Les loups du Mercantour sous vidéosurveillance
juin 14, 2020 | by Jean-Claude JUNIN
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Les loups du Mercantour sous vidéosurveillance
L’objectif, c’est de mieux comprendre si les foyers d’attaque correspondent à une intensité d’occupation importante. Ou bien s’il n’y a pas de relations entre les attaques et cette présence, ça voudra dire que d’autres facteurs entrent en compte.
Dans le cadre d’un programme d’observation des meutes de loup, un système de maillage de caméras a été installé au cœur du Mercantour. A chaque passage d’animaux, les pièges photographiques se déclenchent : ils filment pendant trente secondes. Un suivi à la trace (et vidéosurveillé) du loup qui devrait permettre d’améliorer les connaissances sur l’espèce et sur sa cohabitation avec le pastoralisme.
Les chercheurs ont à l’œil les meutes qui vivent dans la Roya, une région montagneuse des Alpes-Maritimes, le long de la frontière italienne. Ici, les loups gris se baladent entre les forêts et les alpages, et se rapprochent parfois des bergeries et des routes pour débusquer des proies et étendre leur territoire. Des canis lupus classés « espèce protégée » depuis 1981. « C’est une bête qui bouge beaucoup : elle peut faire plus de 20 kilomètres en une nuit. On sait ce que les loups mangent grâce à leurs crottes, on étudie leur identité génétique à travers le suivi de l’ADN, on connaît leurs proies quand on retrouve une carcasse » liste Christophe Duchamp, chef du projet sur les loups et les lynx à l’Office français de la biodiversité (OFB). Mais quand il n’y a pas de prédation et pas de traces, on ne sait pas où ils sont. L’idée, c’est d’arriver à échantillonner le territoire. » Sur 200 km², 43 caméras ont été installées.
Les premières données sont en cours d’analyse : « Il n’y a pas que des loups qui ont été observés grâce aux pièges photographiques : aussi des renards, des chevreuils, des cerfs, pointe le directeur adjoint du parc national du Mercantour, Laurent Scheyer, directeur adjoint du parc national du Mercantour. Les cartes mémoires et leurs heures d’images sont en cours de défrichement. » C’est l’université de Nice qui s’occupera du tri des espèces avec l’aide d’un logiciel d’intelligence artificiel. Un travail de fourmi : il faut distinguer le loup du reste de la faune sauvage. Une sorte de reconnaissance faciale.
Comme la vidéosurveillance en ville n’évite pas les agressions, les caméras n’empêcheront pas les loups de passer à l’attaque des moutons et des chèvres. « Avec l’étude, on va pouvoir connaître la composition de la meute, le nombre d’individus, leur parcours sur plusieurs kilomètres, espère Laurent Scheyer. L’objectif, c’est d’essayer de voir si, à travers l’amélioration de ces connaissances, on trouve des dispositions pour diminuer la prédation et s’il existe des solutions pour baisser la pression sur les troupeaux. »
Source : Mathilde Frénois – Libération
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