La forêt s’invite chez vous
L’hiver en forêt, troisième partie
Que font les arbres face à l’hiver ?
Au cours de l’hiver, les arbres font quatre actions pour se protéger.
Tout d’abord, ils stoppent leur croissance. Les plantes sont des organismes poïkilothermes dont la température varie avec celle de leur environnement. Contre la rigueur de l’hiver, les arbres développent des stratégies de survie. La première consiste à entrer graduellement dans la dormance, encouragée par les températures de plus en plus fraîches, voire froides en interrompant la division de leurs cellules. Celles-ci se trouvent alors dans l’incapacité d’utiliser les nutriments et autres hormones de croissance amenés par les racines via la sève car certaines molécules indispensables à leur fonctionnement sont alors inhibées par les températures. L’hiver venu, les arbres, qu’ils soient à feuilles caduques (ceux qui perdent leurs feuilles) ou persistantes, cessent toute activité de croissance. Ils donnent alors l’impression d’être morts !
Ensuite, les arbres fabriquent de l’antigel. Pour faire face aux deux mois les plus froids de l’année, janvier et février en France, les arbres s’endurcissent en développant des processus de résistance au froid et au gel. Ceux-ci se mettent en place dès l’automne avec la chute progressive des températures et permettent aux arbres d’abaisser graduellement le point de congélation de leurs cellules afin qu’elles n’éclatent pas sous l’effet du gel, même à des températures très basses. Dès que la température passe sous les 5°C, l’arbre synthétise des enzymes qui vont dégrader l’amidon fabriqué par photosynthèse et mis en réserve à la belle saison dans l’écorce et le bois. Dès que la température grimpe au-dessus de 5°C, même en hiver, l’amidon se reconstitue car les protéines antigel fusionnent entre elles pour le reformer.
Puis, quand la température rechute en soirée, il est de nouveau hydrolysé, et ainsi de suite. Si le noyer peut résister à -20°C maximum, les aiguilles du pin Pinus sylvestris survivent encore par -80°C.
Les arbres réparent les dommages si besoin. Dès la fin février, l’arbre se prépare à l’arrivée des beaux jours. Là, sous l’écorce, débute un processus de réparation, voire de production de nouveaux vaisseaux transporteurs de sève brute. Pour réparer les dommages, la plante fait un appel d’eau et de sucres dans les vaisseaux, qui génère une pression chassant les bulles d’air.
Enfin, les arbres préparent l’arrivée des beaux jours. Dès le mois de janvier et jusqu’à fin février, parfois même jusqu’en mars, la croissance des arbres, au niveau de leurs bourgeons, est relancée. Elle est alors si lente qu’elle reste invisible. Paradoxalement, c’est le froid qui lève cette phase de dormance. Pour sortir de sa léthargie, l’arbre doit avoir cumulé les heures froides avec des températures inférieures à 7°C durant trois à quatre semaines. Dès que son quota est atteint, souvent fin décembre, il entre alors dans une phase de croissance, limitée par les conditions environnementales : c’est « l’écodormance ». Cette dernière se prolonge tant que l’arbre n’a pas cumulé, cette fois, suffisamment d’heures chaudes, supérieures à 7°C. Elle se joue essentiellement au niveau cellulaire, la sève ne circulant pas encore dans l’arbre. Dans les tissus du bourgeon, la multiplication des cellules indifférenciées a repris. Elles se divisent, grandissent, se différencient et assurent imperceptiblement la croissance du bourgeon.
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