2eme partie : La cistude d’Europe, une tortue d’eau douce protégée

Dans le département du Var, plus précisément en forêt domaniale de la Colle du Rouët, vit une petite tortue d'eau douce : la Cistude d'Europe. Ce secteur est riche d'un ensemble de mares temporaires méditerranéennes. Les deux noyaux importants du Midi où se trouvent la Cistude d'Europe sont la Camargue et ses mares, en Languedoc-Roussillon, et le massif des Maures, dans le département du Var.

La Cistude d'Europe est une espèce phare du patrimoine naturel européen. A ce titre, elle est strictement protégée en Europe par la convention de Berne, en France par arrêté ministériel du dix-neuf novembre 2007. Sa présence sur un territoire peut justifier la création d'un site Natura 2000 car elle est inscrite en annexe Il de la Directive Habitats. La Cistude d'Europe est classée « quasi menacée » par I'UICN. Cette espèce est reconnue d'intérêt communautaire et bénéficie d'un plan national d'actions. Les populations de la Colle du Rouët ont été peu étudiées. Il a toutefois été déterminé que cette espèce utilise à la fois les mares de la plaine et les bordures des cours d'eau du réseau hydrographique. La Cistude d’Europe a notamment besoin de supports pour ses périodes d'insolation et de se déplacer entre ses différents habitats et zones de tranquillité. Or, le secteur de la Colle du Rouët est particulièrement fréquenté.

Au printemps, la Cistude d'Europe prend des forces. D'abord, elle se nourrit pour assurer la reproduction et constitue des réserves pour passer l'hiver. En digne représentante des reptiles, la Cistude d'Europe est un animal dit à « sang-froid», c'est-à-dire que son corps ne produit pas de chaleur et sa température est donc identique à celle du milieu ambiant. La tortue doit donc prendre des bains de soleil de plusieurs heures pour se réchauffer et emmagasiner de l'énergie : c'est la thermo-régulation. Cette activité est vitale pour l'animal car sans cela, il n'aurait pas suffisamment de forces pour se déplacer, se nourrir, se reproduire…

Pour le secteur de la Colle du Rouët, les individus observés se situent principalement dans les mares et sur les bordures de l'Endre et de ses affluents. L'ensemble des mares reste à prospecter et les déplacements de cette espèce sont à étudier pour mieux la préserver. L'ONF collabore avec l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (RMC), dans le cadre de son initative Biodiversité 2019, dans le cadre d'un projet d'analyse des fonctionnalités et travaux de restauration du complexe de mares temporaires de la Colle du Rouët.

Les tortues méditerranéennes sont menacées par les tortues étrangères, originaires d’Amérique ou d'Asie du sud-est. À l'étang des Péguières, dans le Var, la Cistude d'Europe est en péril car son territoire est accaparé par des espèces exotiques. La tortue de Floride, introduite dans l'étang par abandon de particuliers, se reproduit plus vite que la Cistude d'Europe, ce qui laisse moins d'espace et de nourriture à cette dernière. La tortue serpentine (photo) est une autre espèce invasive, qui peut couper un doigt d'un seul coup de mâchoire.