
17 juillet 1453, la bataille de Castillon,
La bataille de Castillon eut lieu le 17 juillet 1453 entre les armées de Henri VI d'Angleterre et celles de Charles VII de France. Cette victoire décisive pour les Français est l'avant-dernière bataille de la guerre de Cent Ans. Elle marque la première utilisation massive de l'artillerie de campagne dans une bataille, créée par les frères Gaspard et Jean Bureau.
À la suite de la reconquête de la Normandie (campagne de 1450), les Français dirigent leurs efforts vers la seule région encore aux mains des Anglais. La Guyenne est presque reconquise par les Français, mais les exigences de Charles VII heurtent les intérêts des partisans de l’Angleterre. L’armée anglaise commandée par le vieux soldat John Talbot, reprend la ville un an plus tard à la grande satisfaction des habitants, dont la prospérité dépend largement du commerce avec l'Angleterre. Talbot est nommé lieutenant général de Guyenne. Le reste de la province se rebelle contre le roi de France. Charles VII envoie à son tour une armée pour reconquérir la Guyenne, en 1453.
L'armée française est commandée collégialement par les maréchaux de France André de Lohéac et Philippe de Culant, l'amiral Jean de Bueil et d'autres seigneurs. Un corps d'armée descend la vallée de la Dordogne et arrive le 13 juillet devant le château de Castillon, tenu par les Anglais. Il s’apprête à l'assiéger mais veut d'abord attirer les Anglais dans un piège. L'armée comprend 1 800 lances fournies, soit 7 200 combattants de cavalerie, 800 francs-archers, l'artillerie des frères Bureau, et des auxiliaires de cavalerie envoyés par le duc de Bretagne. L'artillerie est sous les ordres de Jean Bureau, trésorier général de France (1441), et de son frère Gaspard, grand-maître de l'artillerie (1444). Jean Bureau choisit un terrain au nord de la Dordogne pour y placer ses canons. Le camp est installé derrière un ancien lit sinueux de la Lidoire, petit affluent de la Dordogne. Le lit sert de fossé et sa rive nord est aménagée en parapet, avec un rempart continu en troncs d'arbres. Le camp retranché, qui fait 600 mètres de long, est gardé au nord, à environ 1,5 km, par les 1 000 hommes de la cavalerie bretonne, dissimulés sur la colline d'Horable, commandés par les sires Jean de Montauban-de-Bretagne et Gilles de la Hunaudaye. La plaine de Colle, sur l'actuelle commune de Lamothe-Montravel, entre le camp retranché et la Dordogne, est un terrain plat idéal pour les tirs de l'artillerie française. Jean Bureau dispose d'un parc considérable, d'au moins 300 canons, servis par 700 manœuvriers. Cette grosse et menue artillerie du roi, mobile, montée sur chariots, avec des bouches à feu tirant des boulets de fonte de différents calibres constitue une véritable artillerie de campagne, une innovation militaire de première importance à cette époque où l'artillerie était généralement utilisée pour les sièges. Jean Bureau dispose ses canons en direction de la plaine au sud et prépare ses positions de tir.
Talbot sait ses forces plus faibles que celles de son adversaire. Les Français envahissent la Guyenne par trois colonnes. Il est dès lors souhaitable d'attaquer en premier, en détruisant séparément les trois corps, avant leur regroupement. Il subit aussi les pressions des vignerons qui craignent de longs combats sur leurs terres et redoutent que les affrontements se poursuivent jusqu'aux vendanges. Bien qu'il soit prudent et très expérimenté, le vieux Talbot, informé de l'arrivée des Français à Castillon, décide de passer à l'attaque. À l'aube du 17 juillet, son avant-garde surprend et disperse un détachement de francs-archers français commandés par Jacques de Chabannes et Joachim Rouault, qui sont en avant-poste dans l'abbaye de Saint-Laurent, au nord de Castillon, en bordure de la route de Bordeaux. Cent à cent-vingt Français sont tués et les autres s'enfuient vers le camp retranché. Les Français qui assiègent le château de Castillon se replient aussi dans le camp. Des habitants signalent aux Anglais des mouvements de cavalerie sortant du camp à l'Est. Ces diverses observations font penser à Talbot que son adversaire prépare son retrait et que c'est le bon moment de l'attaquer, sans grand risque.
Talbot pénètre dans la plaine de la Colle, au sud des forces françaises. Les limites sinueuses du camp retranché et ses parapets ne lui permettent pas d'apprécier aussitôt la composition et l'importance des forces adverses. Talbot ne dispose que de peu d'artillerie, qui n'est d'ailleurs pas encore arrivée, et doit livrer initialement un combat d'infanterie. Il donne l'assaut dès qu'il est arrivé devant le centre du camp français plutôt que d'attendre l'arrivée de l'ensemble de ses forces. L'attaque est contenue par les Français. Talbot lance de nouveaux assauts qui sont chaque fois repoussés au corps à corps. Entre temps, Jean Bureau a pu ajuster ses positions en fonction de celles des Anglais. Il lance les tirs en enfilades de toutes ses bouches, presque à bout portant sur des Anglais surpris. La canonnade a un effet dévastateur sur les effectifs anglais. Les soldats anglais, sous l'effet de la surprise, commencent à s'inquiéter. Talbot fait mettre pied à terre aux cavaliers mais reste en selle, en raison de son grand âge. Un boulet de couleuvrine tue son cheval et lui brise une jambe. Fidèle au serment fait à Charles VII, il est sans arme ni armure et ne porte aucun signe de distinction de sa qualité. Non reconnu lors de l'attaque des Français, il est tué par un archer.
Avec la bataille décisive de Castillon, la Guyenne entière à l'exception de Bordeaux redevient française, et le restera par la suite. Les Anglais sont boutés hors de France. Ils ne conserveront plus en France que la place forte de Calais.
Survenant quelques semaines après la prise de Constantinople par les Turcs, la bataille de Castillon passe presque inaperçue des contemporains.
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