
18 juillet 64, l’incendie de Rome.
Le grand incendie de Rome a frappé la ville de Rome sous le règne de l'empereur Néron.
L'incendie éclata dans la nuit du 18 juillet 64 dans la zone du Circus Maximus et sévit pendant six jours et sept nuits en se propageant pratiquement dans toute la ville. Trois des quatorze régions (quartiers) qui constituaient la ville furent complètement détruites, tandis que dans sept autres les dommages furent plus limités. Seules quatre régions étaient intactes. Les morts se comptèrent par milliers et on dénombra environ deux cent mille sans-abris. De nombreux édifices publics et monuments furent détruits, ainsi qu'environ 4 000 insulæ et 132 domus. Au moment de l'incendie, Rome, proche de son apogée, était une des plus importantes métropoles de l'Antiquité. Elle comptait environ 800 000 habitants.
À cette époque, les incendies se déclaraient à Rome, comme dans la plupart des grandes villes, avec une certaine fréquence. Ceci était favorisé par les caractéristiques de construction des édifices antiques, constitués en grande partie d'éléments en bois (plafonds, balcons, etc.), et qui pour la plupart utilisaient des braseros pour l'éclairage, la cuisine et le chauffage. Les voies de circulation étaient étroites, sinueuses et l'accotement des insulæ facilitait la propagation des flammes. La lutte contre les incendies était assurée à Rome par un corps d'intervention constitué par sept cohortes de vigiles (les Vigiles urbani) qui s'occupaient aussi de l'ordre public. Les cohortes de vigiles étaient éparpillées, avec des casernes et des corps de garde (excubitoria), dans chacune des quatorze régions augustéennes. La lutte contre les incendies était malgré tout gênée par l'étroitesse des espaces de manœuvre et par la difficulté d'acheminement de l'eau où elle était nécessaire.
Selon Tacite, l'incendie, ayant débuté près du Circus Maximus, a été alimenté par le vent et par les marchandises des boutiques et s'est étendu rapidement à l'intérieur de l'édifice. Il est ensuite remonté sur les hauteurs avoisinantes et s'est diffusé très rapidement sans rencontrer d'opposition. Les secours ont été contrariés par le grand nombre d'habitants en fuite et par les voies de circulation étroites et sinueuses.
Néron, qui se trouvait à Antium, serait revenu en ville quand les flammes menaçaient sa résidence (Domus Transitoria) et il ne serait pas parvenu à la sauver. Il aurait pris en compte le sort des sans-abri en ouvrant les monuments du Champ de Mars, en y installant des baraquements et en approvisionnant en vivres les alentours. En plus, le prix du blé aurait été diminué à trois sesterces le modius.
L'historien Suétone dans son œuvre sur les empereurs De vita Cæsarum, plus connue sous le titre Vie des douze Césars, et précisément dans la partie dédiée à Néron (Nero, 38), nous donne un bref compte rendu sur l'incendie, très hostile envers l'empereur : il l'accuse directement d'avoir brûlé la ville, parce qu'il était dégoûté par la laideur des constructions antiques et l'étroitesse des routes : « nam quasi offensus deformitate veterum ædificorum et angustiis flexurisque vicorum, incendit urbem ».
La reconstruction de la ville est décrite à partir de la Domus aurea, la nouvelle résidence que l'empereur se fait construire après le désastre. La reconstruction aurait été faite dans le reste de la ville en réalisant des voies de communication larges et droites, en limitant la hauteur des constructions, avec de vastes cours intérieures et des portiques sur les façades, que Néron aurait promis de payer.
L'historien cite une série de règles établies par Néron : les édifices ne pourront avoir des murs mitoyens ; certaines parties devront être construites en pierre de Gabies ou d'Albe, considérées comme réfractaires au feu. Les propriétaires devront en outre prendre toute disposition pour que les moyens de lutte contre le feu soient disponibles. Néron réprima l'usage abusif de l'eau par les particuliers afin d'assurer un meilleur débit de l'eau distribuée par les aqueducs.
L'empereur aurait fait évacuer les décombres en les faisant transporter dans les marécages d'Ostie en profitant des voyages de retour des navires qui remontaient le Tibre jusqu'à Rome avec le blé. La reconstruction des édifices aurait été subventionnée, les primes en monnaie pouvaient être perçues un an après l'achèvement de la construction.
Tacite termine en rapportant le contentement des Romains pour ces mesures, mais aussi en signalant l'existence de voix discordantes, selon lesquelles les anciennes voies étroites protégeaient mieux de l'ardeur du soleil.
Le compte rendu des sources antiques doit être interprété en tenant compte de leur caractère hostile à l'empereur : les auteurs cités appartiennent pour la plupart à l'aristocratie sénatoriale, hostile après les premières années de règne de Néron à sa politique, qui favorisait les milieux populaires
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