L’ange de Diên Biên Phu
Geneviève de Galard est décédée ce jeudi à 99 ans
La photo de son retour de Diên Biên Phu, en Indochine, avait fait le tour du monde. Tout juste sortie de l’enfer, le 5 juin 1954, Geneviève de Galard, 29 ans, fait la une de Paris Match, habillée d’une combinaison verte de parachutiste. L’hebdomadaire titre La France accueille l’héroïne de Diên Biên Phu. Surnommée « l’ange de Diên Biên Phu »
Elle fut la seule femme présente dans l'enfer de Diên Biên Phù, qui tourna au fiasco pour l'armée française face au Viêt-Minh communiste, devenant un cimetière à ciel ouvert pour 3.400 de ses soldats. Née à Paris le 13 avril 1925, Geneviève de Galard-Terraube a grandi dans une vieille famille aristocratique. Un aïeul aurait combattu avec Jeanne d’Arc. Elle perd à neuf ans son père, officier. Un deuil douloureux, qui la rend très sensible à la souffrance d’autrui. Devenue infirmière, elle a déjà géré des situations difficiles en Afrique quand elle signe en 1953 un contrat de convoyeuse de l’air et se porte volontaire pour l’Indochine. Elle accompagne dans les Dakota médicalisés les blessés depuis Diên Biên Phu mais, avec les bombardements incessants, les évacuations deviennent très difficiles...
L’un des avions d’évacuation sanitaire qu'elle convoyait fut détruit par des tirs en atterrissant à Diên Biên Phu le 28 mars 1954. Armée d’une simple trousse de premiers secours et de sa foi indéfectible, elle officie à l’antenne chirurgicale. Elle refait des pansements à la lumière de lampes de poche, administre des piqûres au Phénergan, réconforte les blessés, des hommes souvent plus jeunes qu’elle au regard « d’enfants égarés ». Durant deux mois, elle demeura sur place, "seule infirmière dans cette nasse tropicale où quinze mille hommes luttaient et mouraient», « Quand vous descendez dans mon abri, mon moral remonte de 100 % », lui murmure l’un. « Quand ce sera fini, Geneviève, je vous emmènerai danser », lui promet un légionnaire, amputé des deux bras et d’une jambe. « Le bruit des bombardements était infernal et, lors de l’accalmie du matin, on savait que d’autres brancards allaient nous arriver », raconte-t-elle en 2014 à l’AFP. Parfois, il n’y a plus rien à faire. Certains meurent dans ses bras.