Observatoire post-incendie feux de forêts
janvier 28, 2022 | by Jean-Claude JUNIN
Observatoire post-incendie feux de forêts
L’ONF mobilise les étudiants…
En région méditerranéenne, la présence de feux de forêts, et plus particulièrement dans le Var, n’est pas une problématique récente. Cependant, la multiplication des grands feux, qui parcourent parfois les mêmes zones que leurs prédécesseurs, peut engendrer des difficultés particulières pour la résilience des milieux. Le seize août 2021, un incendie de forêt s’est déclaré sur la commune de Gonfaron. Il a rapidement pris de l’ampleur en raison de la sécheresse et du vent violent. Le feu, qui a débuté en fin d’après-midi, a impacté les territoires des communes de La Garde-Freinet, Le Luc, Vidauban, Les Mayons, Le Cannet-des-Maures, La Môle, Grimaud et Cogolin. Dix jours après, le feu est officiellement déclaré éteint. Le feu a parcouru 8100 hectares, 7100 hectares ont été brûlés.
Fin 2021, l’Office national des forêts (ONF), le Centre national de la propriété forestière (délégation Provence-Alpes-Côte d’Azur) (CNPF PACA), l’Association syndicale libre Suberaie varoise, sous la gouvernance du Syndicat mixte du massif des Maures, ont lancé un appel à projet pour des étudiants, dans le cadre de la phase de restauration des terrains après l’incendie d’août 2021. Il s’agissait d’un travail de bibliographie et de prospection auprès d’acteurs du territoire et d’experts afin d’amorcer la réflexion sur la création d’un observatoire post-incendie de Gonfaron. Sept étudiants d’AgroParisTech Nancy se sont investis dans ce travail d’investigation.
La reconstitution post-incendie
La question de la reconstitution après incendie s’est rapidement posée, sous l’égide du Syndicat mixte du massif des Maures, qui regroupe les acteurs du territoire : dans un premier temps, expertise et réalisation de travaux de sécurisation d’urgence vis-à-vis des risques d’inondations, de chutes d’arbres et de chutes de blocs ; dans un second temps, définition des actions de reconstitution des terrains incendiés (en cours). Le principe d’installer un observatoire pour étudier et suivre différentes modalités de restauration est alors apparu pertinent afin d’apprendre de ce sinistre et créer les conditions pour progresser à l’avenir.
Dans le cadre de ce projet, plusieurs missions ont été confiées aux étudiants :
La réflexion sur un observatoire post-incendie en prenant en compte les différents gradients d’intervention (de la non-intervention jusqu’à la reconstitution par plantations) et les différents enjeux de la forêt de façon intégrée : sylvicole, biodiversité, paysage, risques naturels, risques incendie, sécurisation des biens et des personnes, effets induits par les changements climatiques en cours ;
La localisation de l’observatoire ainsi que des propositions sur son suivi : paramètres clés, données à prendre en compte en fonction des moyens actuels et à venir, technologies utilisables, protocoles, échantillonnage pour réaliser des statistiques, pas de temps nécessaires…
La réflexion sur les retours d’expérience de sylvicultures adaptées ou non dans la zone parcourue par le feu via une comparaison des modalités de gestion, dans le cadre d’une réflexion prospective préventive qui pourra inclure des dispositifs innovants.
Ces réflexions et propositions ont été placées sous le signe de la gestion multifonctionnelle de la forêt méditerranéenne en croisant différents enjeux : environnement, social, production de bois et risques naturels. Les étudiants d’AgroParisTech – Nancy ont travaillé durant trois semaines sur le sujet en s’appuyant sur les points suivants. Ils ont tout d’abord établi un état des lieux préalable : état avant et après incendie, données environnementales existantes, usages présents sur ce territoire. Ils ont ensuite réalisé une étude bibliographique sur la restauration des terrains incendiés en se posant entre autres les questions ci-après : Qu’est-ce qui se fait dans d’autres forêts déjà parcourues par le feu ? Existe-t-il des études en France et/ou à l’étranger sur le sujet ? Quels sont les différents travaux post-incendie envisageables ? Après avoir analysé ces données, une réflexion a été menée pour orienter les choix d’implantation, de données à suivre et de temps nécessaire pour la mise en place et le suivi d’un observatoire.
Un travail d’enquête afin de connaître les besoins, les enjeux et attentes des acteurs du territoire a été réalisé. Des entretiens sous forme d’échanges avec les acteurs du territoire se sont déroulés le long de leur projet : Syndicat mixte du massif des Maures, ONF, CNPF (délégation Provence-Alpes-Côte d’Azur), Centre d’Études et de Réalisation Pastorales Alpes-Maritimes (CERPAM), Réserve naturelle nationale (RNN) de la plaine des Maures, Syndicat des producteurs de châtaignes du Var, ASL Suberaie varoise, Conservatoire d’espaces naturels (CEN) PACA, Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Var, Association des Communes forestières (COFOR) du Var, Communauté de communes Cœur du Var, Communauté de communes du Golfe-de-Saint-Tropez et Communauté de communes Méditerranée Porte des Maures.
L’observatoire
Un observatoire est un dispositif expérimental qui permet d’analyser la dynamique d’un milieu dans le temps. Ici, les questions auxquelles cherche à répondre l’observatoire post-incendie sont :
Quels sont les enseignements à tirer de l’incendie de Gonfaron, d’une part, concernant l’évolution naturelle des milieux suite à un incendie en fonction de l’intensité et de la récurrence du feu, et d’autre part, à propos de l’efficacité des mesures de restauration des terrains incendiés ?
Quelles sont les méthodes de restauration qui répondent au mieux aux différents enjeux présents sur le territoire, sur le court et le long terme ?
Sur les 7100 hectares parcourus par le feu, 9% sont qualifiés de détruits et 75% d’endommagés. De plus, certaines zones ont déjà été brûlées par d’autres incendies au cours des dernières décennies : les plus marquants ont eu lieu en 1979 et en 2003. Plusieurs méthodes à suivre dans le temps ont été retenues : la libre évolution, la récolte de bois manuelle et le fascinage (mise en place de fagots de branches fixés par des pieux et recouverts de terre), la coupe définitive en exportant l’arbre entièrement ou en laissant les rémanents sur place, le recépage (coupe d’arbres au pied de la souche afin d’obtenir de nouvelles pousses), l’éclaircie sélective, la plantation ou le broyage alvéolaire avec pastoralisme. Ces protocoles pourront être sélectionnés selon les objectifs et les moyens financiers et humains.
Ce projet étudiant s’apparente à une pré-étude pour la mise en place d’un observatoire post-incendie, qui aura pour objectif de bâtir un réel suivi des méthodes de restauration, crucial pour les appliquer au mieux dans d’autres zones incendiées et acquérir de la connaissance sur leurs effets. Cela s’inscrit dans une logique d’anticipation, de prévention et de restauration adaptée aux enjeux liés à l’augmentation de la fréquence des incendies, voire des méga-feux, tout en tenant compte de la résilience des forêts face au changement climatique. Cette action va être poursuivie en 2022 par les différents acteurs pour donner suite à des réflexions sur la gouvernance de ce projet et après un travail plus fin sur le rendu des étudiants pour le rendre opérationnel.
L’Office national des forêts et le Centre national de la propriété (CNPF) (délégation Provence-Alpes-Côte d’Azur) s’associent pour faire découvrir les forêts méditerranéennes en images. Le dessinateur Cire a pris son crayon pour croquer les forêts régionales et ce qu’il s’y passe…à travers les yeux de Squirou, l’écureuil curieux de tout.
Pour en savoir plus sur les planches de BD :
ONF : https://www.onf.fr/vivre-la-foret/+/add::la-foret-mediterraneene-en-image.html
CNPF (délégation PACA) : https://paca.cnpf.fr/n/avec-squirou-l-ecureuil-la-foret-mediterraneenne-en-image/n:4030
RELATED POSTS
View all