Portrait : Réapprendre à conduire pour…
février 23, 2023 | by Élise FLABEAU
Portrait : Réapprendre à conduire pour…
Réapprendre à vivre
Portrait d’une battante : Aurore Husset est Grassoise, elle est institutrice à l'école élémentaire Saint-Martin-de-Gioue à Mougins.
Aurore est atteinte d’une hernie discale : un mal qui ne s’opère normalement pas. Pourtant, elle passe au bloc, proche de la paraplégie. Elle réapprendra à conduire avant de remarcher. Aurore connaît le monde de l’automobile depuis petite. Elle est passionnée par les Renault 4L, voiture populaire des années 60. Son hobby lui fait rencontrer celui qui a été pendant longtemps son mari, qui était passionné de Citroën 2 chevaux. Il lui transmet rapidement son attachement. Depuis, Aurore co-organise la route d’or chaque année. Cette manifestation réunit tous les amoureux d’automobile, notamment de 2CV.
Un jour, tout bascule
Dans l’année 2014, Aurore se plaint d’un mal de dos persistant durant plusieurs semaines. Malgré les rendez-vous chez un kinésithérapeute, la douleur reste la même. Son amie et collègue de travail, Nadia, lui conseille d’aller consulter l’hôpital. Aurore suit ces conseils et découvre qu’elle est atteinte d’une hernie discale qui risque de toucher la moelle osseuse. Elle se fait opérer à titre exceptionnel le 28 mars 2014 : « j’avais 4 chances sur 5 de finir en fauteuil roulant ». Elle rejoint alors le centre héliomarin de Vallauris où sa rééducation commence. Ce moment de sa vie a été une véritable expérience, car elle est restée motivée plus que tout : « Il y a ceux qui veulent s’en sortir et ceux qui se plaignent ». Son séjour au centre l’a marqué. Elle s’entraînait sans relâche, même dans les moments qui s’y prêtaient le moins. Elle se musclait en attendant l’ascenseur qui était souvent occupé et surchargé : « Je suis restée 6 mois là-bas et j’ai l’impression d’avoir attendu devant l’ascenseur pendant 2 mois ». Le matin, elle allait à la piscine pour ses soins, mais elle en voulait encore. « J’en avais besoin » affirme-t-elle. Le grand bain inoccupé lui faisait de l’œil, elle s’est imposée et continuait de s’exercer seule l’après-midi. Lorsqu’elle a su qu’elle avait accès à un simulateur de conduite, elle n’a pas hésité. En une fois, seulement, elle réussit. « J’ai réappris à conduire avant de remarcher », dit-elle fièrement.
Pleinement consciente de sa chance
Aurore a appris à vivre normalement après sa rééducation. « Personne n’a la chance d’apprendre à marcher à cet âge-là. Marcher ce n’est pas juste avancer une jambe devant l’autre » explique-t-elle. Curieuse de nature, aurore s’est battu durant 4 jours, complètement paralysée des deux jambes. Elle a finalement vu le fruit de sa détermination : « J’ai stimulé mes jambes sans répit et ce jour-là, mon orteil gauche a bougé ». Cet épisode de sa vie a été un réel défi, autant pour elle que pour les médecins qui l’ont suivi : « Mon cas est très rare, les chirurgiens n’avaient jamais vu ça ».
Son métier malheureusement touché
Être institutrice n’est pas de tout repos. Elle ne peut plus disposer de son corps comme avant, même si ses conditions physiques disposent de l’exploit. « J’ai peur de courir par réflexe et de tomber. S’il y a un souci, je ne pourrais plus assurer comme avant » avoue Aurore. Aujourd’hui, elle travaille en 3/4 temps. Elle a besoin d’une journée pour se rendre à ses soins. Son salaire en prend malheureusement un coup, puisque qu’elle ne bénéficie plus de l’aide financière qui complétait cette carence. Des dispositifs lui sont mis en place à l’école pour qu’elle exerce dans de bonnes conditions : deux chaises ergonomiques pour la soutenir. Aurore apprécie le geste, mais déplore tout de même un manque de moyens : « Ils m’ont donné deux chaises et m’ont dit que si ce n’était pas assez, je n’étais pas faite pour ce métier ». Elle pense que des efforts sont faits pour les élèves handicapés, mais pas pour les professeurs. Une autre de ses passions est le chant. « Je ne pense pas avoir le niveau » répond-elle humblement quand le mot « carrière » est évoqué. ( ici en duo avec Axel Bauer)
En vue de sa situation professionnelle, chanter pourrait être un plan B viable pour arrondir les fins de mois. Elle pense tout de même ne rester chanteuse qu’à ses heures perdues, juste pour le plaisir. Actuellement, c’est son fils qui prend la relève en faisant partie d’un groupe de hard rock, et cela suffit à son bonheur.
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Elise Flabeau
Etudiante en journalisme
L’école du journalisme-Nice
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