Jean-René Laget : « Les femmes qui avortent sont nazies »….

Jean-René Laget : « Les femmes qui avortent sont nazies »….

Jean-René Laget qui assimile l’avortement à un « génocide » et qualifie implicitement les femmes qui y ont recours de « nazies » – constitue une agression verbale d’une violence inacceptable. Derrière une pseudo-provocation idéologique se déploie une rhétorique brutale qui nie la réalité vécue par des millions de femmes, méprise leur liberté fondamentale et instrumentalise l’Histoire à des fins partisanes. Car comparer l’IVG à un génocide n’est pas seulement faux et indécent : c’est une banalisation du crime contre l’humanité, une insulte aux victimes du nazisme et une tentative grossière de culpabilisation des femmes.

Une violence symbolique qui refuse aux femmes toute autonomie

Ce tweet ne se contente pas de choquer : il refuse aux femmes la moindre liberté de conscience, les réduisant à des caricatures idéologiques. Il feint d’ignorer une évidence pourtant documentée par des décennies d’études et de témoignages : aucune femme ne recourt à l’IVG par plaisir. L’avortement est une décision grave, souvent douloureuse, prise dans des contextes complexes – économiques, familiaux, médicaux, psychologiques.

Prétendre le contraire, c’est nier la réalité, c’est accuser sans savoir, et c’est surtout imposer une morale autoritaire à des vies qui ne demandent ni jugement ni stigmatisation.

Le combat de Simone Veil piétiné

Il est impossible de lire ces propos sans penser au combat historique mené par Simone Veil, rescapée des camps, qui porta avec courage et dignité la loi dépénalisant l’IVG en 1975. Elle le fit au nom de la santé, de la liberté et de la dignité des femmes, face à une violence verbale déjà féroce à l’époque.

Assimiler aujourd’hui l’IVG au nazisme, c’est trahir l’héritage de Simone Veil, détourner l’Histoire et renverser cyniquement les rôles : ceux qui défendent un droit fondamental deviennent les bourreaux, et ceux qui culpabilisent deviennent les prétendus gardiens de la morale.

Une plume au service d’un candidat « girouette »

Ce tweet n’est pas isolé : il s’inscrit dans une stratégie politique de radicalisation assumée. Jean-René Laget, plume et allié de Jean-Paul Camerano, candidat dont le parcours politique interroge par sa volatilité idéologique. Après avoir successivement fréquenté Les Républicains, La République en Marche, Horizons, puis un micro-parti régionaliste, le voilà désormais rallié à l’extrême droite.

Cette dérive n’est pas anecdotique : elle explique la brutalité des mots, la recherche du choc, l’abandon de toute nuance au profit de la provocation la plus vile.

Une incohérence morale flagrante

L’incohérence devient même criante lorsque l’on rappelle que l’épouse de Jean-Paul Camerano est franc-maçonne, tradition humaniste historiquement attachée à l’émancipation, à la liberté de conscience et à la défense des droits des femmes. Comment concilier cet héritage avec des propos qui stigmatisent, culpabilisent et humilient les femmes ?

Le silence face à cette violence verbale interroge. Peut-on défendre l’égalité et tolérer qu’on traite les femmes de “nazies” pour un choix intime et souvent contraint ?

Et si la responsabilité masculine était enfin posée ?

Il faut aussi avoir le courage de le dire : si les hommes étaient moins égoïstes, plus responsables et plus présents, nombre de situations menant à une IVG seraient évitées. L’avortement n’est pas un acte isolé ; il est souvent le résultat d’un déséquilibre, d’un abandon, d’un manque de soutien.

Accuser les femmes, toujours les femmes, sans jamais interroger la responsabilité masculine, relève d’une lâcheté intellectuelle autant que d’un sexisme ordinaire.

Refuser la haine, défendre la dignité

Ce tweet est abject, non parce qu’il exprime une opinion – la liberté d’expression n’autorise ni l’insulte ni l’amalgame criminel – mais parce qu’il déshumanise. Il appelle une réaction ferme, collective, et sans ambiguïté.

La démocratie n’a rien à gagner à ces outrances. La dignité des femmes, elle, a tout à perdre si l’on laisse prospérer de tels discours.
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