Par Cécile Martet pour Kazoart.com
Chef-d’œuvre incontestable du XIXème siècle, le Radeau de la méduse peint par Géricault est un véritable manifeste du Romantisme. Cette immense toile (5m sur 7) réalisée entre 1818 et 1819 retrace un fait divers qui a marqué la France : l’histoire du naufrage d’une frégate au large de la Mauritanie.
L’histoire a défrayé la chronique à l’époque. 1816, la frégate française La Méduse s’échoue au large des côtes mauritaniennes avec à son bord près de 400 hommes, alors qu’elle s’apprêtait à coloniser le Sénégal. A son commandement, Hugues Duroy de Chaumareys, un officier d’Ancien Régime qui n’a pas su empêcher l’échouage de la frégate sur un banc de sable. Et pour cause ! Il n’avait pas navigué depuis plus de 20 ans… Théodore Géricault s’est rapidement saisi du sujet et a longuement étudié ce fait divers avant d’en dépeindre ce qui allait être le plus grand chef-d’œuvre de sa vie.
Géricault immortalise un moment bouleversant d’horreur sur fond d’espoir. Pour rejoindre la terre ferme, les naufragés n’ont d’autre choix que de bâtir un radeau. Pendant treize jours, tous vont subir un véritable calvaire, ravagés par la soif et la faim, certains finissent même par s’entretuer. Ils ne sont pas plus de dix à survivre.
Le Radeau de la Méduse est devenu une légende. Par bien des aspects, le peintre de 28 ans démontre tout son génie par son travail d’une grande finesse. Tout a été pensé et calculé. Ce que l’on remarque en premier lieu, outre la force saisissante des clairs-obscurs, c’est cette composition pyramidale qui nous élève vers un ciel à peine plus lumineux mais extrêmement lourd.
Toutes les ombres qui parsèment les corps et les cadavres donnent une profondeur inégalable à la toile. Après avoir passé des nuits sombres dans le froid, impactés par des vagues et des vents glacials, l’objectif est simple : alléger le radeau pour survivre. Les plus faibles sont alors jetés à la mer, abandonnés, jusqu’à ce que s’ensuivent des scènes de cannibalisme. En quelques jours, les 150 personnes présentes sur le radeau ont sombré dans la folie, beaucoup ont péri, rejetées dans la mer ou mortes de faim et de froid.
Cette scène d’une ignominie absolue démontre qu’il demeure un espoir, aussi infime soit-il, de retrouver la terre ferme. Même s’ils ne sont que dix à y parvenir, la silhouette du navire apparaissant dans une clarté céleste rappelle que le cauchemar est sur le point de prendre fin…
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