La Savonneuse de Corrège
« Dans ta main droite, je vois la prison, dans ta main gauche, un asile de criminels. »
Leonarda Cianciulli était une diseuse de bonne aventure, tueuse en série et cannibale italienne qui pratiquait des sacrifices humains pour protéger son fils incorporé dans l’armée lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle transformait ses victimes en savon en mélangeant leurs restes avec de la soude et fit également des gâteaux qu’elle servait à ses clientes en mélangeant le sang de ses victimes à la pâte.
En 1917, Cianciulli épouse un employé du bureau d’enregistrement, Raffaele Pansardi.. En 1930, le couple déménage à Correggio où Cianciulli a ouvert une petite boutique de cartomancie. Elle était très populaire et très respectée dans son quartier.
Cianciulli a eu dix-sept grossesses pendant son mariage, mais a perdu trois des enfants suite à des fausses couchse. Dix autres sont morts dans leur jeunesse. Par peur, souffrant probablement de dépression et d’anxiété, elle protégeait fortement les quatre enfants survivants. Si Leonarda Cianciulli était encore en vie aujourd’hui, on lui aurait probablement diagnostiqué une dépression clinique, l’aurait envoyée suivre une thérapie et lui aurait fait suivre un traitement médicamenteux. Mais dans les années 1930, alors qu’elle vivait dans une petite province nichée dans les montagnes de Matese et Picentini, dans le sud de l’Italie, Leonarda Cianciulli eu recours à la superstition et à la paranoïa.
En 1939, Cianciulli apprend que son fils aîné et enfant préféré, Giuseppe, va rejoindre l’armée italienne en préparation de la Seconde Guerre mondiale. Elle était déterminée à le protéger à tout prix et est arrivée à la conclusion que sa sécurité exigeait des sacrifices humains. Cianciulli a trouvé ses victimes chez trois femmes d’âge moyen, toutes voisines.
La première de ses victimes fut Faustina Setti, qui était venue vers elle pour l’aider à trouver un mari. Cianciulli lui a parlé d’un partenaire approprié à Pola, mais lui a demandé de ne parler à personne des nouvelles. Elle a également persuadé Setti d’écrire des lettres et des cartes postales à des parents et amis. Elles devaient être envoyées par la poste à son arrivée à Pola, pour leur dire que tout allait bien. Préparant son départ, Setti est venue une dernière fois à Cianciulli. Cianciullilui a offert un verre de vin drogué, puis l’a tuée avec une hache et a traîné le corps dans un placard. Là, elle l’a coupé en neuf parties, rassemblant le sang dans un bassin. Cianciulli a décrit ce qui s’est passé ensuite dans sa déclaration officielle :
« J’ai jeté les morceaux dans un pot, ajouté sept kilos de soude caustique, que j’avais acheté pour faire du savon, et j’ai remué le mélange jusqu’à ce que les morceaux se dissolvent dans une bouillie épaisse et sombre que j’ai versée dans plusieurs seaux et vidée dans une fosse septique à proximité. Quant au sang dans le bassin, j’ai attendu qu’il coagule, je l’ai séché au four, moulu et mélangé avec de la farine, du sucre, du chocolat, du lait et des œufs, ainsi qu’un peu de margarine, en pétrissant tous les ingrédients ensemble. J’ai fait beaucoup de gâteaux au thé croquant et les ai servis aux dames qui sont venues nous rendre visite, bien que Giuseppe et moi les ayons également mangées. »
Selon certaines sources Cianciulli aurait reçu l’épargne-vie de Setti, soit environ 30 000 lires, en paiement de ses services…
Francesca Soavi était la deuxième victime. Cianciulli a affirmé qu’elle lui avait trouvé un emploi dans une école pour filles à Plaisance. Comme Setti, Soavi a été persuadée d’écrire des cartes postales à envoyer à des amis, cette fois de Correggio, détaillant ses plans. Comme Setti également, Soavi est venue rendre visite à Cianciulli avant son départ. Elle a également reçu du vin drogué puis a été tuée avec une hache. Le meurtre a eu lieu le 5 septembre 1940. Le corps de Soavi a reçu le même traitement que Setti et Cianciulli aurait obtenu 3 000 lires de sa deuxième victime.
La troisième et dernière victime de Cianciulli était Virginia Cacioppo, une ancienne soprano qui aurait chanté à La Scala. Pour elle, Cianciulli a affirmé avoir trouvé du travail comme secrétaire d’un mystérieux imprésario à Florence. Comme pour les deux autres femmes, elle a reçu pour instruction de ne pas dire à une seule personne où elle allait. Cacioppo a accepté, et le 30 septembre 1940, est venu pour une dernière visite à Cianciulli. Le schéma du meurtre était le même que les deux premiers. Cependant, contrairement aux deux premières victimes, le corps de Cacioppo a été fondu pour faire du savon. Selon la déclaration de Cianciulli :
« Elle s’est retrouvée dans la marmite, comme les deux autres… sa chair était grasse et blanche, quand elle avait fondu, j’ai ajouté une bouteille de Cologne, et après une longue période à ébullition, j’ai pu faire du savon crémeux le plus acceptable. J’ai donné des bars à des voisins et à des connaissances. Les gâteaux aussi étaient meilleurs : cette femme était vraiment adorable. »
De Cacioppo, Cianciulli aurait reçu 50 000 lires, des bijoux assortis et des obligations publiques. Elle a même vendu tous les vêtements et chaussures des victimes…
La sœur de Cacioppo s’est méfiée de sa disparition soudaine et l’a vue pour la dernière fois entrer dans la maison de Cianciulli. Elle fit part de ses craintes au directeur de la police de Reggio Émilia, qui a ouvert une enquête et arrêté rapidement Cianciulli qui fut jugée pour meurtre à Reggio Émilia en 1946. Reconnue coupable de ses crimes elle fut condamnée à trente ans de prison et trois ans dans un asile criminel. Elle décédera d’une apoplexie cérébrale le 15 octobre 1970. Un certain nombre d’artefacts de l’affaire, y compris le pot dans lequel les victimes ont été bouillies, sont exposés au Musée criminologique de Rome…
Une pièce à la fois sombre et comique sur Cianciulli, Love and Magic in Mama’s Kitchen, a été produite pour la première fois par Lina Wertmuller au Festival de Spoleto en 1979. La pièce fut présenté à Broadway en 1983.
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