29 janvier 1635 Fondation de l’Académie française par Richelieu
janvier 29, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
29 janvier 1635 Fondation de l’Académie française par Richelieu
L’Académie française, fondée en 1634 et officialisée en 1635 par le cardinal de Richelieu, est une institution française dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs, et est la première des cinq académies de l'Institut de France.
La mission qui lui est assignée dès l’origine, et qui sera précisée par lettres patentes de Louis XIII le 29 janvier 1635, est de travailler à « donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Dans cet esprit, elle compose un Dictionnaire de l'Académie française, dont la première édition est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d'élaboration. Elle attribue également des prix littéraires, dont le plus renommé est le Grand prix de littérature de l'Académie française.
L'Académie française rassemble des personnalités qui ont illustré la langue française : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens, scientifiques, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.
Il n'existe aucune condition de titres ou de nationalité pour entrer dans la Compagnie, sinon celle d'avoir illustré la langue française.
Les statuts sont élaborés durant toute l'année 1634, statuts à caractère prescriptif visés par le Cardinal en 1635. Conrart en dresse les lettres patentes signées par Louis XIII le 29 janvier 1635 (date traditionnellement attribuée pour la naissance officielle de l'Académie française) et enregistrées par le Parlement de Paris en 1637. Les statuts et règlements sont signés le 22 février 1635. Treize nouveaux membres, appelés jusqu’en 1636 du nom d’« Académistes » (« académiciens » à partir du 12 février 1636), sont admis à siéger avec le groupe initial des 9 membres. Valentin Conrart en devient le premier secrétaire perpétuel de 1634 à 1675, Richelieu est nommé « père et protecteur » de ces lettrés au départ quelque peu rétifs (depuis le protectorat de Louis XIV, chaque chef de l'État français demeure le protecteur de l'Académie, approuvant ou non l'élection d'un membre). Un des premiers travaux de cette Académie est d'arbitrer la querelle entre Georges de Scudéry et Pierre Corneille concernant Le Cid. En 1637, sur l'insistance de Richelieu, Jean Chapelain rédige Les sentiments de l'Académie Française sur la tragi-comédie du Cid.
Le livre Histoire de l'Académie françoise (premier volume paru en 1653) écrit par un de ses membres, Paul Pellisson (le second de l'abbé d'Olivet relatant son histoire est paru en 1729), rédigé à partir des registres de l'Académie française et sous l'influence des académiciens (d'autant plus que Pellisson souhaite intégrer la compagnie), est la source unique sur la fondation de l'Académie. Pellisson considère qu'elle n'a aucune finalité savante — comme l'académie de Baïf fondée en 1570 et l'académie de Mersenne — ou finalité politique — comme l'académie des frères Dupuy —, mais son récit omet que le cercle Conrart réunit des hommes de plume, de grands aristocrates et a aussi pour vocation de s'échanger des informations pour offrir au groupe une position privilégiée sur l'espace socio-politique de l'époque. De plus, l'Académie donnant son avis sur les œuvres littéraires (voir son intervention dans la « querelle du Cid »), Richelieu y voit un moyen de contrôle sur la vie intellectuelle et littéraire française. Dans sa volonté de rassembler, Richelieu veut que la langue française soit l'affaire des représentants des divers domaines du savoir (ecclésiastiques, militaires — le premier est le duc Armand de Coislin en 1652 —, diplomates, puis écrivains et philosophes — le premier est Montesquieu en 1727 — sous Louis XV qui menace de supprimer l'Académie qui prend son indépendance grâce aux Lumières) et décide que l'Académie s'ouvre à quarante membres égaux et indépendants, donc qu'elle ne soit pas subventionnée.
Le caractère officiel de cette compagnie de « beaux esprits » étant établi, elle se réunit d’abord chez tel ou tel de ses membres, puis chez le chancelier Pierre Séguier à partir de 1639, est hébergée à la mort de Richelieu en 1642 par Anne d'Autriche grâce à l'intervention de l'académicien Vincent Voiture, interprète de la reine mère, sur les conseils de Colbert elle est transférée au Louvre à partir de 1672.
En 1694 paraît la première édition du Dictionnaire de l'Académie française.
Votre soutien nous est plus que jamais indispensable :
2€, 5€, ou plus : soutenez GrasseMat’.Info votre journal de proximité.
RELATED POSTS
View all