« The Great Reset », la « Grande remise à zéro ».
juin 11, 2020 | by Jean-Claude JUNIN

Le forum économique mondial appelle à repartir de zéro
Le changement de modèle appelé par certains – par beaucoup – pour l’après crise du Covid-19 afin de créer un monde plus durable est loin d’être acquis. Le retour du "business as usual" pointe déjà le bout de son nez, alors que ni les inégalités sociales, ni le réchauffement climatique n’ont disparu par magie. Pour le forum économique mondial, il n’y a pas le choix, il faut faire une "Reset" de toute l’économie et les banques centrales semblent d’accord.
"Le monde a changé, nos fragilités ont été mises à nues, notre système a besoin d’une remise à zéro"… Telles sont les trois premières phrases d’une vidéo choc diffusée par le Forum économique mondial, connu pour organiser chaque année le sommet de Davos. Le 3 juin, il a annoncé la création d’un nouveau sommet baptisé "The Great Reset", la "Grande remise à zéro". La première édition se tiendra en janvier 2021.
Une fenêtre d’opportunité
"La crise du COVID-19 nous a montré que nos anciens systèmes ne sont plus adaptés au 21e siècle", a estimé le président exécutif du WEF, Klaus Schwab. Il ajoute que "la pandémie représente une fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour repenser, réinventer et réinitialiser notre monde". Cela sonne comme un doux rêve ? Pas pour Kristalina Georgieva, directrice du Fonds Monétaire international (FMI) : "Nous avons assisté à une injection massive de mesures de relance budgétaire pour (…) que la croissance revienne. Il est primordial que cette croissance conduise à un monde plus vert, plus intelligent et plus juste à l'avenir. Il est possible de le faire. Pourvu que nous nous concentrions sur les éléments clés d'une reprise – et agissions maintenant. Nous n'avons pas besoin d'attendre".
António Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, applaudit l’initiative du forum de Davos. "Le Great Reset est une reconnaissance bienvenue que cette tragédie humaine doit être un signal d’alarme, déclare-t-il. Nous devons construire des économies plus égales, inclusives et durables, et des sociétés qui soient plus résilientes face aux pandémies, au changement climatique et les nombreux autres changements globaux qui arrivent."
Les banques centrales à l’action
Les grandes banques centrales y croient aussi. Au même moment, celles-ci publiaient une tribune dans le quotidien britannique The Guardian. "À moins que nous agissions maintenant, la crise climatique sera le scénario privilégié de demain et contrairement au Covid-19 personne ne pourra s'isoler pour l'éviter", assurent-ils. Au rang des signataires, on trouve le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Andrew Bailey, celui de la Banque de France François Villeroy de Galhau, le directeur de la supervision de la banque centrale néerlandaise et président du NGFS (Réseau des banques centrales pour verdir la finance) Frank Elderson et l'envoyé spécial de l'ONU pour le climat Mark Carney.
Ces hauts responsables sont déjà à l’œuvre, dans le cadre du Réseau pour verdir le système financier (NGFS), qui réunit 66 banques centrales dans le monde. Celui-ci vise notamment à échanger des bonnes pratiques pour faire en sorte que les établissements financiers qu’ils supervisent (banques, assurances, société de gestion, etc.) prennent en compte le changement climatique dans leurs décisions.
Les auteurs de la tribune estiment que la crise du coronavirus "offre la chance d'une vie" pour rebâtir l'économie de manière à lutter contre le changement climatique. Ils saluent les mesures de soutien massives mises en place pour amortir le choc de la crise sanitaire et éviter une récession trop profonde. Mais il est nécessaire de penser au-delà de la pandémie, préviennent-ils, alors même que les pays dans le monde sont loin, selon eux, de respecter les Accords de Paris sur le climat, qui visent à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.
Source : Arnaud Dumas, et Ludovic Dupin pour Novethic.fr
RELATED POSTS
View all