1er décembre 1832, premier numéro du Charivari
décembre 1, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
1er décembre 1832, premier numéro du Charivari
Le Charivari est un journal français et le premier quotidien illustré satirique du monde, qui parut de 1832 à 1937. Fondé le 1er décembre 1832 par Charles Philipon comme un journal d’opposition républicaine à la Monarchie de Juillet, le journal satirique à vocation distractive s’affirma au cours de son histoire tantôt radical, conservateur, républicain ou encore anti-clérical. Ses auteurs les plus notables furent notamment Taxile Delord ou encore Agenor Altaroche et ses caricaturistes les plus marquants furent entre autres Philipon, Nadar, Gustave Doré, Henri Rochefort, Cham et Honoré Daumier. Il devient rapidement un moyen de communication de l’opposition, dans le même mouvement railleur que l’hebdomadaire La Caricature créé en 1830. Il ridiculise avec entrain la monarchie de Juillet et la bourgeoisie et fut souvent condamné par les tribunaux.
Les lois de septembre 1835, faisant suite aux grèves et aux émeutes de 1833 et 1834, condamneront plusieurs journaux dont La Gazette, La Quotidienne, La Tribune, Le Réformateur et Le Charivari, qui est astreint à un cautionnement de 100 000 francs et doit soumettre ses dessins à l’examen de la censure. Armand Dutacq, directeur-fondateur du journal Le Siècle, rachète Le Droit et Le Charivari. Ces lois entraînent de lourdes peines d’emprisonnement et de fortes amendes pour les gérants des journaux, ainsi Massy subit-il les conséquences de ces lois, alors que la direction du journal revient à Agénor Altaroche, qui fait appel à Eugène Guinot, H. Lucas, Albéric Second, Alphonse Esquiros, Émile de La Bédollière, et les poètes Hegesippe Moreau et Louis-Agathe Berthaud. En 1838 de nouvelles modifications sont apportées à la direction du journal, Altaroche reste rédacteur en chef et s’adjoint comme collaborateurs Albert Cler, Taxile Delord, Clément Caraguel, Laurent-Jan, F. Pyat, Philibert Audebrand et Moléri.
Sous le règne de Louis-Philippe le Charivari soutiendra 20 procès, en août 1847 le gouvernement de Guizot saisit plusieurs journaux, avec parmi eux Le Charivari, La Réforme et La Gazette de France. La loi du 2 juillet 1861 abroge le 1er paragraphe de l’article 32 du décret du 17 février 1852, qui supprimait tout journal ayant eu dans un délai de deux ans deux condamnations ou contraventions, tandis que le senatus-consulte du 18 juillet 1866 interdit toute remise en cause de la constitution ainsi que la publication de pétitions ayant pour objet sa modification. En mai, Le Charivari comme bien d’autres journaux est averti, subissant ainsi les sanctions du gouvernement : l’Empereur ne voulant entendre parler d’une possible liberté de la presse.
En 1846, le tirage moyen du Charivari est de 2 740 exemplaires, contre les 32 885 du journal le Siècle, et son nombre présumé d’abonnés en province est de 1 985, tandis que le Siècle en compte 21 500. En juillet 1858, le Charivari tire à 2 090, et en août 1861, il se place dans la majorité d’opposition aux côtés de l’Opinion nationale, de la Presse, de la Revue nationale et de le Siècle, avec 2 250 exemplaires sur un total de 91 292 pour l’opposition progressiste, alors que la presse officielle impérialiste tire à 52 832 exemplaires. Son tirage, loin d’égaler celui du Siècle, ne dépasse pas les 3 000 exemplaires. En 1866, il est en effet de 2 875 exemplaires, le quotidien est donc mineur dans le paysage de la presse parisienne.
En 1936, le Charivari participe, au côté notamment de Gringoire, à la campagne de calomnies à l’encontre de Roger Salengro, alors Ministre de l’Intérieur du Front Populaire. Roger Salengro était accusé à tort d’avoir déserté en 1916 et la campagne calomnieuse menée à son encontre le fragilisa et le conduisit au suicide en novembre 1936.
En baisse d’audience, le journal disparait en 1937.
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