Le monde de la parfumerie perd l’un de ses plus grands noms

Le monde de la parfumerie perd l’un de ses plus grands noms

Olivier Pescheux

Le parfumeur, qui composait pour Givaudan depuis 24 ans, s’est éteint le 10 juillet des suites d’une longue maladie, à 57 ans.

C'est à l'âge de 10 ans, après avoir vu le film « Le Sauvage » d'Yves Montand et Catherine Deneuve, qu'Olivier Pescheux s'est mis en tête de devenir parfumeur. Il orienta ainsi ses études en ce sens et fut diplômé d'un DEUG de chimie. Puis, il entra à la prestigieuse école de parfumerie de Versailles, ISIPCA. Une fois diplomé de l’ISIPCA, il part pour effectuer son service militaire à Bangkok pour Payan Bertrand, la célèbre société grassoise.  De retour à Paris, il intègre les parfums Annick Goutal avant de rejoindre Kao Corporation. Il avait intégré Givaudan en 1999 et connaît son premier succès en 2001 avec Higher pour Christian Dior (qu’il cosigne avec Olivier Gillotin). Olivier Pescheux est également l’auteur, avec Christophe Raynaud et Michel Girard, du blockbuster sensuel et viril 1 Million pour Paco Rabanne (2008) au flacon figurant un lingot d’or. Plusieurs déclinaisons suivront, qu’il co-signera.

En 2010 il avait reçu le prestigieux Prix François Coty (désormais Prix du Phénix) pour « la grande diversité de ses créations »

Plus récemment, en 2018, il avait offert une conférence, sur le Patchouli, un parfum mythique, au Musée du Parfum Fragonard à Paris, dont il disait : « Le patchouli, une matière importante sur la palette du parfumeur. Pour moi, cette odeur est sèche, terreuse et boisée, avec des accents fumés. Certains la comparent à la senteur d’un bouchon de vin, alors que pour d’autres, elle évoque une pomme trop mûre. Soit on l’extrait, soit on distille ses feuilles de patchouli. Mais lorsqu’on isole les molécules intéressantes, on obtient une huile essentielle de grande puissance. C’est un parfum à double facette avec quelque chose de très organique qui exhale la chaleur de l’humus, mais aussi la terre desséchée et pulvérulente des routes asiatiques avec une fraîcheur camphrée très pure et aérée, qui sent le linge propre ».

Ce patchouli, tantôt plébiscité, tantôt décrié au cours de son histoire, est bien connu des parfumeurs. Originaire d’Indonésie, ses feuilles étaient au XVIIIe siècle, glissées entre les châles en cachemire ramenées en Europe. Apprécié par les demi-mondaines du Second Empire puis par les Hippies dans les années 70, il est de nouveau estimé aujourd’hui. Ses notes sont camphrées, cuirées, boisées, puissantes, terreuses…. Olivier Pescheux est le créateur de l’eau de toilette Patchouli de Fragonard.

Crédit photo : Givaudan