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29 avril 2024

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raid contre Deerfield

Écrit par :
Jean-Claude JUNIN

Date de parution :
29 février 2024

Lieu :
29 février 1704,

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29 février 1704, raid contre Deerfield

Le raid contre Deerfield est un évènement de la deuxième guerre intercoloniale en 1704, dans le cadre de la guerre de Succession d'Espagne.

En 1702, la reine Anne d'Angleterre déclare la guerre au roi Louis XIV. Aussitôt, l'ordre de bataille est donné et des dépêches annonçant le début des hostilités sont expédiées aux gouverneurs de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Angleterre. Six semaines plus tard arrive à Québec le bateau portant la nouvelle de l'état de guerre. Le gouverneur Vaudreuil fait venir au Château Saint-Louis le seigneur de Rouville, Jean-Baptiste Hertel, et lui confie une mission périlleuse. Craignant une attaque des Anglais et des Iroquois, Vaudreuil commande à Hertel de saccager les bourgades fortifiées qui défendent la frontière nord de la Nouvelle-Angleterre.

La première cible à neutraliser serait le village fortifié de Deerfield, dans le Massachusetts. Hertel se prépare à partir : il rassemble cinquante soldats français et deux cent cinquante Abénaquis qui formeront sa compagnie. Les Abénaquis sont des combattants redoutables tout comme leurs ennemis jurés, les Iroquois. À la mi-janvier, Hertel part avec sa compagnie, apportant une provision de raquettes pour chausser d'éventuels captifs. Il quitte les bords du Saint-Laurent et se dirige vers le sud. À Sorel, la troupe s'engage sur la rivière Richelieu, traverse les glaces du lac Champlain, pique vers l'est à hauteur de ce qui deviendra plus tard Burlington, passe les Montagnes Vertes par la rivière Winooski, rejoint et descend la rivière White jusqu'à la rivière Connecticut (aujourd'hui White River Junction) et arrive, fin février, aux abords de Deerfield.

29 février 1704, raid contre Deerfield

Le raid contre Deerfield est un évènement de la deuxième guerre intercoloniale en 1704, dans le cadre de la guerre de Succession d'Espagne.

En 1702, la reine Anne d'Angleterre déclare la guerre au roi Louis XIV. Aussitôt, l'ordre de bataille est donné et des dépêches annonçant le début des hostilités sont expédiées aux gouverneurs de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Angleterre. Six semaines plus tard arrive à Québec le bateau portant la nouvelle de l'état de guerre. Le gouverneur Vaudreuil fait venir au Château Saint-Louis le seigneur de Rouville, Jean-Baptiste Hertel, et lui confie une mission périlleuse. Craignant une attaque des Anglais et des Iroquois, Vaudreuil commande à Hertel de saccager les bourgades fortifiées qui défendent la frontière nord de la Nouvelle-Angleterre.

La première cible à neutraliser serait le village fortifié de Deerfield, dans le Massachusetts. Hertel se prépare à partir : il rassemble cinquante soldats français et deux cent cinquante Abénaquis qui formeront sa compagnie. Les Abénaquis sont des combattants redoutables tout comme leurs ennemis jurés, les Iroquois. À la mi-janvier, Hertel part avec sa compagnie, apportant une provision de raquettes pour chausser d'éventuels captifs. Il quitte les bords du Saint-Laurent et se dirige vers le sud. À Sorel, la troupe s'engage sur la rivière Richelieu, traverse les glaces du lac Champlain, pique vers l'est à hauteur de ce qui deviendra plus tard Burlington, passe les Montagnes Vertes par la rivière Winooski, rejoint et descend la rivière White jusqu'à la rivière Connecticut (aujourd'hui White River Junction) et arrive, fin février, aux abords de Deerfield.

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Dans la froide grisaille des petites heures du matin du 29 février 1704 (fusils, tomahawks, brandons enflammés à la main et poussant des cris de guerre) les Français et leurs allies franchissent la palissade et envahissent le village endormi. Les habitants de Deerfield empoignent tardivement leurs armes, quarante-neuf sont tués sur le champ. Les maisons du cœur du village sont mises à feu. Pris de panique, cent dix hommes, femmes et enfants apeurés, terrifiés sont entassés dans la meeting house. Vivement, Hertel sort les captifs hors du village et les amène jusqu'à son campement de la veille. À peine quelques heures de repos et Français, autochtones et captifs chaussent les raquettes et repartent, par petites bandes, en direction du Canada. Une femme enceinte, incapable de suivre, est tuée d'un coup de tomahawk. En revanche, les Abénaquis prennent soin des enfants ; ils les traînent en toboggans improvisés, partagent avec eux leurs maigres rations et leur réservent les meilleurs morceaux de gibier pris à la chasse.

De retour au Canada, près de Chambly, soldats français et guerriers abénaquis se séparent. Les Blancs se hâtent de rejoindre leur famille et les Abénaquis se dirigent vers leur territoire. Tous les captifs ne connaissent pas le même sort. Plusieurs filles et garçons adoptés par des familles autochtones apprennent la langue abénaquise et s'assimilent rapidement à la vie tribale. Certains enfants et adultes seront « vendus » à des familles coloniales et deviennent francophones et catholiques. D'autres refusent d'abjurer la foi puritaine et sont éventuellement rançonnés, soit par leurs parents ou par le gouvernement colonial à Boston et retournent vivre en Nouvelle-Angleterre. Un grand nombre d'otages d'origine anglo-américaine se sont ainsi établis au Canada pendant la deuxième Guerre intercoloniale qui prit fin avec le traité d'Utrecht en 1713.

Dans la froide grisaille des petites heures du matin du 29 février 1704 (fusils, tomahawks, brandons enflammés à la main et poussant des cris de guerre) les Français et leurs allies franchissent la palissade et envahissent le village endormi. Les habitants de Deerfield empoignent tardivement leurs armes, quarante-neuf sont tués sur le champ. Les maisons du cœur du village sont mises à feu. Pris de panique, cent dix hommes, femmes et enfants apeurés, terrifiés sont entassés dans la meeting house. Vivement, Hertel sort les captifs hors du village et les amène jusqu'à son campement de la veille. À peine quelques heures de repos et Français, autochtones et captifs chaussent les raquettes et repartent, par petites bandes, en direction du Canada. Une femme enceinte, incapable de suivre, est tuée d'un coup de tomahawk. En revanche, les Abénaquis prennent soin des enfants ; ils les traînent en toboggans improvisés, partagent avec eux leurs maigres rations et leur réservent les meilleurs morceaux de gibier pris à la chasse.

De retour au Canada, près de Chambly, soldats français et guerriers abénaquis se séparent. Les Blancs se hâtent de rejoindre leur famille et les Abénaquis se dirigent vers leur territoire. Tous les captifs ne connaissent pas le même sort. Plusieurs filles et garçons adoptés par des familles autochtones apprennent la langue abénaquise et s'assimilent rapidement à la vie tribale. Certains enfants et adultes seront « vendus » à des familles coloniales et deviennent francophones et catholiques. D'autres refusent d'abjurer la foi puritaine et sont éventuellement rançonnés, soit par leurs parents ou par le gouvernement colonial à Boston et retournent vivre en Nouvelle-Angleterre. Un grand nombre d'otages d'origine anglo-américaine se sont ainsi établis au Canada pendant la deuxième Guerre intercoloniale qui prit fin avec le traité d'Utrecht en 1713.

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Quant au premier seigneur de Rouville, Jean-Baptiste Hertel, il survécut pour diriger encore plusieurs expéditions punitives contre les établissements frontaliers de la Nouvelle-Angleterre. Militaire de carrière, infatigable, grand de taille et fort de tempérament, Hertel passa toute sa vie à se battre. Toutefois, il est mort dans son lit, au Cap-Breton, le 30 juin 1722, sans jamais avoir eu le temps d'habiter sa seigneurie de Rouville.

 

Sources :

Michael Johnson et Jonathan Smith, Indian Tribes of the New England Frontier, Oxford, Osprey Publishing, 2006

Richard Melvoin, New England Outpost : War and Society in Colonial Deerfield, New York, W.W. Norton, 1989

Marcel Fournier, De la Nouvelle-Angleterre à la Nouvelle-France - L'histoire des captifs anglo-américains au Canada entre 1675 et 1760, Montréal, Québec, Société Généalogique Canadienne-Française, 1992

Quant au premier seigneur de Rouville, Jean-Baptiste Hertel, il survécut pour diriger encore plusieurs expéditions punitives contre les établissements frontaliers de la Nouvelle-Angleterre. Militaire de carrière, infatigable, grand de taille et fort de tempérament, Hertel passa toute sa vie à se battre. Toutefois, il est mort dans son lit, au Cap-Breton, le 30 juin 1722, sans jamais avoir eu le temps d'habiter sa seigneurie de Rouville.

 

Sources :

Michael Johnson et Jonathan Smith, Indian Tribes of the New England Frontier, Oxford, Osprey Publishing, 2006

Richard Melvoin, New England Outpost : War and Society in Colonial Deerfield, New York, W.W. Norton, 1989

Marcel Fournier, De la Nouvelle-Angleterre à la Nouvelle-France - L'histoire des captifs anglo-américains au Canada entre 1675 et 1760, Montréal, Québec, Société Généalogique Canadienne-Française, 1992

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