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GrasseMat’ ouvre les portes de vos souvenirs !

juillet 11, 2022 | by Jean-Claude JUNIN

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Mes meilleurs souvenir à l’Amiral !


L’Amiral, c’est le lycée Amiral de Grasse, que l’on appelait entre nous « le Bahut »


C’est en sixième que j’y ai fait mes premiers pas, à l’automne 1966, comme dans un nouveau monde où je me sentais un peu perdu. J’en suis sorti onze années plus tard. Cela fait de moi, je crois, l’élève y ayant vécu le plus longtemps. Ce n’est certainement pas à ma gloire, car il me fallut doubler deux fois, et refaire une terminale. De plus, cela pourrait dénoter chez moi un manque de curiosité ou d’intérêt pour l’exotisme et aller voir ailleurs ce qu’il s’y passe. Mais j’aime plutôt croire que c’était parce que l’on m’aimait bien et que j’aimais mon lycée.

GrasseMat’ ouvre les portes de vos souvenirs !

Depuis maintenant près d’un demi-siècle, je n’y suis retourné qu’une fois, en 2009, lors de la célébration du centenaire de son inauguration. J’ai revu ce qui me semblait être un passé lointain irréversible et quelques camarades nostalgiques comme moi. Mais pas une camarade, je me suis demandé si ce n’était pas par une quelconque coquetterie ; cela m’avait frappé. Les hommes assumerait-ils plus facilement les outrages du temps qui passe ? beaucoup de choses avait changé, la cantine notamment, qui n’était plus au même endroit. Contrairement à certains, je trouvais la cuisine bonne, sans doute était-ce dû à un appétit disproportionné par rapport à celui que j’aurais dû avoir pour les cours. Passé onze heures, mon esprit vagabondait déjà vers les tables du réfectoire et me détournait de toute concentration nécessaire à mes études. J’entendais par les fenêtres le cliquetis des assiettes et des couverts que l’on installait méticuleusement. Parfois, parvenait jusqu’à moi l’odeur de la daube et des gnocchis.

GrasseMat’ ouvre les portes de vos souvenirs !

À la pause de 16 heures, les internes avaient droit à un goûter, la plupart du temps des pâtes de fruit que les demi-pensionnaires et externes allaient quémander à ces privilégiés du pensionnat. Il fallait négocier contre un service ou un devoir à faire pour le lendemain. Mon passage au lycée ne se résume pas, bien sûr, à mon estomac, bien que la reconnaissance du ventre ne soit pas à négliger. Les cours, vous l’aurez compris, n’était pas si attrayant pour moi. J’attribue cela une excessive timidité qui m’empêchait de participer. La plupart du temps les professeurs me laissaient tranquille, mais mes notes s’en trouvaient hélas entachées. Dès la sixième je voyais poindre l’ombre du redoublement. Je me souviens de l’albatros de Charles Baudelaire. Nous devions l’étudier et le réciter. J’étais aussi maladroit sur l’estrade que le grand oiseau sur le pont du bateau. Mes professeurs durent penser qu’il était trop tôt pour moi de m’envoler vers la cinquième et je restais à devoir refaire une année supplémentaire comme une punition injuste…  


À suivre, peut-être…


Yvan Porentru

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