Adapter les forêts aux effets du changement climatique
mars 22, 2022 | by Jean-Claude JUNIN
Adapter les forêts aux effets du changement climatique
Un enjeu essentiel et une stratégie d’actions
Dans les Alpes-Maritimes et le Var, territoire forestier aux multiples facettes qui dispose de 693 000 hectares boisés répartis entre forêt publique (environ 230 000 hectares) et forêt privée, les données de description actuelle des boisements sont ponctuelles ou très limitées, hétérogènes, asynchrones (descriptions au rythme du renouvellement des documents de gestion) et évolutives en raison du changement climatique.
Dans ce contexte, la méconnaissance de la ressource ligneuse et des services écosystémiques forestiers, et de leurs dynamiques dans le contexte du changement climatique, est un obstacle majeur à la mise en œuvre d’une gestion durable ambitieuse par l’Office national des forêts. La forêt constitue un réservoir de biodiversité pour le territoire. Pourtant, au-delà des périmètres protégés, l’enjeu environnemental, tout comme le stockage du carbone, n’ont que peu de moyens pour être qualifiés et surtout, quantifiés.
L’opportunité d’un vol Lidar
Le Lidar est un instrument de mesure, qui appartient à la famille des radars et sonars. Placé sous un avion ou un hélicoptère, un laser balaye le sol en envoyant un grand nombre d’impulsions à la seconde, lequel lui renvoie un écho récupéré par le capteur. Couplé à la géolocalisation de l’appareil porteur (GPS de l’avion et dispositifs de correction dans tous les plans), le résultat est une image 3D de la surface du sol à une précision et à une échelle inédite offerte par l’altitude et les distances parcourues en vol. Cette promesse de cartographie haute résolution de l’ensemble des forêts des Alpes-Maritimes et du Var offre aux différents acteurs forestiers une opportunité exceptionnelle pour apporter des réponses aux enjeux forêt-bois, environnementaux et de transition énergétique.
Les principaux objectifs des vols Lidar sont : affiner la connaissance des forêts du territoire et de leurs ressources, améliorer le suivi de la biodiversité afin de mieux la protéger, suivre les effets du changement climatique dans les territoires pour adapter les forêts et augmenter leur résilience, assurer le suivi du stockage carbone dans les écosystèmes forestiers, développer les investissements forestiers. Ainsi, l’ONF se mobilise pour mettre en place, à l’occasion de cette campagne, une stratégie afin d’utiliser de manière optimale les données récoltées et d’établir une cartographie des peuplements forestiers.
L’observatoire, un dispositif innovant
L’installation d’un observatoire permanent des forêts des Alpes-Maritimes et du Var présente un caractère très innovant. L’observatoire a un intérêt pour suivre le stock et le flux de carbone séquestré en forêt, notamment dans une période où la forêt se transforme sous l’action du changement climatique et peut en arriver à avoir un bilan carbone négatif (baisse de la quantité de carbone piégée en forêt, ainsi que pour faire de la prospective sur la récolte de bois possible et permettre aux industriels (scierie, cogénération d’électricité et de chaleur) de planifier leurs investissements. À l’échelle nationale, seuls trois départements disposent déjà d’un tel observatoire : l’Ain dans sa partie montagneuse, la Savoie et la Haute-Savoie. Ainsi, il s’agit d’un dispositif dont les potentialités sont encore loin d’être totalement explorées. Disposer d’un réseau de placettes à une échelle départementale reste très rare : ce sera la deuxième expérience au niveau national.
Le réseau de placettes sera implanté de la façon suivante : 400 placettes pour les Schémas Régionaux d’Aménagement (SRA) des Montagnes Alpines, 250 placettes pour les SRA Préalpes du Sud et 300 placettes pour les SRA Méditerranée Basse Altitude. Les SRA sont des documents de planification forestière qui encadrent l’élaboration des aménagements forestiers, feuille de route de la gestion durable des forêts publiques qui donne un cap et les grandes orientations sylvicoles d’une forêt, appartenant à l’État ou aux collectivités territoriales, pour une durée de vingt ans environ. Les SRA ont pour but de cadrer la gestion durable des forêts mais aussi de la pérenniser. Le maillage a donc été défini selon les SRA mais également en fonction des enjeux sociaux, environnementaux et sylvicoles qui concernent les forêts du territoire.
Le projet se déroulera sur trois ans : il a été lancé le 21 mars 2022, à l’occasion de la Journée internationale des forêts et se clôturera fin décembre 2025.
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