Dans le climat anxiogène qui entoure le Covid-19, les relations sexuelles peuvent prendre une place importante. Faut-il adopter des gestes de protection particuliers ? Que faire en cas de rapport non protégé ? Et si la libido chute à cause du confinement ?
Voici donc six interrogations qui peuvent nous traverser l’esprit en période de pandémie.
Va-t-il y avoir un boom des naissances en décembre 2020 ?
A chaque épisode de coupure d’électricité, de tempête ou de catastrophe naturelle qui pousse au confinement, la question du baby-boom refait surface. Mais des études ont prouvé qu’il s’agit d’un mythe, indique le New York Times. Se tourner vers les relations sexuelles lorsqu’on est piégé dans un espace clos est une idée "aguichante", qui fait sourire. Or, la réalité est différente : nous disposons de contraceptifs, et la pandémie peut réveiller beaucoup d’angoisses sur le long terme.
"Cette nouveauté inconnue provoque du stress, voire une anxiété, que même les autorités sanitaires n’arrivent pas à apaiser", résume Isabelle Braun-Lestrat, psychologue-sexologue et vice-présidente du Syndicat national des sexologues cliniciens (SNSC). "L’état d’esprit général n’est pas propice à l’envie d’avoir un enfant." Les maternités ne devraient pas être débordées en fin d’année 2020…
Faut-il limiter les rapports lorsqu’on est immunodéprimé ? Ou les augmenter pour booster son système immunitaire ?
Le sexe nous aide à nous sentir bien dans notre peau, à apaiser les tensions, et à remonter notre niveau d’énergie. Pour autant, il n’a pas d’effet biologique sur nos défenses immunitaires. Pour la psychologue-sexologue, "les hormones libérées pendant un rapport participent au bien-être général, et l’organisme peut donc manifester plus de réactivité. Mais ce n’est pas lié d’un point de vue direct."
Une personne qui a l’habitude d’avoir des relations sexuelles fréquentes peut ressentir un passage à vide en cas de solitude pendant le confinement. Mais cette frustration ne modifie pas son système immunitaire. La masturbation ou le sexe à distance via les nouvelles technologies peuvent alors apporter une forme de relâchement. Quant aux personnes immunodéprimées, le fait de partager un câlin avec sa moitié n’augmentera pas les risques de contracter le virus au-delà du fait de vivre dans le même espace. "Le Covid-19 n’est pas sexuellement transmissible", conclut la spécialiste.
Peut-on acheter et utiliser un sextoy en toute sécurité ?
La question des livraisons, et des éventuels contacts entre un colis et des porteurs du coronavirus, peut poser problème quand on réfléchit à investir dans un sextoy. "Lorsqu’on achète ce type d’objet, la règle de base est de le nettoyer", rappelle Isabelle Braun-Lestrat. Utiliser de l’eau et du savon suffit à éliminer tout risque de contamination.
Le principe est le même que lorsqu’on fait ses courses : on s’assure de ne pas faire rentrer un objet "pas propre" dans son logement.
Doit-on adopter des mesures particulières pour avoir une relation sexuelle en période de coronavirus ?
L’image d’un rapport sexuel en portant un masque, voire une tenue entière de décontamination, est tout sauf sexy. Sommes-nous condamnés à faire des pauses entre deux câlins pour appliquer du gel hydroalcoolique sur tout notre corps ? La psychologue-sexologue nous rassure : "Il n’y a aucune raison de changer nos habitudes d’hygiène. Si la transmission doit se faire, elle n’attendra pas le moment du sexe."
Et en cas de rapport non protégé ?
Les réflexes à adopter restent les mêmes. Appelez votre médecin généraliste par téléphone, et demandez-lui conseil. Au niveau des risques de grossesse non désirée, il pourra prescrire une pilule du lendemain. Les pharmacies étant toujours ouvertes, il ne devrait pas y avoir de problèmes d’approvisionnement.
Si l’inquiétude concerne les infections sexuellement transmissibles, le médecin peut proposer une prise de sang en laboratoire. Le suivi reste assuré. La bonne nouvelle est que "le nombre de rapports à risque a de fortes chances de diminuer, car le confinement réduit le nombre de partenaires sexuels potentiels. Le vrai défi va se présenter au niveau de la prévention après le déconfinement", s’inquiète Isabelle Braun-Lestrat. "La pulsion de vie ressentie lorsque nous pourrons sortir de chez nous peut provoquer une sensation d’invincibilité et modifier la représentation des dangers."
Comment réagir en cas de baisse de libido dans le couple liée au confinement ?
Chaque situation est différente. En fonction de l’organisation professionnelle, de l’espace dans lequel on vit, et de l’état de la relation, le désir peut évoluer de façon distincte. Quand la charge amoureuse est élevée, avoir accès à l’autre 24h/24 peut pimenter la relation. Mais dans d’autres cas de figure, la libido peut chuter.
"Même si de nombreuses personnes ont gagné en temps de déplacement, n’oublions pas que le télétravail est psychiquement plus fatigant que le travail classique. Le cerveau doit imaginer l’interlocuteur, puis procéder aux tâches habituelles", rappelle la psychologue. Le fait d’être continuellement dérangé par ses enfants ou ses proches créé également une tension interne qui diminue la disponibilité à l’autre. "Au moment de se coucher, on peut alors ressentir un fort besoin de solitude, malgré l’envie de rapprochement à son partenaire. Mais chaque cas est individuel."
Si la relation de couple se complique, les thérapeutes proposent un accompagnement en téléconsultation.
Source : Isabelle Braun-Lestrat, psychologue-sexologue pour https://www.santemagazine.fr/
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