26 décembre 1943, le dernier cuirassé…
décembre 26, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
26 décembre 1943, le dernier cuirassé…
Allemand, le Scharnhorst, est coulé par la Royal Navy au nord de la Norvège.
Le Scharnhorst est un croiseur de bataille de la Kriegsmarine lancé le 3 octobre 1936 dans le port de Wilhelmshaven. En compagnie du Gneisenau, son sister-ship de la classe Scharnhorst, il croise d’abord dans les eaux de Norvège, puis en Atlantique où il traque les convois alliés. Réfugié dans les fjords de Norvège à partir de 1942, il est détruit et coulé par une escadre de la Royal Navy en effectuant une sortie, le 26 décembre 1943, aux environs du cap Nord.
Le Scharnhorst est lancé le 3 octobre 1936 en présence d’Adolf Hitler, et de Werner von Blomberg. Sa première mission de guerre commence le 21 novembre 1939. En compagnie du Gneisenau et d’une flottille de destroyers, il patrouille dans une zone comprise entre l’Islande et les îles Féroé. Le 23 novembre, il engage et détruit le croiseur auxiliaire britannique HMS Rawalpindi
Toujours avec le Gneisenau, il participe ensuite à la bataille de Norvège. Il protège les navires qui vont débarquer les troupes allemandes à Trondhjem et à Narvik. Pendant ces opérations, le 8 avril, il décide de profiter du très mauvais temps pour échapper aux forces navales anglaises qui sont à la mer pour empêcher les débarquements allemands, et il met cap au nord. Très tôt, le 9 avril au matin, une rencontre a lieu avec le croiseur de bataille HMS Renown, qui est touché plusieurs fois, sans gravité, et qui endommage plus sérieusement le Gneisenau. Les deux croiseurs de bataille allemands réussissent à semer leur adversaire et continuent jusqu’aux abords de l’île Jan Mayen. Ils rentrent en Allemagne sans encombre, trois jours plus tard.
À la fin de cette campagne, lorsque les Britanniques évacuent leurs troupes, le Scharnhorst et le Gneisenau, appareillent le 4 juin, pour l’opération Juno qui consiste à détruire la base que les Alliés ont installée à Harstad. Il réussit à intercepter et à couler, le 8 juin au matin, le pétrolier Old Pioneer et son escorte le chalutier armé Juniper, puis, en début d’après-midi, le paquebot Orama, sans que sa présence à la mer soit signalée. En fin d’après-midi, il repère le porte-avions HMS Glorious, qui navigue sans couverture aérienne, escorté par les deux destroyers HMS Ardent et HMS Acasta. Malgré la lutte héroïque des destroyers pendant deux heures, ils coulent avec le HMS Glorious, écrasés par l’artillerie des croiseurs de bataille allemands. 1 500 marins britanniques trouveront la mort dans ce combat inégal et désespéré. Mais le Scharnhorst a été atteint par une torpille du HMS Ardent qui provoque une brèche de 12 mètres sur 4.
Toujours avec le Gneisenau, le Scharnhorst coule 22 navires alliés dans l’Atlantique au début de 1941 avant de s’installer à Brest.
Après diverses réparations, le Scharnhorst gagne les fjords norvégiens sur ordre d’Hitler. La Norvège est vitale pour l’effort de guerre allemand car le fer suédois passe par la Norvège lorsque la mer Baltique est gelée. Mais aussi parce que la campagne de Russie se complique avec l’échec de la Wehrmacht devant Moscou, et que les alliés envoient quantité de matériel aux Soviétiques, principalement par des convois navals jusqu’à Mourmansk. Le Scharnhorst se cache alors dans un fjord en attendant le moment propice pour attaquer les convois de l’Arctique.
Le 22 décembre 1943, le Scharnhorst sort en compagnie de cinq destroyers à la rencontre d’un convoi allié repéré par une reconnaissance aérienne, le convoi JW55B. Le Tirpitz est en réparation et ne participe pas au raid. Dans la matinée du 26, après s’être séparé des destroyers, le Scharnhorst se retrouve face aux croiseurs de la 10e escadre (Burnett) : HMS Belfast, HMS Sheffield, HMS Norfolk. C’est une surprise, car le convoi était signalé sans réelles défenses. Il s’échappe à 10 h 20 de ce premier engagement grâce à son puissant avantage en termes de vitesse. Le contre-amiral Erich Bey décide de poursuivre, car l’opposition n’est pas trop importante. Il prend cap au nord, en plein sur la route que devra croiser le convoi JW 55B.
L’amiral Fraser, qui commande alors la Home Fleet s’inquiète pour le convoi : il n’a rien à opposer au croiseur de bataille allemand, qui se trouve entre l’escorte et le convoi. Néanmoins, l’Allemand ne connait pas la position précise du convoi, et la visibilité est médiocre. Pendant ce temps-là, les croiseurs britanniques sont rejoints par la 36th Destroyer Division et reprennent le contact avec le croiseur allemand vers midi, provoquant plusieurs échanges de tirs. Une fois de plus, le Scharnhorst se retire. Surpris et excédé par cette opposition plus tenace que prévu, le contre-amiral Erich Bey décide de regagner sa base, pour ne pas risquer son bâtiment alors dangereusement privé de tout appui, et met cap au sud, ce qui va le mener droit dans un piège.
Les Britanniques tiennent le contact radar et s’assurent que le Scharnhorst, faisant route au sud-ouest, croise la route du cuirassé HMS Duke of York, accompagné du croiseur léger HMS Jamaica. Le cuirassé obtient un contact radar à plus de 40 kilomètres, peu après 16 h, et engage le combat à 16 h 50. Le Scharnhorst est alors surpris une 3e fois, et se retrouve nettement surclassé par les bordées des dix pièces de 356 mm du cuirassé de classe King George V. Les deux tourelles avant du Scharnhorst sont mises hors de combat, le privant de six de ses neuf canons principaux. Sa vitesse lui permet toutefois d’échapper encore à ses poursuivants, qui croient alors le combat terminé vers 18 h 30. Pourtant, Erich Bey envoie un message solennel au Führer lui assurant qu’il combattra « jusqu’au dernier obus ». En effet, le Scharnhorst a perdu son dernier atout : une des dernières bordées du Duke of York a endommagé ses chaudières, réduisant fortement sa vitesse et permettant au Duke of York de le rejoindre. Après un duel d’artillerie qui dure au total plus de deux heures (les Britanniques tirent plus de 2 000 obus), les pièces du Scharnhorst deviennent définitivement silencieuses à 19 h 16. Les destroyers et croiseurs s’approchent et le torpillent à plusieurs reprises (22 torpilles sont tirées). Touché à l’avant le Scharnhorst coule, pavillon haut, à environ 19 h 45. Sur les 1 968 hommes d’équipage, seuls 36 survivants seront repêchés dans les eaux glacées de l’Arctique par les contre-torpilleurs Scorpion et Matchless. Quant au convoi JW55B, il arrive sans dommage à Mourmansk.
La Kriegsmarine perd un de ses navires les plus puissants, après sept ans de services dont quatre de guerre, où il avait fait régulièrement parler de lui. Il avait créé un véritable malaise d’insécurité chez les Britanniques, sa vitesse lui conférant une sorte d’invulnérabilité et de capacité à frapper à tout moment. La campagne du printemps 1941 avait fait craindre le pire aux Britanniques quant à l’effet désastreux qu’aurait le Bismarck s’il venait à percer dans l’Atlantique.
La Kriegsmarine n’a alors plus de navires de ligne opérationnels, le grand cuirassé Tirpitz étant hors de combat, devenu malgré lui le « Roi solitaire des mers du Nord ».
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