18 juin 1940… l’Appel qui réveillera les Français

18 juin 1940… l’Appel qui réveillera les Français

Les Français parlent aux Français

« Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas… »

Radio-Londres :

« Les sanglots longs des violons de l’automne » au 1er juin, puis « blessent mon cœur d’une langueur monotone » le 5 juin, annoncent l’imminence du débarquement au groupe de résistance Ventriloquist. Ces quelques vers de Verlaine, entrés dans l’Histoire, incarnent à eux seuls Radio Londres.

 Créée le 19 juin 1940, le lendemain de l’appel du Général de Gaulle, par la BBC Radio Londres émettra jusqu’au 25 octobre 1944 des programmes en langue française. L’émission emblématique restera à jamais : « Les Français parlent aux Français », qui s’ouvre avec 4 notes, trois brèves et une longue (po-po-po-pom), faisant écho à la 5ème symphonie de Beethoven. Le symbole est d’autant plus fort qu’elles forment le V de la Victoire en morse. Le ton est donné, il ne faut pas perdre espoir. Les programmes de Radio Londres sont divers. Les messages codés : « les carottes sont cuites », « la girafe a un long cou », « la Lune est pleine d’éléphants verts », s’adressent principalement aux groupes de résistance pour leur donner des instructions. La radio reste le moyen de communication le plus simple et le moins risqué, surtout que les Allemands ont du mal à brouiller le signal. D’autres messages plus personnel rassurent les familles restées en France : « Lisette va bien », « Richard dit bonjour à ses amis ».

 Le duel des ondes…

Unique lien pendant 4 ans entre la France Libre et les territoires occupés, Radio Londres est majeure dans le projet du Général de Gaulle, qui a depuis longtemps compris l’importance de la communication. En se faisant la voix de la liberté et du combat qui continue, elle conforte la place de la France auprès des alliés. Indispensable alors même que le gouvernement de Vichy collabore activement avec l’occupant.

Parmi les voix les plus célèbres celle d’André Isaac, plus connu sous le nom de Pierre Dac. Né le 15 août 1893 à Chalons sur Marne, mort le 9 février 1975 à Paris. Il fait partie des soldats rescapés de la Grande Guerre, de laquelle il a vécu les 4 années, subissant quelques blessures graves. A partir des années 1920 il devient comédien et humoriste, Il fonde en 1938 un journal humoristique, L’os à moelle, très anti-hitlérien. Au moment de la débâcle en juin 1940, il doit donc quitter Paris et se réfugie à Toulouse, dès 1941 il décide de rejoindre Londres, mais il est arrêté deux fois lors de ses traversées des Pyrénées : il est incarcéré d’abord à Perpignan puis à Barcelone ou à Valence. Il finit par être échangé par les Espagnols aux Anglais contre quelques sacs de blé. Il peut ainsi rejoindre Alger, puis se rendre à Londres en 1943. C’est là qui utilise sa meilleure arme, l’humour, pour résister. Il entre immédiatement dans l'émission. Il y intervient pour la première fois le 23 octobre 1943, pour critiquer fortement le régime de Vichy. Voici un extrait de cette première intervention : « Mes chers Compatriotes, c’est pour moi une extraordinaire sensation que de pouvoir, ce soir, vous parler librement devant ce micro, alors qu’il y a environ deux mois j’étais encore à méditer, entre les quatre murs d’une cellule […], ce qui démontre d’une manière péremptoire, absolue et définitive, que la prison mène à tout à condition d’en sortir. », basées sur le rire. Il se montre souvent irrespectueux vis-à-vis de Pétain et des collaborationnistes

Il a souvent de vives altercations à distance avec Philippe Henriot, le collaborationniste qui fait des discours dans des émissions de propagande sur Radio-Paris, aux mains des Allemands. Ainsi, Le 10 mai 1944, Philippe Henriot souligne sur Radio-Paris les origines juives de Pierre Dac, et dit que d’après lui un « fils de Salomon » ne peut « rien connaitre à la France ». L'humoriste lui répond le lendemain sur Radio-Londres, en rappelant que son frère Marcel, décédé au front en 1915, a bien sur sa tombe l'inscription « Mort pour la France », tandis que celle de Philippe Henriot devrait porter la mention « Mort pour Hitler, fusillé par les Français ». (Henriot, engagé à l'extrême droite, sera abattu par un commando du « Comité d’action militaire de la résistance » le 28 juin 1944)

Une fois la patrie libérée à l’automne 1944 la voix de la France Libre s’arrête. Marquant pour la petite équipe de Radio Londres la fin d’une aventure hors-norme.

N’oubliez pas au moment de voter l’engagement et le sacrifice des femmes et des hommes de toutes origines, de toutes races et religions pour le pays qui les avait adoptés parfois depuis de nombreuses générations. Aujourd’hui la pieuvre sourde à nos portes, ne la laissons pas entrer !