Simone Segouin nous a quitté…
février 22, 2023 | by Jean-Claude JUNIN
Simone Segouin nous a quitté…
Symbole de l'engagement des femmes dans la Résistance
Simone Segouin, 96 ans, devenue bien malgré elle, une figure iconique de la Résistance, est décédée ce 21 février 2023 à Courville sur Eure.
Très souvent reproduites dans de nombreux ouvrages consacrés à la Résistance, les photographies de cette jeune combattante prise à l'occasion de la venue du général de Gaulle à Chartres, sont devenues des symboles de l'engagement des femmes dans la Résistance. Alors même que la participation des femmes à la lutte armée était plutôt minoritaire, la très large diffusion de ces clichés va contribuer à sacraliser leur engagement au sein de la Résistance.
C'est Jack Belden qui lui consacra un long article dans la revue Life du 4 septembre 1944, numéro qui fut illustré entre autres par des photographies de Frank Capa.
Retour sur le parcours de cette patriote.
En 1944, son père, conseiller municipal et résistant actif, doit fournir aux Allemands une liste de jeunes filles du village, sans emploi, susceptibles de les servir au château de Spoir, sur la commune voisine de Mignières, où ils étaient installés. Afin que sa fille ne soit pas réquisitionnée, il décide de la faire passer pour couturière. Mais, un matin, les Allemands arrivent à la ferme avec une pile de vêtements à raccommoder. Prise à son propre mensonge, Simone doit quitter Thivars et faire croire qu’elle part travailler à Paris avec sa tante au Bon Marché…
C’est à ce moment qu’elle s’engage dans la Résistance chartraine dans le groupe FTP dirigé par Roland Boursier, son futur compagnon, qui lui dit : "Si tu veux faire partie de la Résistance, il te faut un moyen de transport ». Alors symboles de l'engagement des femmes dans la Résistance elle vole un vélo à une Allemande, elle risque un contrôle à tout moment. C'était plutôt très gonflé.
Pendant un an, la jeune femme parcourt l'Eure-et-Loir en tant qu'agente de liaison. Elle transporte des armes et des messages, au nez et à la barbe des Allemands. Elle participe également à une mission de sabotage d'une ligne ferroviaire, étant chargée de prévenir le chef de gare pour éviter le déraillement de tout train transportant des civils.
En août 1944, deux mois après le débarquement de Normandie, son groupe est missionné pour arrêter un soldat allemand dans un bois. Sur place, ils réalisent qu'il y a en réalité 23 d'Allemands. "On les a tous désarmés, et c'est là que j'ai pris cette mitraillette", racontait Simone Segouin en 1994.
Après de nombreuses missions entre Châteaudun, Dreux et Chartres, les FTP lui proposent assez rapidement de prendre les armes. Il s’ensuit alors une formation très stricte dans le maniement des armes. « Il fallait montrer son courage et ses opinions. » Elle devient une des rares femmes à participer à des combats de rues, ce qui lui donne une place atypique et respectée au sein de la Résistance6. Elle participe activement à la libération de Chartres et de ses alentours, puis elle part avec une vingtaine de compagnons libérer Paris. « C’était un délire ! » raconte-t-elle volontiers, libération de Paris qui a été immortalisée par le photographe américain Jack Belden, la mitraillette dans les mains. Les photos, commandées par le magazine Life, marquent l'imaginaire collectif et Simone Segouin devient un symbole de la Résistance française face aux nazis. Elle devient même la seule femme à défiler, à Chartres, devant le général de Gaulle.
La suite de sa vie aurait pu être remplie de cérémonies et d'honneurs, sauf que Simone Segouin les a fui. Elle a mis des années à parler de la guerre à ses enfants, et a même refusé la Légion d'honneur. Mais Simone restera à jamais une icône de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.
Reposez en paix madame.
Crédit : Philippe Natalini
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