6 mars 1951, Ethel et Julius Rosenberg étaient accusés de conspiration en vue d’espionnage.
mars 6, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
6 mars 1951, Ethel et Julius Rosenberg étaient accusés de….
Ethel Rosenberg et son époux Julius Rosenberg sont un couple de new-yorkais communistes arrêtés pour espionnage au profit de l’URSS. Julius est arrêté le 17 juillet 1950 et Ethel le 11 août. Ils sont jugés coupables le 5 avril 1951 et exécutés sur la chaise électrique le 19 juin 1953 dans la prison de Sing Sing.
Cette affaire d’espionnage a lieu durant la Guerre froide. En 1945, les États-Unis ont l’exclusivité de la bombe atomique mais l’URSS peut se doter dès 1949 de cette technologie, en partie grâce à l’espionnage. Le sénateur Joseph McCarthy lance ce qui fut appelé le maccarthysme, une « chasse aux sorcières » qui dura de 1950 à 1953 et qui visait les sympathisants, militants ou agents communistes, qui étaient poursuivis par le House Un-American Activities Committee (HUAC).
La condamnation à mort des époux Rosenberg pour espionnage, alors qu’ils avaient toujours clamé leur innocence, attire des appels internationaux à la clémence et une campagne très médiatisée parlant d’un complot et d’une erreur judiciaire. Les époux Rosenberg sont d’ailleurs les seules personnes condamnées à mort puis exécutées pour espionnage dans le monde occidental après la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le contexte d’affrontement des deux blocs.
Dès le 6 mars 1951, Ethel et Julius Rosenberg étaient accusés de conspiration en vue d’espionnage. Le procès suscitait un intérêt extraordinaire pour plusieurs raisons, la principale étant que l’accusation était menée par le procureur général Irving H. Saypol, « réputé pour être la terreur des rouges » (les communistes). Dès le début du procès la salle fut bondée de curieux. Le jury fut sélectionné en un jour et demi, écrivent Radosh et Milton, par le juge Kaufman lui-même, comme cela se faisait pour les procès fédéraux (…). Un journaliste avoua connaître quelques publications de gauche : il fut récusé par la cour (…). Certains étaient contre la peine de mort et furent récusés pour ce motif. Dans son discours liminaire, Irving H. Saypol fit l’amalgame entre l’inculpation de conspiration pour espionnage et celle, toute différente, de trahison.
Les preuves pour établir la gravité de ce crime sont extrêmement strictes. D’abord, il aurait été impossible à l’accusation de trouver deux témoins à charge pour chacun des chefs d’inculpation. Mais surtout, à l’époque des faits, les États-Unis étaient en paix avec l’URSS, et il aurait été rigoureusement impossible de prouver toute tentative de trahison. En revanche, les éléments nécessaires à une condamnation pour conspiration étaient si minces que la loi sur la conspiration était surnommée “le dernier recours du peuple” ou “l’amie du procureur“, selon le point de vue. En effet, les « rumeurs » sont acceptées comme témoignages, les accusés peuvent être condamnés pour les actes des autres, même s’ils n’ont pas eu connaissance de ces actes. Il n’est même pas du tout utile de prouver que la conspiration a été menée à bien : une simple tentative peut entrainer la condamnation ! Dans le procès Rosenberg, l’accusation n’entendait pas se satisfaire d’une simple reconnaissance de culpabilité. Elle tenait absolument à obtenir de lourdes peines et, si possible, la peine de mort pour Julius.
Différentes sources postérieures au jugement, dont des témoignages soviétiques, confirmeront l’espionnage de Julius au profit de l’URSS. Son épouse Ethel n’aurait été qu’une auxiliaire sans grande initiative. Les derniers partisans des Rosenberg soulèvent toujours le caractère injuste d’un jugement qu’ils estiment politique.
Source : John Earl Haynes, « Nouvelles pièces à conviction concernant l’affaire Rosenberg et l’espionnage atomique soviétique aux États-Unis de 1942 à 1946 », dans Jean Delmas, Jean Kessler, Renseignement et propagande pendant la Guerre froide, 1947-1953 (actes d’un colloque international organisé par le Mémorial de Caen et le Centre de recherche d’histoire quantitative les 5, 6 et 7 février 1998), Paris, Éditions Complexe, 1999, 319 pages, p. 33-54
Florin Aftalion, La Trahison des Rosenberg, JC Lattès, Paris, 2003.
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