idée commune (et fausse) à l'époque en Allemagne, deux groupes de Roms étaient réputés « racialement purs » (non mélangés et donc aryens) : les Sinti (~13 000 en 1939) et les Lalleri (1 017 en 1942).
Les grandes villes d'Allemagne créent entre 1933 et 1935, sans ordre supérieur des camps d'internement des Roms. À partir de 1936, Arthur Nebe, placé sous l'autorité d'Himmler est chargé de la politique nazie contre les Roms. C'est lui qui est à l'origine de l'ordre de « prévention contre le crime ». Grâce au fichage des Roms, les arrestations systématiques commencent à partir de 1938. En décembre 1938 la loi raciste « contre le danger tsigane » est promulguée : il s'agit d'isoler les Roms du peuple allemand afin d'éviter tout mélange (métissage). Est considéré comme Tsigane quiconque a au moins un grand-parent rom. Les tortures des jeunes filles dans le camp de Ravensbrück et les méthodes pour stériliser les femmes roms témoignent des persécutions. Les Roms non métissés (les Sinti et les Lalleri) ont un passeport brun, les métis ont un passeport bleu ciel, les nomades un passeport gris. Théoriquement, les Roms purs devaient être préservés et isolés mais, en fait, on retrouve beaucoup de Sinti et Lalleri dans les chambres à gaz des camps de concentration, et il est évident que, durant la guerre, savoir si tel ou tel Tsigane était « racialement pur » ou non était le cadet des soucis des fonctionnaires allemands : en tant que Tsiganes ou assimilés, ils étaient condamnés d'avance. De plus, même si ces Tsiganes « purs » officiellement ne devaient pas être assassinés, on les destinait à la stérilisation forcée quand même ; ce qui fait que la politique de génocide s'appliquait à eux aussi finalement. Abattus, gazés ou stérilisés, les Tsiganes d'Allemagne étaient condamnés à disparaître…
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